
Ce sujet vous semble d’une futilité sans nom ? C’est le cas. Mais étant en vacances à l’autre bout du monde, je n’ai accès à aucune de mes émissions de télé-réalité préférées pour vous les débriefer, et les conversations entre trentenaires avancés vont bon train, notamment lorsqu’elles tournent autour de la nourriture, comme c’est souvent le cas lorsqu’on lève le pied côté boulot, et que les journées sont rythmées par la préparation des repas et les réclamations pâtissières des enfants. Alors, les madeleines de Proust resurgissent au soleil… Ou plutôt les chokinis, granolas et autres pailles d’or, qui ont donné lieu à un débat agité autour de leur légitimité, leur histoire, leur typologie sociale et leur statut actuel (has-been, en come-back, éligible à « Encore une chance » ou inscrit pour l’éternité au patrimoine du goûter). Voici donc notre Top 20 totalement subjectif des biscuits génération X. Si nous en avons oublié, ou si vous avez des réclamations quant à ce palmarès, n’hésitez pas à nous le faire savoir.
1/ Les Petits coeurs nature
Lovés dans leur petite boîte au packaging ocre, ces biscuits en forme de coeur agrémentés de sucre en leur centre se mangeaient en une bouchée. Un peu chers pour la quantité proposée, les Petits coeurs s’adressaient plutôt à une tranche aisée de la population et furent représentés dans des spots kitchs par Richard Anconina et Michel Boujenah, stars montantes de l’époque eux aussi. Plus tard, on a pu trouver des petits coeurs au chocolat, hérésie pour les puristes. Aujourd’hui, il est impossible de se procurer l’ex-idole du Felix Potin, et un groupe Facebook a même été créé, réclamant leur réintégration dans les rayons, en lieu et place des saugrenus « choco-crocks ».
2/ Les Choco BN
Biscuit le plus populaire des années 80, le Choco BN avait l’avantage d’être calant, bon marché et facile à transporter dans sa solide boîte format « balles de tennis » rembourrée de carton ondulé. Très prisé des colonies de vacances et autres centres aérés, le Choco BN a su également toucher les milieux bourgeois (c’est un peu le Johnny du biscuit, si l’on veut). Les excentriques se targuaient de le consommer en version fraise ou vanille, mais boulottaient le mythique choco sitôt la cour de récréé passée. Dans les années 90, les Choco BN ont vu leur vente baiser, la faute à Prince le copieur, venu grignoter des parts de marché. Aujourd’hui, le Choco BN s’est vu affubler d’un grotesque sourire, un peu comme si on avait mis des lunettes de soleil à la Statue de la Liberté, quoi. Pfft.
3/ Les Pepito
Le Pépito se consomme traditionnellement au chocolat noir (emballage blanc et rouge). Empaqueté dans un misérable papier plastifié, le pépito faisait alors figure de biscuit du pauvre, à l’instar du Choco BN. De façon de plus en plus insistante, on lui a associé le gringo mexicain à sombrero bariolé (« Hay, pepito ! ») et offert une boîte en carton ainsi qu’un double emballage intérieur (comme ce sera paradoxalement le cas pour de nombreux biscuits à l’heure du recyclage à gogo).
4/ Les Finger
Comme tout ce qui est anglais, le Finger est un peu snob. Contrairement aux Pepitos, ils se consomment au chocolat au lait. La boîte contenait 16 de ces biscuits (24 aujourd’hui), dont le fabricant recommandait d’en manger 4 pour une portion normale (!), dose impossible à respecter, rendant la consommation de ces biscuits extrêmement coûteuse. Malgré tout, l’apparition, plus tard, de Finger version plus longue, est considéré par beaucoup comme un crime de lèse-majesté.
5/ Les Granola
Considérés par beaucoup comme des sous-Pépito (voir le groupe Facebook « Les granolas défient les pépitos »), les Granola se sont fait, doucement mais sûrement, une place de choix dans le paysage biscuitier français. Mélange de farine complète de blé, de gluten et de soja, leur biscuit, plus difficile d’accès, a pu rendre sceptiques nombre de trentenaires devenus finalement grands fans aujourd’hui qu’ils acceptent de manger même des huitres et des rognons. De nos jours, il semble que le biscuit dont on promet de n’en manger qu’un ait mis au tapis son équivalent mexicain, en tous cas chez les plus de 30 ans. Le biscuit a même son blog.
6/ Les Mikado
Les Mikado sont considérés par beaucoup comme des biscuits de fillettes, pour qui en manger, c’est un peu comme fumer des Vogue. En gros, si on a faim, mieux vaut se rabattre sur autre chose. En revanche, ces ludiques pailles habilement trempées dans le chocolat noir (non, on ne le mange ni au chocolat au lait, ni, et encore moins, au lait noisette) pour qu’on puisse les boulotter sans se salir les doigts pouvaient aussi servir, soit-disant, à jouer au jeu éponyme. Au risque d’en vexer certains, on peut dire que le Mikado est plutôt estampillé biscuit de fille.
7/ Les Pailles d’or
Pour le coup, la Paille d’or a une place à part dans la grande famille du biscuit : assimilé fille, voire même fille du 16e, la Paille d’or fut un des premiers à être packagé dans 3 petits pochons transportable (dans un petit sac à main Barbie, par exemple). En plus d’être peu calant et de forme étrange, la Paille d’or est à la framboise. Biscuit chelou et snob, bien que très appréciable ponctuellement.
8/ Les Petits écoliers
Arrivés un peu plus tard que les autres, les Petits Ecoliers ont rapidement réussi à truster les Tann’s français. Consommés au chocolat au lait (eh oui, la biscuiterie, c’est comme la grammaire française, plein de chausse-trappes et totalement illogique), les Petits écoliers ne sont effectivement « vraiment que pour les enfants« , car peu d’entre nous s’en achètent encore aujourd’hui, meme pour un long trajet en voiture.
9/ Les Quattro
Les Quattro sont des biscuits pour ogres, skieurs ou boudeurs de cantine. Peu connus, ils sont cependant très apprécies des connaisseurs, friands de l’épaisse couche de ganache aux noisettes enfermée entre deux gaufrettes, rappelant le goût inimitable du mythique Nutella (qu’il est inacceptable, rappelons-le au passage, de remplacer par une autre marque type pastella ou chocotella !)
10/ Les Pim’s
Encore un biscuit étrange pour personnes tout aussi peu conventionnelles, le Pim’s s’achète à l’orange (le parfum fraise est un non-sens absolu). Son succès tient certainement à la superposition de textures différentes (comme on dit maintenant dans Top Chef) : le moelleux du biscuit éponge au sous-sol, la marmelade gélifiée au centre et la fine couche de chocolat craquant au sommet. Les amateurs de Pim’s sont peu nombreux mais se reconnaissent entre eux, et éprouvent rapidement un sentiment d’appartenance à un groupe commun.
11/ Les Délichoc
Prononcé « Delice choc » par les enfants de l’époque, ces biscuits ont connu une gloire fulgurante, notamment en version chocolat noir. Impression ou réalité, il semble que ce qui fit le bonheur des eightisiens (large plaquette de chocolat noir agrémentée d’épais cristaux de sucre croustillants, laquelle plaquette dépassait assez du biscuits sur toutes ses arêtes pour que l’on puisse grignotter tous les bords avant d’attaquer le biscuit… ou pas d’ailleurs, pour les plus riches, qui laissaient de côté le centre) ait été rogné avec les années. Selon certains, le nombre de cristaux a été peu à peu diminué, tout comme la taille de la tablette de choc, désormais grignotable uniquement sur deux côtés. A vérifier avec le fabricant…
12/ Les Zanimo
Protégés par une petite boite de la taille de celle des Petits coeur, les Zanimo provoquèrent la colère de nombre de maîtresses d’ecole et de mères (dont la mienne) pour l’orthographe de leur nom, réduidisant a néant les efforts d’apprentissage orthographique de notre langue. Petits biscuits tendres couverts de chocolat (au lait, pour le coup), les Zanimo, un chouia petits, ont été relayés par leur équivalent format XXL, les Dinosaurus.
13/ Les Hello de Lou
Le cookie fit son apparition relativement tard, en France, notamment dans les rayons des supermarchés. C’est pourquoi l’arrivée des « Hello » fit l’effet d’une bombe, comme la jolie suédoise qui squatta les spots et films de l’époque, qui laissa un souvenir impérissable aux papas qui se jetèrent sur la boite de cookies, émus par cet accent craquant lorsqu’elle disait « Hello de Lou ! » « non, de Lu » « de Lou… »
14/ Les Palmito
Peu excitants, les Palmito avaient et ont encore leur fan club, sorte de niche du biscuit, notamment parmi les amateurs de palmiers a la boulangerie (fait tout aussi rare lorsqu’on peut choisir parmi croissants, pains au chocolat, chouquettes ou chaussons aux pommes). Nous respectons néanmoins cette communauté, pour avoir des amis parmi eux.
15/ Les barquettes
Les barquettes ont traversé les ans, car elles demeurent parmi les biscuits les plus populaires aujourd’hui encore, certainement parce qu’elles sont au fruit et non au chocolat, considéré de nos jours comme l’ennemi numéro un des jeunes enfants. Devenues « barquettes trois chatons » (un peu ridicule et infantilisant, quand même), les barquettes avaient ce côté ludique dû à leur forme de bateau qu’on pouvait éventuellement faire flotter sur du lait. A consommer en version fraise ou éventuellement abricot.
16/ Les Chokini
Comme tout biscuit contenant de l’orange et du chocolat, le chokini ne s’adresse pas à tout le monde. Sorte de cookie chic en forme de langue de chat et parfumé à la fleur d’oranger, le Chokini fait partie d’une gamme old school achetée aujourd’hui encore par les trentenaires, assumant davantage s’exhiber une élégante boite de croissants de lune sur leur bureau plutôt qu’un mastoque sachet de madeleines.
17/ Les Bastogne
Il fallait en avoir pour consommer (et l’avouer) des bastognes. Marginal dans la grande famille du biscuit, le Bastogne est parfumé à la cannelle, ce qui peut le rendre inenvisageable pour la plupart d’entre nous. Le cauchemar ? Se retrouver en week-end dans une famille Bastogne (vécu)… Aujourd’hui, les trentenaires adooorent ce frère français du speculos, qu’ils écrasent allègrement pour en faire d’originaux tiramisus qu’ils présentent fièrement à leurs compagnons d’infortune (leurs invités à leurs dîners de trentenaires).
18/ Les Chamonix
Comme pour les Bastogne, il y avait eux qui adoraient les Chamonix, et les autres. De plus, la prononciation du biscuit entraînait l’éternel débat Chamoni/Chamonix (comme Avoria/Avoriaz). Les consommateurs de cet étrange met amer à l’orange avaient une image de vieux avant l’heure, limite veste de cuir vieillie col de fourrure, paradant en calèche dans la célèbre station de ski. A assumer, quoi.
19/ Les Figolu
C’étaient à peu près les mêmes familles qui consommaient des Chamonix et des Figolu. Car quoi de pire qu’un biscuit à l’orange ? Un biscuit à la figue, plutôt prisé des mamans certainement désireuses d’améliorer leur transit, et finit par des ados morts de faims raclant les fonds de placards.
20/ Les Schoks
Sorte de « faux Finger », le Schok, superposition de gaufrettes entourées de chocolat noir, avait davantage sa place dans les assortiments de biscuits peu populaires. Pourtant, certains les aimaient malgré tout, les achetant par boîtes entières, et repeignant du même coup les murs et canapés de la maison.
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