Avec Titi au Monoprix, non au quotidien quotidien !

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Tous les samedi, nous partons, Titi et moi-même, en expédition au Monoprix. Attifés comme c’est pas permis (lunettes triple foyer, pyjama + santiags pour moi, idem pour Titi, ravi de plus avoir à engoncer ses grenouillères dans des bottes en caoutchouc depuis qu’il a passé l’âge d’en porter, trainant bruyamment mais avec entrain le chariot de mémé que si on m’avait dit y’a 5 ans que j’oserais me trimballer avec ce truc dans la rue, je me serais immolée à la Pom’Pot direct).

9h02 : Entrée en fanfare dans le Monop’ qui vient d’ouvrir. Nous sommes des warriors des courses, un binôme qui force l’admiration et dont la complicité, visible, va nous permettre d’expédier cette épreuve en deux temps trois mouvements. On arrive tôt, parce que Titi ouvre commerce à 6h et qu’on a déjà une vie derrière nous. Et pourtant, une bonne grappe de personnes âgées faisait déjà la queue devant la porte close, nez à nez avec le vigile à travers la vitre pop-stickerisée, depuis une bonne demi-heure. On ne souligne d’ailleurs pas assez ce que Monop’ apporte au 3e âge.

(Passage discretos au « vous » pour une universalisation du papier et de l’expérience, et parce que je suis pas fana fana du « je » bloguesque…)

9h04 : Le caddie. Big deal. Les non-parents ne connaissent pas ça mais vous remarquerez que tous n’ont pas le petit siège enfant. Hum… Et qu’est-ce qu’il se passe quand vous n’avez qu’une pièce et que le caddie-siège est 3 caddies plus loin que le premier ? Les lecteurs scientifiques ont déjà résolu l’équation, alors que les autres tentent un schémas compliqué sur un post-it. Je vous arrête tout de suite, avec une seule pièce, c’est no way. Il faut donc vous rendre à l’accueil et faire face à une femme peu aimable qui vous jettera un jeton Monop’ sans un regard (« Quoi la dame l’est pas gentiiillle ? Quoi la jeté la pièèèèèce ?). Là, vous pourrez jouer à Fort Boyard en débinzant (de « binz » = truc = schtroumpf) un premier chariot, puis un second, que vous rattacherez au premier pour récupérer le premier jeton et ainsi de suiiiite Viiiite, la clepsydre ! SORS, SORS ! (Difficulté supplémentaire : « Nan c’est moi qui fais ! Nan c’est moi qui fais ! Nan BHOUUUUUuuuuuuuu »).

9h10 : Au rayon fruits et légumes. Carottes, brocolis, patates, pommes… Depuis que Titi est là, finies frites et pizzas, vous êtes sains ! Sauf qu’à force de vous venère devant la pesette à chercher 3 plombes la bonne étiquette avec la bonne photo de la bonne pomme (« Putain mais elle est rouge ou bordeaux cette p*** de pomme Canada ? Sten penses Titi ? Fait ch**** ! Vazy ça me soûûûûle ! ») avant de vous faire aider par une habituée de 87 ans qui appuiera direct sur le bon bouton, vous foutant définitivement la honte devant un Titi baba (« Poupoua la dame elle a crouvééé ? Poupoua maman l’a séneeeerve ? »), pas sûr que l’ulcère qui vous guette soit vraiment plus agréable au final que les bons vieux problèmes cardio-vasculaires dûs à la fréquentation assidue du clown Ronald. Du coup, raclure, vous prenez une carotte en scred’ que vous rajoutez dans le paquet déjà pesé et étiqueté, ou bien vous appuyez sur les tomates non-grappes premier prix alors que vous avez pris les plus chères, histoire de vous venger du temps perdu. Pathétique. (« Poupoua maman l’a volé la caroootte ? » – « Mais non, maman n’a pas volé de carotte mon chéri ! » – « Si » – « Non » – « Si » – « NON. Bon, tu veux tes gâteaux ou pas ? ». Affaire conclue. Pathétique again).

9h30 : Passage sans encombre aux rayons « adulte » (pas sex-shop mais trucs inintéressants pour Titi type lessive, café, beurre ou viande), si ce n’est une énième et longue tentative de comprendre le pourquoi des différences de prix entre les saumons norvégiens, irlandais et monopresque, 2 tranches, 4 tranches, fumé, cru ou poivré. Bon, vazy vous prenez de la truite saumonée. Le caddie se remplit ensuite tranquillement pendant que Titi tente inlassablement de rentrer le zigouigoui déclipseur du zeuro dans le trou (vous l’avez fait vous-même jusqu’à il y a encore très peu de temps), puis de retirer le jeton Monop’ en tirant dessus. Cric, slup, scratch, bring. Jusque là, tout va bien.

9h45 : Alerte rouge. Titi, soûlé du caddie, tente un suicide par décaddisation au rayon compotes, ce qui vous pousse à le libérer avec une anxiété grandissante. La bête est lâchée alors que le Monop’ se remplit de gens « normaux ».

9h50 : « TItiiiiii !! TITI PUTAIN STU BR**** fous ? T’es OUUUUU ? » Un brouhaha attire votre attention à ce moment précis… des rires au rayon confiseries… Affolée, vous débarquez hirsute en poussant difficilement le caddie qui roule (forcément) de traviole alors que Titi tient salon avec plusieurs boursettes octogénaires aux cheveux violets, les bras chargés de boîtes de biscuits, et qu’il cherche à se faire attraper des chocapik au dernier étage. Titi s’est grave cru dans « Pekin Express » (« Pas d’argent, moi. No money. You buy biscuits for me. ») Sourire crispé, vous allez devoir tenter de le faire lâcher prise sans encombre. Comme un keuf arrêtant dans la plus grande discrétion un délinquant en plein forum des halles un samedi aprem, la tâche s’annonce difficile. Et c’est 9 fois sur 10 que vous finirez par le trainer à même le sol, compulsivement accroché à des Chamonix qu’il aura réussi à sauver, ultime souvenir de son braquage en bande organisée.

10h15 : Après quelques difficultés rencontrées au rayon yaourts (« Nan pas ceux-là ! » « Si ceux-là ! » « Naaaaaan ! Naaaaaan ! Zaime paaaaaas ! » « Ca ! » – « Tu veux du ROQUEFORT ? » « VI ! » « Pff, n’importe quoi…. » sous les regards accusateurs des amies boursettes de Titi qui passaient par là genre « le pauvre petit »), direction le Monop’ beauté pour un petit moment de détente avant la caisse. Après ce Koh-Lanta du shopping culinaire, cet aparté s’apparente à un spa grand luxe. Et pourtant… « Tiens maman, CA ! » (du vernis bleu ?), CA, CA, CA ! Jetant allègrement tout ce qui lui tombe sous la main, Titi cherche alors à vous imposer l’achat de couches pour incontinences adultes, quatre boites de Tampax Flux extrême, une multitude de jouets, des gels douches à la papaye de Yougoslavie à 107 euros la bouteille, du PQ à n’en plus finir et finit par débarquer, après une absence inquiétante de plusieurs minutes, recouvert des multiples fards à paupières multicolores dont il s’est consciencieusement tartiné grâce aux échantillons « TEST » gracieusement mis à la disposition des clienTES par monsieur et madame Monoprix vos amis.

10h45 : Exténués, vaincus, vous vous dirigez tous les deux, le caddie plein et le pas lourd, vers les caisses encombrées par les supermamans organisées, propres, repassées, la queue de cheval fière et le bambin parfumé, alors que vous prenez seulement conscience de votre accoutrement qui, à 9h du mat’ dans un quartier désert et avec la seule présence de vos amis du troisième âge, vous faisait alors passer pour une hipster qui assume le décalage, mais fait en fait vachement plus clochard pas de luxe au grand jour. C’est donc morte de honte que vous confiez Titi et votre caddie à une dame dans la queue après vous être rendue compte que vous aviez zappé son lait. Vous courez alors, comme dans une épreuve coup de feu de Top Chef, vers votre ingrédient oublié, bousculant au passage un ancien mec pas mal avec qui vous étiez en seconde, qui, l’espace d’un instant, semble vous reconnaître, avant de conclure, certainement, que vous ne pouvez quand même pas avoir pris si cher en si peu de temps. Au moment de séparer une bouteille de Candia croissance du lot de six et de planter nerveusement votre index dans le plastique bien tendu, vous avez alors toujours ce réflexe de regarder à droite à gauche comme si vous braviez un interdit (on a vraiment le droit sérieux ?).

11h : Bip ! Bip ! Bip ! Après avoir foncé récupérer le caddie de mémé, vous tentez fièrement de tenir la cadence de la caissière survoltée, en tentant de ranger vos achats aussi vite qu’elle les passe devant son rayon laser. Mission quasi impossible, elle ruse, vous en êtes sûre. En plus, y’a trop de courses, ça déborde. Du coup, il faut prendre des petits sachets en plastique en plus et vous êtes immanquablement ralentie par les multiples et divers essais d’ouverture du sac bien collé par l’électricité statique (froissage nerveux, détachage appliqué l’à l’ongle, roulage entre le pouce et l’index, piétinement…).

11h15 : Vous avez la carte Monoprix ? Non. Et vous la voulez ? Vous fixez alors, incrédule, la meuf genre « Tu plaisantes j’espère ? Tu crois vraiment qu’après 2h de caddithon je vais remplir un formulaire pour accumuler des smiles que j’ai toujours pas DU TOUT compris à quoi ça servait ? » Devant ce long silence gêné et gênant, la caissière lâche l’affaire et annonce un prix TOUJOURS au-dessus de celui que vous aviez parié avec vous-même dans votre tête en faisant la queue. Pourtant, vous calculez souvent large et pas exprès en-dessous comme au « Juste Prix » où, si votre estimation dépassait le véritable prix de la vitrine, vous aviez perdu. 10 387 euros ! Sa race.

11h30 : Traînant avec difficulté le chariot lesté que Titi veux ABSOLUMENT tirer lui-même (« Nan sémoi ! Nan sémoi ! Nan sé…. »), soutenant à grand peine les petits sacs coupeurs de doigts de votre main valide, et tentant de garder un oeil sur votre compagnon d’infortune qui, de toute façon, est scotché au sachet à travers lequel on distingue les Chamonix (« Moi zen veux ! Moi zen veux ! Moi zen…! » – « OH ! Maman souffre ! »), vous rentrez alors chez vous, jurant vos grands Dieux que plus jamais vous n’y retournerez.

Et pourtant… Comme pour ces lendemains de fête où l’on jure que plus jamais on n’ingurgitera une goutte d’alcool, ou ces accouchements abominables très vite effacés des mémoires, c’est avec le même entrain que deux semaines plus tard, vous retournerez gaiement vous faire « Une Nuit en enfer » version urbano-conso. En plus, han, regarde Titi, y’a les 9 jours Monoprix du 2 au 15 mai trop COOOOL ! » – « Ah oui zi koul moi l’a lachté lé GATO ! »

4 réflexions au sujet de « Avec Titi au Monoprix, non au quotidien quotidien ! »

  1. Ahah 😀 tu vois qu’on passe bien 2h à faire des courses ! Alors imagine dans un hypermarché de l’autre coté du périph qui fait 15 fois la taille des monops de Paris !

  2. J’étais au monop ce matin avec mon Titi (2ans 1/2) aussi. A peine le dos tourné, qu’une vieille essaye de me le choper, heureusement il s’est réfugié derrière moi, je lance un pseudo sourire à la vieille. Bizarrement, on la retrouvait à chaque fois qu’on sortait d’un rayon..et toujours rien dans les mains la vieille..elle devait être là en promenade..

    • HAHA ! Ravie qu’on puisse monter ce cet Observatoire des personnes âgées errantes au Monop et dont la mission consiste à suivre des enfants dans les rayons. 🙂 Et mon Titi a 2 ans 1/2 aussi ! 😀

  3. mon monop est séparé en 2, l’alimentation d’un côté et le reste de l’autre. du coup c’est très rare que je fasse les 2 en même temps. c’est une vraie injustice

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