Vous souvenez-vous du 16 pour sortir ?

Amis fossiles de la génération X, vous souvenez-vous de ce temps pas si lointain où le politiquement correct n’était pas encore enraciné et où, logiquement, nous avions posé un code pour entrer et sortir de Paris ?

Aux natifs post-85, et ils sont (malheureusement et mystérieusement) de plus en plus nombreux, lisez bien ce flash-back pour comprendre d’où viennent vos aînés. Si les baby-boomers ont eu le 22 à Asnières, nous avons eu le « 16 pour sortir ». « Quoi çaaaaa ? », comme dirait mon fils…

Retour au siècle dernier. Visualisons en noir et blanc pour l’ambiance (ou en jaune « Traffic » selon vos préférences). Eté 87, vous avez été collé chez votre grand-mère parce que vos parents ne peuvent pas vous garder pendant deux mois de vacances. Aujourd’hui, vous comprenez mieux cette impossibilité qu’avaient vos darons de vous garder pendant toutes les « grandes vacances » puisque que les parents c’est maintenant vous et que vous n’avez effectivement ni l’envie ni le pouvoir de jouer aux Lego à la maison pendant 70 jours, et que c’est quand même un kiff de pouvoir se débarrasser des gosses en plein mois de juillet pour aller s’envoyer des binouzes en terrasses. Mais c’est une autre histoire. Retour chez mamie. Vous regardez donc la retransmission en direct du Tour de France sur Antenne 2 avec votre pépé dans une chaleur estivale normale parce que à l’époque y’avait des saisons ma petite dame. Simultanément, vous tripotez avec ennui un rubik’s cube aux étiquettes décollées ou tentez de faire des arrondis sur votre ardoise magique pour occuper vos doigts parce que vous n’avez pas de smartphone. Plus tard, quand pépé sera allé faire les commissions au Felix Potin pour rapporter du Banga, vous en profiterez pour zapper à la main sur les boutons protégés par un petit clapet en plastique du gros poste de télé un peu poussiéreux, et vous actionnerez sagement trois fois le « plus » pour atteindre la 5 et mater en loozedé Marie Takigawa et Jeanne Azouki jouer au volley. Vers 19h, votre grand-mère viendra vous chercher pour que vous appeliez maman. Vous vous assiérez sur la chaise spécial téléphone, devant un guéridon porte-téléphone éventuellement recouvert d’une petite broderie spéciale « je protège la table spéciale téléphone du téléphone au cas où il serait sale» puis, donc, vous vous saisirez dudit téléphone, lors que votre grand-mère collera le petit écouteur (très pratique !) placé derrière à son oreille après en avoir déclispé les boucles. Et c’est là qu’intervient notre propos. Votre maman (habite et) travaille à Paris, mais (les pauvres !) pas vos grands-parents. Votre grand-mère vous dira alors cette phrase fort énigmatique pour les générations actuelles : « N’oublie pas de faire le 16 / 1 ».

Explication : Le 25 octobre 1985, il a été très judicieusement décidé que la France serait téléphoniquement divisée en deux zones : Paris et le reste du monde. Euh… non, le reste du pays. En effet, entrer et sortir du cortex ne se faisait pas si facilement ! Non madame, on n’entrait pas à la capitale comme dans un moulin ! Quand on appelait de la province, on faisait le 16, déjà, parce que c’était un appel « interzone », puis le « 1 » parce qu’on entrait DANS PARIS. Après, vous étiez pas sûrs sûrs de rentrer non plus. Non, ça c’est pas vrai. Imaginez : « Oh, le provincial, là ! Ouais, toi là-bas le bouseux ! T’as fait ton 1 ? Non ? Bha tu sors ! Non mais, il se croit où, lui ? »

Qu’il est étonnant de se remémorer avec quel naturel nous avions alors accepté la mise en place de cette frontière virtuelle d’un snobisme effarant. On oublie ces choses-là et pourtant Paris a donc eu son mur « 1 », ses barbelés numériques, son cordon de sécurité… Bref, son videur, son Bak, quoi. Le 16 est tombé le 18 octobre 1996, ramenant l’Ile de France à sa triste condition de quidam parmi les départements français. Paris a ouvert ses frontières et plus personne ne se souvient du 16 Bziiiiiiiiiiiiiiiiiiii 1 tuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu 368 27 24. « Allô maman ? J’m’ennuiiiiiiie ! »

Un lundi soir sur Twitter… – #PDC vs. #TopChef

Il est 21h en ce lundi 27 février 2012 et je m’apprête à regarder le 5e épisode de Top Chef sur M6. Confortablement installée sur mon canapé râpé, j’ai à ma gauche un plateau repas (impossible de regarder Top Chef sans manger), face à moi la télévision et, fièrement posé sur son séant, mon fidèle iPad branché sur Twitter. Ma Time Line (TL) se prépare pour le marathon télévisuel qui verra s’affronter ce soir les partisans de « Parole de candidats » (#PDC), la nouvelle émission de Laurence Ferrari qui avait enregistré des audiences catastrophiques pour son premier numéro la semaine dernière, et #TopChef, l’émission culinaire préférée des Français (et la mienne) sur M6. Tels des musiciens accordant leurs instruments, les twittos de ma TL lancent quelques gazouillis désorganisés par-ci par-là.

#PDC a commencé en premier. Hollande, costume gris, cravate bleue, est filmé de haut, on voit trop sa calvitie. Ferrari, elle, arbore une étrange veste-boléro en simili cuir qui lui rajoute dix ans (cf. le concept « à la Chazal » : j’ai plus de 40 ans donc je fous du cuir pour paraître jeune mais du coup j’en fais 50).  Tiens, sur Twitter Hollande poste en même temps qu’il parle à la télé. Doué.

Direction M6. Générique. Allez Ruben, allez Jean Imbert, allez les chevelus ! Entrée en scène de Cyril Lignac, tout nouvellement étoilé. Sur ma TL tout le monde s’en fout. En même temps, ses copines @cecile2menibus et @DamidotValerie ne sont pas là. Et pourtant, il doit être tellement content, maintenant on ne le présentera plus comme un « jeune chef sympathique et dynamique » dans les émissions de la chaîne. Limite, je lui conseillerais de demander une augmentation.

Pour le moment, tout le monde est sur la Une. @florencedesruol dézingue méthodiquement et sans relâche Hollande comme à son habitude. @AlexisTopChef, l’ancien candidat embauché pour live-twitter (trop) officiellement, trouve que Noémie devrait arrêter les roulés. Il a pas tort, c’est vrai qu’elle roule tous ses plats, Noémie. @sandrinecamus le retwitte. @Tof_Beaugrand (Christophe Beaugrand, le chroniqueur people de « 50 min Inside ») est sur #PDC, bizarre pas son style. Je lui demande s’il est obligé par sa chaîne ou si c’est vraiment par goût qu’il mate Ferrari plutôt que Ruben. Il ne me répond pas. @jmaphatie se fait retweeter par @nadine_morano. Pas sûre qu’il kiffe. D’ailleurs Morano, d’un coup, retweete tout le monde. @CartmanOfficiel n’est pas là. Dommage, c’est le meilleur live-twittos télévisuel de ma TL. @Insiiide s’époumone contre Carl, dont elle exige le départ immédiat de la compétition.

Panique, sur M6, il y a fight entre Jean Imbert et Ruben, mes deux candidats. Jean Imbert est hyper autoritaire et engueule tout le monde. Ruben sue sang et eau et BAM, j’en étais sûre, il se coupe le doigt !!! Ca saigne, vite la prod, un pansement pour faire un bonhomme sur le doigt de l’enfant ! Ils finissent par réussir à « envoyer ». Séquence (dé)goût de Vilaine Arabian, qui a pris la mauvaise habitude de mimer des hauts le cœur quand elle teste les plats des candidats. Charmant. @Baptiste_L l’épingle d’un tweet assassin. Tiens, Denny a une doudoune Moncler. Mon concubin dit que c’est parce qu’il est Italien. Marrant, dans mon souvenir les Italiens sont plus Superga-sac à dos arc-en-ciel mais mes souvenirs italiens sont lointains.

Sur Twitter, @terminalose essaye de pousser @Tof_Beaugrand à dire du mal de Claire Chazal, sa keullègue. Tiens, il lui répond à lui : « Claire est sublime ». Ok, j’ai ma réponse, il a un contrat twitter avec son employeur. Nikos part se coucher (tôt) et nous dit au revoir en français et en grec alors que Karine Ferri, sa compagne de NRJ, se dit « si fière de lui » pour ses audiences de The Voice. Quant à @vincentglad, il continue sa cour assidue au compte de @nicolassarkozy, qui finira bien par le follower quand il le verra en couv des Inrocks ou dans le Voici de sa femme. @krstv, qui semble connaître @vincentglad, kiffe Melki dans Kaboul Kitchen. Cool, moi aussi j’aime Melki. Je regarderai peut-être en replay du coup.

Mon triple zapping TF1, M6, Twitter se fait frénétique à mesure que les heures avancent. Sur #TopChef, les candidats « revisitent » (qu’on arrête de revisiter pitié !) lapins, maqueraux et autres salades de crudités pour nourrir une bande de motards appelés les Morfals pendant que les déçus de la Une débarquent au compte-goutte sur le hashtag #TopChef. Norbert, surfélicité par les chefs, est au sommet de son art oratoire, se proclamant « le morbaque de Top Chef, celui qui se colle à la culotte et qui part plus »… No Comment. Finalement, Ruben est éliminé, au terme de ce marathon culinaire où il a semblé peiner malgré son « immense talent », comme le lui soulignent les autres candidats. Mon cœur saigne, et l’enfant pleure. Du coup, je pleure. Je me sens toute confite, gavée de télé et de chocolat, incrustée dans mon canapé rapé. Ma TL est allée se coucher, n’étaient quelques irréductibles partis commenter #motscroisés, et les américains qui gazouillent des trucs auxquels je comprends rien. Faut que je pense à les défollower. Demain matin, je me connecterai au réveil en compagnie de @guybirenbaum, qui postera une photo de son pare-brise pour nous donner la température à 6h du mat, ou qui nous parlera peut-être encore avec obsession de cette sombre histoire de compte piraté dont il fait manifestement l’objet en ce moment. Les oiseaux suivants se réveilleront les uns après les autres : @fleurdebitume, @Cath_woman, @mouloudachour… et une nouvelle journée de debrief ininterrompu pourra commencer. Twitter ne dort jamais, ma TL non plus.

Debrief des César : Kassovitz n’a enculé personne mais Mathilde Seigner a soûlé tout le monde

Hier soir, la grande famille du cinema s’était réunie pour fêter la très belle année 2011 du cinema français. Mais comme dans toutes les familles, tout ne s’est pas passé sans encombre.
Gilles Lelouche, le cadet adoré, est venu sans Mélanie Doutey, sa femme et, meme s’il a ri de sa réputation d’infidèle et de seducteur, nous n’avons pu nous empêcher de trouver cette absence étrange. Quoi, ils n’ont pas trouvé de baby-sitter ? Dans la famille, on s’interroge…
Il y avait aussi le cousin terrible, Matthieu Kassovitz, qui avait récemment promis d' »enculer le cinema français avec ses films de merde« , et a débarqué sans prévenir. On a tremblé… Allait-il mettre sa menace à exécution ? Que de la gueule. Le Zincou a remis son prix avec discipline, et la famille l’a applaudi avec indulgence, probablement soulagée pour ses fesses. Quant au cousin, il espère certainement avoir sauvé l’enveloppe que pépé lui donne a Noel.
Heureusement que la Tata bourrée est venue mettre l’ambiance. Mathilde Seigner, relou comme a son habitude, a gâché le Cesar de Michel Blanc en réclamant que Joey Star monte sur scène car elle « aurait vachement aimé qu’il l’ait ». Ridicule, elle a mis toute la millefa mal a l’aise. En plus, on note que Tata a bien changé parce qu’on n’oublie pas que lorsqu’elle était amoureuse d’un imitateur célèbre et reac, elle disait le plus grand mal du rap et de la banlieue. Mais elle est comme ça, Tata, elle retourne tout le temps sa veste.
Sinon en vrac, Julie Ferrier la cousine de province a monopolisé toute la conversation avec un sketch loooooong qui failli en faire zapper certains, de Caunes le fils préféré nous a sorti ses vieilles blagues et quelques inédites pas mal, Valerie Bonneton et Kate Winslet ont rivalisé de décolletés, la clan Polisse a fait conversation a part toute la soirée et Omar le petit voisin qui squatte le dimanche a la maison depuis plusieurs années a fini par rafler tous les suffrages. Pépé le kiffe bien.

Comme dans toutes les familles, on se reverra l’année prochaine, a moins qu’il n’y ait un mariage ou un enterrement entre-temps.

Génération X vs. Génération Y

La semaine dernière, Les Inrocks titraient « La Génération Y prend le pouvoir« . Horreur, qu’est-ce que c’est que c’est histoire ? Coincée entre les baby-boomers accrochés à leurs postes et leurs privilèges acquis et cette fameuse génération Y, se pourrait-il que la génération X, dont je fais partie, soit poussée vers la sortie la quarantaine non atteinte ? Réfléchissons…

Déjà, qu’est-ce que c’est que ce nouveau concept de « génération Y » ? Les Inrocks nous apprennent que ses membres sont « nés après 1980 » et, que, nourris à l’Internet dès leur plus jeune âge, ces fourbes auraient réussi à s’introduire sans crier gare dans le monde professionnel « grâce à leur maîtrise de l’informatique et leur capacité à écrire, tweeter, filmer, liver, éditer, tout en même temps ». Maintenant que vous le dites, n’avons-nous pas tous remarqué, effectivement, ce jeune aux dents longues d’à peine 25 ans devenu l’éminence grise de notre patron ? Ce « fondu du web » recommandé par un copain du boss qui, passées les premières semaines à vous faire de la lèche, s’est rapidement rendu indispensable et vous fait passer pour une ringarde en bout de course ? Les blogs et livres consacrés à la génération Y répètent que ces 15-30 ans subissent la crise de plein fouet et peinent à trouver un emploi, cantonnés qu’ils sont à des postes de stagiaire des mois durant. Je ne suis pas d’accord ! « De mon temps » (eurk), on devait également passer par un voire deux ans de stage sous-payé avant de prétendre à un CDD, et on ne se plaignait pas plus que ça ! En plus, quand on s’ennuyait à pleurer seul dans un bureau, on n’avait d’autre choix que de faire des solitaires ou des Dame de pique sur son PC. Aujourd’hui, les stagiaires peuvent carrément se faire la nouvelle saison de Dexter en streaming. Mais c’est un autre débat.

La génération Y serait-elle en train de décimer subtilement ses aînés de la génération X sans que la bataille n’ait même eu lieu ?

Les piliers de la campagne présidentielle ? Des community managers d’à peine 25 ans chargés de gérer la communication des politiques sur Facebook et Twitter, là où se gagneront certainement les quelques points qui départageront les candidats finalistes. La génération Y fait les tendances, alors que la X semble les suivre péniblement. Faut-il donc faire comme Nikos et rester connecté avec une horde d’adolescents prépubères pour « rester dans le coup » au détriment de sa vie personnelle (Nikos, 40 ans, toujours pas en couple) ? Est-on fini professionnellement à 40 ans ? Jamel sera-t-il poussé vers la sortie par Kev Adams ? Anna Wintour par les blogueuses mode ? Nous « digital mums » de la génération X (quitte à reprendre des termes marketing, allons-y), par des nymphettes au look de Camelia Jordana flanquées de leur MacBook 24/24h ?

Rebellons-nous ! Ok, nous avons connu le téléphone à fil zigouigouité qu’on devait partager avec nos parents, le Minitel (rose), Antenne 2, les stylos plume Shaeffer, les rétroprojecteurs, la télé en noir et blanc, l’avènement de Zara et de la carte bancaire, le Modem qui fait « Zzzzziiiiiiiiiiii Buuuuuuuuuuuuuuuuup », AOL et Club Internet. Mais est-ce que cela fait de nous des has-been ?

Alors les jeunes (houlala c’est vieux de dire « les jeunes ! »), on range ses dents et on écoute les sages. Je déclare ouverte la rubrique « Génération X », dans laquelle seront répertoriés le quotidien d’une vieille jeune, et le vôtre si vous souhaitez collaborer à la lutte contre l’extinction de la génération X !

The Voice va-t-il ressusciter La Nouvelle Star ?

Hier soir, c’était un peu la pénurie real-télévisuelle sur les hertziennes.

Rabattage, donc, sur la TNT où il y a souvent à boire et à manger. Mais là, merci W9, on nous avait programmé « Le Meilleur de Nouvelle Star » épisode 2, commenté par un Dédé Manoukian tout nostalgique. Et bha franchement, j’avais oublié combien c’était bien La Nouvelle Star, et combien aucun programme depuis n’a réussi à restituer ce petit côté trendy, libre, frais et non sponsorisé (oui, je sais c’est sponsorisé mais c’était scred) qui faisait le sel de l’émission.

J’ai donc versé ma petite larme comme à l’époque devant les prestations d’Amandine Bourgeois, la Janis Joplin qui n’a jamais réussi à percer, Benjamin Siksou, son dauphin, beau gosse multi-talents (très bon chanteur, musicien, danseur et comédien) injustement évincé et qui depuis traine ses guêtres dans d’obsurs films français vus seulement par moi et quelques-uns le dimanche matin par hasard sur Canal +.  Le clou, c’était bien sûr les reportages sur Julien Doré et Christophe Willem, les mascottes. N’empêche quelle belle époque (oui, je suis vieille), Willem et sa reprises de « Sunny » ou Doré et son « Lolita ».  On a pu revoir aussi les demi-finalistes qui ont réussi, j’ai nommé la très talentueuse Camelia Jordana (supplantée par… Soan le dégueu soulignons-le !!!) et Amel Bent qu’on ne présente plus.

Quant aux jurés, de Manoukian à Marianne James et ses larmes de crocodile, Lio à poil et ses airs de tragédienne, Sinclair et son regard plein d’ennui et Dove Attia le polytechnicien arrivé là on sait pas comment, ils me manquent tous (ah oui et Marco Prince mais franchement qui s’en souvient ?).

Samedi soir, TF1 et Shine (les producteurs de Masterchef) lanceront en grande pompe The Voice, nouveau programme musical inédit en France. on se la retente, donc, après plusieurs années de coupure du son. Faut dire qu’on n’en pouvait plus d’entendre des ménagères chantonner Tété, Adèle ou Mariah Carey l’air habité. The Voice offrira la particularité de faire sélectionner ses candidats à l’aveugle par les 4 jurés. L’objectif ? Prouver que la prod ne choisira pas le gagnant sur sa gueule, son look et son potentiel marketing. Voeux pieu puisque dès les primes suivants, le jury recouvrera la vue et pourra gicler les Susan Boyle désagréables à l’oeil du téléspectateur de TF1.

The Voice peut-il ressusciter La Nouvelle Star ? Peu de chance, déjà parce qu’il n’est pas sur le même créneau : le présentateur choisi est malheureusement Nikos. On l’aime bien, Nikos, mais on sait d’avance qu’il est là pour rameuter les milliers d’adolescentes qui polluent Twitter de posts mentionnant leur idole (reviens Virginie Effira ! Le ciné c’est pas pour toi !). Ensuite parce que le programme ne sera pas en direct, dommage… Enfin, parce qu’après s’être cassé les dents auprès de people un peu plus appétissants que les membres du jury final, la prod a dû se contenter de Jenifer (ça passe, mais avouons qu’elle n’a pas fait grand chose à part galocher un Corse depuis plusieurs années), Florent Pagny (bon client, souvent prompt à blagouiller et surtout sans langue de bois aucune. le direct aurait été cool pour ça), Garou (totalement inutile et assez effrayant avec sa grosse voix et sa grosse tête) et enfin Louis Bertignac, ex meilleur ami de Carla Bruni (je crois que ça colle pas trop avec son nouveau mec donc ils se sont éloignés…) à qui on a imposé la transformation capillaire la plus grotesque de ces dernières années (Lorie mise à part bien sûr).

Mais je suis open, et j’aime les programmes de Shine. Donc, j’attendrai sagement samedi soir et ne manquerai pas de faire mon mea culpa si ce nouveau prime formaté pour les fans nikosiennes parvient à me happer, moi vieille addict télévisuelle.

#TopChef3 4e épisode, le debrief : Jean Imbert et sa perruque, une salade de fruits et Juan (et Ferrari) éliminé

Qu’il est injuste de participer à Top Chef ! Car laissons le suspense tout de suite de côté (et pardon à ceux qui comptaient regarder l’épisode d’hier en replay. Mais à moins de ne connaître personne et de ne pas aller sur Internet, comment passer à côté du résultat de Top Chef le mardi ?), c’est bien Juan Arbelaez le pas trop mal colombien qui a « quitté l’aventure » hier soir pour la meilleure audience de l’émission depuis le début de la saison.

Et pourtant, TF1 avait sorti l’artillerie lourde puisqu’elle lançait en grande pompe sa nouvelle émission politique, « Parole de candidats« . Faut croire que la Ferrari porte la poisse parce qu’il est rarissime (voire miraculeux) que la Une se fasse devancer par la chaîne de Tavernost. Ok, « Parole de candidat » ne recevait pas Hollande ou Sarkozy, mais Eva Joly et François Bayrou mais quand même… 2,25 millions de téléspectateurs (versus 4,2 millions pour M6) en prime time, c’est du jamais vu. Sur twitter, c’était la guerre du live-tweet #pdc versus #TopChef. Et même si Christophe Beaugrand (@Tof_Beaugrand), plus habitué aux people et la real-tv avait manifestement été envoyé au front par son employeur (il chronique sur « 50 mn Inside », qui soit dit en passant a une faute d’orthographe dans son titre car on écrit « minute » abrégé ainsi : « min » et non « mn » mais bon, j’ai déjà prévenu Nikos, il s’en fout), une grande partie de la twittosphère était plus intéressée par la salade de fruits « diaboliquement bonne » de Jean Imbert que par la moumoute de François Bayrou.

En parlant de moumoute, les spéculations sur celle de Jean imbert vont bon train : alors, perruque ou pas perruque ? Je consacrerai prochainement un post entier à ce mystère car j’aimerais pouvoir mener une enquête journalistique digne de ce nom et ne pas m’appuyer sur la rumeur populaire (pour une fois). Dans l’épisode, on a eu les apparitions divines de deux beaux gosses (ne nous emballons pas et raisons gardons, mais vu le niveau saison 3, ça faisait déjà du bien ) : Cyril-jeune-chef-sympathique-et-dynamique-Lignac est venu taper le bout de gras une dizaine de minutes comme à son habitude, puis ce fut au tour de Christophe Michalak, le Brad Pitt de la pâtisserie, de passer faire un coucou aux candidats médusés, surtout Noémie la championne de France de desserts (Michalak est champion du monde de pâtisserie. les deux concours doivent être l’équivalents des Oscars versus un les Globes de Cristal), qui frôlait l’hystérie telle une fan de Justin Bieber. Las, Noémie s’est joliment rétamée et Moumoute Imbert s’est régalé d’un « c’est diablement bon ! » du maître parlant de sa salade de fruits en carpaccio.

En dernière chance, il restait finalement Norbert mister bruits de bouches (je ferai également une enquête sur ce point prochainement), Ruben mon idole (bien failli quitter Twitter en jurant que je m’autosuicidais du site s’il partait hier) et Juan, lequel a laissé un boulevard au jury pour garder ses têtes d’affiches et chouchous des ménagères en ne finissant pas son assiette.

A part ça les twittos réclament encore et toujours un réduction de temps de prime et de temps de parole pour Norbert (mais en fait ils kiffent).

Et je terminerai sur une phrase de notre auteur de l’année : « On a sorti le meilleur de nous même dans les oignons ». Norbert.

A la semaine prochaine !

Debrief resto : Azabu

La semaine dernière, avant que notre fils n’attrape une gastro carabinée qui nous a conduits à l’hôpital puis que l’électricité soit coupée dans notre appartement tout un week-end, bref, quand notre vie n’était pas encore devenue un enfer, nous sommes mon concubin et moi retournés chez Azabu, rue André Mazet dans le 6e.

Comme dans mon souvenir, les restaurant est resté très propre, zen, plutôt cosy pour un japo, et le personnel très aimable. Ce qu’il y a de cool chez Azabu, c’est qu’ils font des menus même le soir. Attention hein c’est du vrai japonais donc pas des menus brochettes / california maki à 12 € mais de vrais menus japonais où on termine par la miso, comme la tradition l’impose, au lieu de commencer avec.

On a donc commandé, concubin et moi, des menus à 50 € entrée + plat + dessert, pour lesquels on peut choisir parmi les plats de la carte (mais avec plein de petits trucs en plus – ah oui et on a pris une carafe de saké chaud aussi mmmh), et c’était vraiment très très bon, à commencer par :

une petite crème d’oeuf dans laquelle était cachée une crevette en « cadeau »

Puis une petite purée de radis agrémentée en 2e « cadeau »

Une aubergine rôtie et caramélisée pour moi

un bento avec supplément de 10 € pour concubin mais honnêtement, c’est pas magnifique ?

un boeuf de kobé pour moi et du veau pour concubin

une glace au thé vert de malade pour moi qui pourtant n’aime pas les desserts.

A noter : au sous-sol, il y a une grande table d’hôte élégamment placée dans un jardin japonais (galets au sol, teck, eau qui coule), que vous pouvez réserver pour une tablée de potes et où vous êtes totalement tranquilles et seuls à l’étage, n’étaient les rares personnes qui descendent faire pipi (il y a peu de couverts chez Azabu).

Claustria : Plongée dans la cave de Joseph Fritzl

Souvenez-vous de l’affaire Fritzl. C’était en avril 2008, et nous découvrions avec effarement qu’un abominable vieux schnok à l’oeil vicieux et la moustache sale avait enfermé sa fille dans une cave pendant un quart de siècle, lui faisant 6 enfants, tout comme à sa femme « du dehors », laquelle n’avait rien vu rien entendu pendant ces 25 longues années. Passé le premier flot d’articles et quelques photos de Fritzl en vacances en Thaïlande, moule-bite rouge et coup de soleil de touriste allemand, pendant que sa famille « de la cave » croupissait sans nourriture en l’attendant, l’histoire avait rapidement été enterrée (sans mauvais jeu de mot) par les médias français.

Régis Jauffret s’est intéressé à l’affaire et en a fait un livre, « Claustria« , récemment sorti aux éditions du Seuil. En 542 pages, l’auteur narre dans le détail ces décennies de calvaire, qui furent aussi paradoxalement des décennies de vie quotidienne, et son lot de (petites) joies, d’enfants malades, de programmes télé et de dessins scotchés au-dessus de la baignoire.

Jauffret parvient à nous faire entrer dans la peau de son héroïne, et à imposer l’insupportable au lecteur ainsi que Fritzl le fit avec sa fille. La première partie du roman laisse encore un peu passer la lumière, puisque le narrateur entrecoupe son récit de scènes « actuelles » où on le suit menant son enquête dans une Autriche désolée, inculte et cosanguine (je comprends aisément le procès que lui font certains à ce sujet mais, n’ayant moi-même aucune passion pour ce pays, cela ne m’a aucunement choquée). En revanche, la seconde partie est dense, sombre, puisque le lecteur est plongé dans la cave, suintante, nauséabonde, où tentent de survivre ce peuple qu’Elisabeth essaye tant bien que mal de garder humain. Coupure de l’eau ou de l’électricité pour des durées indéterminées, apport de nourriture au compte-goutte et sans aucune logique, relations sexuelles imposées à toute la « famille » (sauf le petit dernier, miraculeusement épargné), Jauffret ne nous épargne rien du calvaire de ce qui se passait derrière la porte.

Pourquoi lire ce livre de l’horreur ? N’y a-t-il  pas du voyeurisme rien que dans le fait de s’intéresser à une telle affaire ? Eternel débat du fait-divers, de son succès, de la fascination qu’il exerce. Car il s’agit bien là de fascination dans ce double sens d’attraction et de répulsion. Les médias ont pourtant encensé « Claustria », allant jusqu’à en faire le roman de l’année. Je n’irais pas jusque là mais une chose est sûre, lorsque vous l’aurez terminé, vous y repenserez longtemps, et le talent de Jauffret est tel que vous aurez l’impression d’avoir gardé sur vos vêtements l’odeur de la cave.

Ecoutez également l’excellent podcast de « Comme on nous parle », l’émission de France Inter qui a longuement reçu Régis Jauffret pour son livre.

#TopChef3, 3e épisode : Ruben Sarfati peut-il gagner ?

Je suis Ruben depuis « Un dîner presque parfait« , qu’il a gagné du haut de ses 17 ans à l’époque.

Ruben est un surdoué, un vrai. D’ailleurs, si on regarde attentivement sa vidéo de présentation, on voit que lorsqu’il se rend à son lycée, il monte une rue qui ressemble fort à la rue Saint-Jacques, ce qui viendrait à confirmer qu’il est scolarisé à Louis Le Grand (à moins qu’il n’ait déjà intégéré Normal Sup ?).

A ses heures perdues, donc, entre quelques devoirs pour sa prépa Maths Sup (on imagine), Ruben fait le bonheur de sa famille (pour laquelle, nous dit-on sur son profil officiel, « les études sont très importantes » – tu m’étonnes !) en la régalant de bons petits plats. Toujours sur ce profil officiel, on raconte l’anecdote selon laquelle la famille de Ruben l’aurait mis au défi de préparer un « lièvre  à la royale« , défi qu’il aurait relevé haut la main, recevant du même coup la Révélation de sa passion pour l’art culinaire. Comme tout surdoué qui se respecte, on imagine que Ruben a facilement englouti en un mois l’intégralité de la littérature gastronomique mondiale. On se souvient que lors du « Dîner presque parfait », il avait entre autre brillé par sa connaissance de la cuisine moléculaire et sa précision en cuisine. Depuis, il a fait un stage chez Georges Blanc.

Ruben a également ouvert un blog de cuisine : Ruben Cuisine, et il a un compte Twitter. Je suis devenue aujourd’hui sa 400e followeuse. Classe.

Pour la petite histoire, Ruben réussit tout ce qu’il entreprend car il a également été lauréat du concours de la nouvelle du lycée Louis Le Grand avec « Voyage au centre de ma tête« .

Alors, parce qu’il est le plus jeune, le seul amateur et n’a vraiment, comme il le dit lui-même, « rien à perdre », on est à fond derrière Ruben ! Peut-il gagner ? Cela semble néanmoins difficile à envisager tant les autres candidats maîtrisent leur sujet, à commencer par Tabata, sa grande copine et disciple adoubée par Paul Bocuse.

En revanche, il y a fort à parier que le jeune homme doive rapidement faire un choix entre la brillante carrière « traditionnelle » qui s’offre à lui et les fourneaux. Jean-François Piège semble sous le charme, qui ne cesse de s’extasier : « C’est vraiment lui le plus intelligent ! ». Ca, c’est sûr, et sa maman doit être vachement fière…

Allez, Ruben !

Lisez « La Liste des mes envies » de Grégoire Delacourt !

La Liste de mes envies

La Liste de mes envies et la mercerie dmc à Arras

Si vous n’en pouvez plus de lire éternellement le même roman écrit par les mêmes bobos parisiens trentenaires qui racontent leur même vie sexuelle aussi molassonne que les vieux sushis qu’ils s’enfilent quand leur PCR est retourné débriefer avec ses copines (beurk !), et que vous voulez découvrir un jeune auteur (plus si jeune dans la vraie vie) plein de talent, lisez « La Liste de mes envies » !

Quelle fraîcheur ! Déjà, l’intrigue se situe à Arras. Ne me demandez pas où c’est, je n’en sais rien et ne m’en porte pas plus mal mais l’image de cette bourgade de province, son clocher, ses terrasses, sa fermeture des magasins à l’heure du déjeuner et son rythme vagabond m’ont dès les premières pages fait l’effet d’une bonne thalasso en bord de mer. Le brouhaha de la ville s’est amenui, mes voisins très très proches de la ligne 13 ont disparu et tous les power points, smartphones, livraisons à domiciles, afterworks et autres atrocités inventées pour nous faire perdre la tête m’ont rapidement filé assez la nausée pour les laisser de côté le temps de la lecture de cette belle histoire pleine de poésie.

Cette belle histoire née de la très talentueuse plume de Grégoire Delacourt (l’auteur de « L’Ecrivain de la famille », chez Jean-Claude Lattès) est celle de Jocelyne Guerbette, mercière de son état, en amour depuis des années avec Jocelyn, son mari ,qui ressemble à un acteur italien (pour elle), et avec lequel elle a déjà traversé pas mal des hauts et bas qui font la vie des couples qui s’accrochent pour finir leurs vieux jours ensemble. Parce que oui, l’amour vrai, n’en déplaise à l’ami Beigbeder, ça n’est pas la passion des trois premières années, mais bien celui qui reste lorsque le désir s’est évanoui et que le simple fait de voir sa femme lever les yeux de son livre en vous souriant suffit à vous rendre heureux.

Mais voilà, poussée par des copines dévorées par ce rêve commun à bon nombre d’entre nous, gagner au Loto, Jocelyne va jouer elle aussi et se faire un petit Flash. Et elle va gagner ! Parce qu’elle a eu pas mal de coups durs, Jocelyne, mais souvent aussi, la bonne fortune (c’est le cas de le dire) est tombée sur elle. Pourtant, Jocelyne n’avait pas d’envie spéciale, n’étaient celles de faire plaisir à ses enfants et à son mari, qui rêve d’une Porshe Cayenne et d’une montre Patek. Et si cet argent venait boulverser ce petit bonheur quotidien auquel elle tient tant ? Et si, la sachant riche, Jocelyn l’aimait davantage, ou moins, bref différemment ?

Comme dirait Arnaud Lemaire dans « L’Amour est aveugle » : et vous, qu’auriez-vous fait à leur place ?

Lisez cette très belle surprise, vous ne le regretterez pas. Et si cela devait vous convaincre davantage (ce qui n’est pas bien, il faut avoir son avis personnel !), les droits de traduction ont été vendus dans 30 pays et un film devrait être tiré du livre. Aaah, moutons, va !

Et puis, après lecture, foncez sur le joli blog de Grégoire Delacourt.