Les femmes votent, les femmes travaillent, les femmes conduisent, les femmes ont des postes à responsabilité, les femmes couchent juste par plaisir, les femmes se payent des escort boys, les femmes débriefent leurs sex-partys, les femmes ne rappellent pas le lendemain, bref, les femmes ont acquis la parité dans pas mal de domaines, même les plus chasse-gardée, mais les femmes sont paradoxales…
Je m’explique : hier soir, au détour d’une conversation sur le premier rancard, et donc fort souvent synonyme de premier restau, les demoiselles en ma compagnie se sont retrouvées sur un point crucial : ce serait à l’homme de payer cette étape ancestrale. OBLIGÉ ! qu’elles disaient ! Et que celles qui pensent le contraire jettent la première Visa aux autres. Ainsi, et même s’il semble évident que c’est au monsieur de régler cette addition-là, deux écoles s’opposent quant à l’attitude à adopter :
1/ La franche du collier, qui consiste à ne pas bouger le moindre orteil lorsque le garçon s’amène avec la note (lequel, tradition oblige, déposera élégamment le ticket plié en face de Sexe Mâle), voire à regarder partout sauf vers le fatal papier, comme feignant de ne pas avoir entendu un pet sonore (hein ? quoi ? l’addition ?) avant de se fendre, minaudeuse, d’un large sourire et de remercier chaleureusement le jeune homme, comme réveillée d’un coup d’un long sommeil (hein ? quoi ? l’addition ?).
2/ La seconde technique, fourbe à souhait, consiste à tendre la main vers son sac, voire de s’emparer de son petit portefeuille Hello Kittie puis, si l’Homme n’a pas encore, à ce stade, arrêté d’une main virile le geste d’un « Il n’en est pas question ! » chevaleresque, d’en sortir misérablement sa CB Electron, celle des djeun’s et des interdits de découverts, et de la tendre au serveur dans l’espoir incessant que l’Homme s’interpose avant que les 50€ encore disponibles sur le compte ne soient définitivement engloutis, et notre vie avec.
Certains mecs opportunément autoproclamés « modernes » voire « féministes » accepteront avec bienveillance de laisser à la femme le plaisir délicieux de s’acquitter de ladite addition. J’entends d’ici les cris d’offrais poussés par les gardiennes des droits des femmes. Et pourtant, de même que l’on appréciera toujours de se faire tenir la porte ou porter sa valise, laquelle d’entre nous n’aurait pas un goût amer après avoir mychkinement tapé ses quatre pauvres petits chiffres de code secret devant une serveuse au regard empreint de pitié, voire de mépris, et le visage soulagé d’un chevalier servant au désir non encore assouvi ?
Qui plus est, et cette règle tient à être rappelée, si le fameux chevalier a lui-même choisi le restau, et donc calibré le budget en fonction du sien, c’est à lui de raquer. Idem pour les déjeuners d’affaire : c’est à celui qui trouve génial d’aller bouffer chez Georges en terrasse ou d’essayer le nouveau Robuchon d’inviter. Non mais ! Et comme c’est au mec de rappeler (OUI ! C’EST AU MEC DE RAPPELER on va quand même pas revenir sur tout, hein !), c’est ainsi à lui de proposer le premier restau, et donc à lui aussi de verser la dîme et la gabelle. CQFD.
« Dans le geste de “sortir” sa carte de paiement ou ses billets, il y a une projection “éjaculatoire”. Et dans le fait d’accepter, pour la femme, il y a cette capacité à accueillir l’éjaculation », explique Catherine Blanc, sexothérapeute, dans un article de Psychologies. Et si s’acquitter du premier restau pour la femme n’était qu’une castration supplémentaire infligée par la guerrière du XXIe siècle à ce pauvre petit homme perdu dans la lutte des sexes ?
A mon sens, rien n’empêche la guerrière d’inviter son compagnon pour toutes les occasions suivantes si ça lui chante mais la première fois est hautement symbolique et le geste d’inviter sa belle illustre souvent la générosité (ou pas) dont pourra faire preuve l’Homme dans bien d’autres domaines autres que financier, y compris sexuels, par la suite. Et pour la gouverne de tous, Jenifer Lopez, qui sort actuellement avec un danseur prépubère désargenté du nom de Casper, a préféré lui verser une pension mensuelle afin qu’il puisse l’inviter avec sa p’tite carte bleue perso. A méditer.
Ca, c’est pour la génération X, qui tortille du cul. Les baby-boomers ne se posent pas la question et laissent tout naturellement môsieur payer mais que fait la Y ? Elle partage ? Quant aux personnes du même sexe envisageant d’avoir des relations sexuelles, comment gèrent-elles l’addition ? Avis aux lecteurs/lectrices désireux de témoigner…