Premier restau : qui paye ?

Les femmes votent, les femmes travaillent, les femmes conduisent, les femmes ont des postes à responsabilité, les femmes couchent juste par plaisir, les femmes se payent des escort boys, les femmes débriefent leurs sex-partys, les femmes ne rappellent pas le lendemain, bref, les femmes ont acquis la parité dans pas mal de domaines, même les plus chasse-gardée, mais les femmes sont paradoxales…

Je m’explique : hier soir, au détour d’une conversation sur le premier rancard, et donc fort souvent synonyme de premier restau, les demoiselles en ma compagnie se sont retrouvées sur un point crucial : ce serait à l’homme de payer cette étape ancestrale.  OBLIGÉ ! qu’elles disaient ! Et que celles qui pensent le contraire jettent la première Visa aux autres. Ainsi, et même s’il semble évident que c’est au monsieur de régler cette addition-là, deux écoles s’opposent quant à l’attitude à adopter :

1/ La franche du collier, qui consiste à ne pas bouger le moindre orteil lorsque le garçon s’amène avec la note (lequel, tradition oblige, déposera élégamment le ticket plié en face de Sexe Mâle), voire à regarder partout sauf vers le fatal papier, comme feignant de ne pas avoir entendu un pet sonore (hein ? quoi ? l’addition ?) avant de se fendre, minaudeuse, d’un large sourire et de remercier chaleureusement le jeune homme, comme réveillée d’un coup d’un long sommeil (hein ? quoi ? l’addition ?).

2/ La seconde technique, fourbe à souhait, consiste à tendre la main vers son sac, voire de s’emparer de son petit portefeuille Hello Kittie puis, si l’Homme n’a pas encore, à ce stade, arrêté d’une main virile le geste d’un « Il n’en est pas question ! » chevaleresque, d’en sortir misérablement sa CB Electron, celle des djeun’s et des interdits de découverts, et de la tendre au serveur dans l’espoir incessant que l’Homme s’interpose avant que les 50€ encore disponibles sur le compte ne soient définitivement engloutis, et notre vie avec.

Certains mecs opportunément autoproclamés « modernes » voire « féministes »  accepteront avec bienveillance de laisser à la femme le plaisir délicieux de s’acquitter de ladite addition. J’entends d’ici les cris d’offrais poussés par les gardiennes des droits des femmes. Et pourtant, de même que l’on appréciera toujours de se faire tenir la porte ou porter sa valise, laquelle d’entre nous n’aurait pas un goût amer après avoir mychkinement tapé ses quatre pauvres petits chiffres de code secret devant une serveuse au regard empreint de pitié, voire de mépris, et le visage soulagé d’un chevalier servant au désir non encore assouvi ?

Qui plus est, et cette règle tient à être rappelée, si le fameux chevalier a lui-même choisi le restau, et donc calibré le budget en fonction du sien, c’est à lui de raquer. Idem pour les déjeuners d’affaire : c’est à celui qui trouve génial d’aller bouffer chez Georges en terrasse ou d’essayer le nouveau Robuchon d’inviter. Non mais ! Et comme c’est au mec de rappeler (OUI ! C’EST AU MEC DE RAPPELER on va quand même pas revenir sur tout, hein !), c’est ainsi à lui de proposer le premier restau, et donc à lui aussi de verser la dîme et la gabelle. CQFD.

« Dans le geste de “sortir” sa carte de paiement ou ses billets, il y a une projection “éjaculatoire”. Et dans le fait d’accepter, pour la femme, il y a cette capacité à accueillir l’éjaculation », explique Catherine Blanc, sexothérapeute, dans un article de Psychologies. Et si s’acquitter du premier restau pour la femme n’était qu’une castration supplémentaire infligée par la guerrière du XXIe siècle à ce pauvre petit homme perdu dans la lutte des sexes ?

A mon sens, rien n’empêche la guerrière d’inviter son compagnon pour toutes les occasions suivantes si ça lui chante mais la première fois est hautement symbolique et le geste d’inviter sa belle illustre souvent la générosité (ou pas) dont pourra faire preuve l’Homme dans bien d’autres domaines autres que financier, y compris sexuels, par la suite. Et pour la gouverne de tous, Jenifer Lopez, qui sort actuellement avec un danseur prépubère désargenté du nom de Casper, a préféré lui verser une pension mensuelle afin qu’il puisse l’inviter avec sa p’tite carte bleue perso. A méditer.

Ca, c’est pour la génération X, qui tortille du cul. Les baby-boomers ne se posent pas la question et laissent tout naturellement môsieur payer mais que fait la Y ? Elle partage ? Quant aux personnes du même sexe envisageant d’avoir des relations sexuelles, comment gèrent-elles l’addition ? Avis aux lecteurs/lectrices désireux de témoigner…

« Moi parent, je ne ferai plus… »

Devenir parent, c’est merveilleux. On découvre l’amour inconditionnel, on s’esclaffe devant des blagounettes zozottées qui ne font rire que nous, on est couvert de bisous emmiettés, on se fait offrir des chouquettes à la boulangerie en poussant son enfant au pire des tapinages, on redécouvre les joies de la pâte à sel, des Playmobil et du multi-visionnage du même DVD (Némo, Cars ou Barbapapa) dont on finit par connaître les dialogues par coeur (« Han, et quand Barbouille il fait a Barbabelle… » : au boulot, la star de la machine a café, c’est nous !), et puis l’on acquiert un statut, on devient « quelqu’un », on est « Le Papa » ou « La Maman de Titi ». Mouais, c’est vrai, c’est top. Mais, amis célibataires ou concubins de longue date qui rongez votre frein en attendant désespérément que votre Keum vous demande en épousailles avant de vous engrosser pour que, vous aussi, puissiez boire de la Ricorée en famille au soleil le dimanche matin, je me dois de vous mettre en garde, voire même de vous pousser à reconsidérer l’urgence de votre envie frénétique de changement de vie, car il est des plaisirs orgasmiques qu’il vous faudra abandonner à tout JAMAIS lorsque le nain aura investi votre quotidien.

Quand aux autres, ceux qui ont déjà mis la Stan Smith dans l’engrenage, pleurez maintenant. Meuuuh, s’qu’elle dit, celle-là ? Listen to me, et on en reparle en fin d’article.

1/ Moi, parent, je ne lirai plus

Adieu matinées bénies où vous pouviez vous prélasser, un bon roman calé sur l’oreiller, passionné par l’intrigue haletante, sirotant sereinement un thé bien chaud posé n’importe où, sans peur de l’accident domestique. Allez hop faignasse, il est 7h, on bouge ses grosses fesses et on va se les cailler sur le carrelage de la cuisine à regarder, l’oeil torve, le biberon tourner dans le micro-ondes. Vachement plus cool, non ?

2/ Moi parent, je ne niquerai plus

J’exagère, disons je ne niquerai plus quand j’en ai envie. Non, je serai soumis aux rares créneaux que le mini-squatteur omni-présent aura bien voulu nous laisser dispos dans nos emplois du temps de ministre : « T’es dispo demain, entre 5h et 6h du matin ? Nan, bon bha on essaye de se croiser dimanche a l’heure de la sieste ? ». Nan mais sérieux levons le tabou, j’ai enfin compris pourquoi certaines mères deviennent hystériques avec le divin sommeil de leur rejeton, soufflant, écarlates, des CCccchuuuuuuut IL DORT comme si un serial killer se trouvait derrière la porte. En fait, c’est surtout leur pause syndicale à laquelle elles tiennent tant.

3/ Moi parent je ne mangerai plus de trucs compliqués

Non non, moi parent, en particulier d’enfant en très bas âge, j’appendrai a manger vite, froid, et de préférence d’une main, parce que l’autre me servira a couper des morceaux de poisson pané dans une assiette en plastique Barbapapa pendant qu’on renverse des verres d’eau tiède dans la mienne. Non je ne maigrira néanmoins pas car, à bout de nerfs et soumis aux fringales, j’engouffrerai par la suite et en dehors des repas une multitude de de confiseries diverses pour compenser.

4/ Moi parent je ne boirai plus

Enfin, avec modération, quoi, un peu comme tout. Gna gna gna. Il suffit de tenter une ou deux fois la compatibilité du programme : mélanges d’alcool+ coucher 5h avec carrelage cuisine/chauffage lait à 7h + courses au Monop + parc+ brunch familial pour se muer naturellement, mais avec du dégoût pour soi-même, en ces fameuses et abjectes personnes qui, à 1 h çà peine, disent : « j’vais y aller, hein, chus crevé, épi demain avec le p’tit, ‘fin tu sais… », suivi d’un clin d’oeil complice a l’hôte soûlé. Moi parent, je deviendrai rabaj.

5/ Moi parent je j’irai plus au cinéma

Ou plutôt si, j’irai tous les trois mois, en mode « sortie de l’année », apres avoir checké auprès de proches, de nombreux médias, blogs et forums, le bien-fondé du choix du film, puis réservé mes places à l’avance en payant 1 euro de frais de dossier pour être sûr de pas me faire recaler à la séance parce que j’ai pris une baby-sitter bookée une semaine à l’avance pour le grand événement. Moi parent, je débourserai pour cette modeste « sortie » 10×2 (places ciné) + 25×2 (p’tit restau, soyons pas rat) + 4×8 (nounou) = 102 euros (104 avec mles frais de dossier). Moi parent je trouve que la VOD et même les locs payantes sur iTunes c’est pas reuch en fait.

6/ Moi parent je ne prendrai plus d’apéro improvisés

Non, quand on m’envoie un texto a 19h pour me demander si ça me dirait de me la coller à la Palette en terrasse et que bha grave, eh bien moi parent je saurai que je n’ai d’autre choix que celui de rentrer car je n’ai pas prévu de baby, puisque cette proposition est imprévu. CQFD. Moi parent je m’enverrai une bière en scred’, seule, sur les carreaux froids de ma cuisine.

7/ Moi parent je ne fumerai plus dans mon salon

Non, j’enfilerai, l’hiver, doudoune et bottes fourrées avant de m’agripper au pan de la fenêtre, tentant désespérément de détourner le courant naturel de la fumée de ma clope qui, comme par hasard, se dirigera exprès vers la jeune personne aux poumons moletonnés. Quant à mes amis célibataires, ils préfèreront se la coller a la Palette plutôt que d’avoir a subir le même sort. Moi parent je serai un Inuit en appart.

8/ Moi parent je ne ferai plus de shopping le week-end

Sauf si l’on considère que choisir entre une guimauve et une gaufre au sucre glace s’apparente a un choix esthétique tel qu’on puisse appeler ça du shopping, je laisserai effectivement tomber les queues aux cabines d’essayage, les heures à essayer des ombres a paupière dans l’étuve réconfortante d’un Sephora et même, pire, je ne foutrai  plus jamais un doigt de pied (non manucuré, of course) dans un magasin de déco (je touche, je casse, je paye)…

9/ Moi parent je ne dormirai plus

Et je comprendrai enfin pourquoi mes propres parents étaient toujours « crevés », tenant le sommeil en haute estime, interdisant à tout individu âgé de plus de 3 ans de faire le moindre bruit de respiration avant 9h (grasse mat’ !!). Simplement parce que mes parents, comme moi, n’avaient pas dormi depuis 1000 jours. Les pauvres…

Alors, amis celibs et autres couples sans enfants, sachez que, comme dirait l’inspirateur de cette longue et redondante tirade, rien n’est « normal », ou plutôt pareil quand on est parent puisque les conditions sont exceptionnelles. La fonction de parent est une fonction exceptionnelle, qu’il convient d’assumer, bien entendu, avec tout le respect qui lui est dû. Votre quotidien traversera une crise majeure, en tous cas pour votre premier mandat. Alors, avant d’abandonner toutes les libertés offertes au citoyen lambda, et d’endosser l’habit officiel de « parent de la République », kiffez bien. Les autres, bons quinquennats (doubles voir triples), et si ce papier vous a plu, votez pour lui !

Débat Présidentielle 2012 : dernière ligne droite pour les princes (presque) charmants de Marine

On ne les attendait pas avec de tels scores, et pourtant, ces Marine-là n’en finissent plus de faire parler d’elles dans les médias, sur la toile et les réseaux sociaux. Marine de mai, vaches à lait ! De qui parle-t-on ? Mais de Marine de « La Belle et ses princes presque charmants », bien sûr ! Vous avez forcément entendu parler de cette télé-réalité diffusée sur W9, et dans laquelle une gentille blonde franchouillarde doit choisir entre « la beauté du corps et la beauté du cœur », en gros entre des types beaux mais cons et d’autres moches mais admirables. Succès assez inattendu, la série B de Marine et ses prétendants n’en finit plus de faire parler d’elle.

Ne pourrait-on voir là un parallèle avec une autre Marine, bien moins jolie mais toute aussi successfull, méga-squatteuse de conversations et courtisée de toutes parts ? Cette Marine-là, jusqu’à hier, devait elle aussi faire son choix entre ses deux derniers soupirants.

Elle avait d’un côté l’amoureux transi, le courtisan de la dernière ligne droite, le filou prêt à tout, quitte à se renier lui-même. Et comme toute femme trop flattée, son Nicolas, elle l’a fait marcher, courir même, à coups de « Ouais, chais pas, j’vais voir. Dis que je suis la plus belle et on verra. Présente-moi tes parents. Quitte ta femme. Engueule-toi avec tes potes et reviens me voir. » Bref, elle l’a fait mariner, quoi. Et le Nico, fou d’amour et de désespoir, a tout bazardé dans sa vie pour conquérir sa Marine. Classique (« Il revient quand papa », demande encore Marianne, jolie jeune fille au buste tronqué. « Il revient pas, papa, il est tombé amoureux d’une autre dame», répond-on à Marianne, fille de la République).

De l’autre côté, François, le timide au physique banal qui, outrecuidance extrême, s’intéresse très peu à Marine. François a fait le fier et, en winner paradoxal, est resté dans son coin, plus intéressé par ses échanges entre potes que par son entreprise de séduction. Soyons francs, elle lui plait pas vraiment, Marine, à François. Du coup, la princesse, blessée dans son orgueil, a fait mine d’hésiter entre ses deux prétendants. Le Ludo – euh, Nico – envahissant ou le François distant ? Mmh, chais pas, je réfléchis, a minaudé la princesse.

Mouais. Et Nico qui n’en pouvait plus de faire livrer bouquets de fleurs sur bouquets de fleurs, envoyant même ses meilleurs amis plaider sa cause auprès de l’élue de son cœur, essayant de copiner avec ses proches à elle l’air de rien (vieille technique de teenager).

Las, le dernier épisode, diffusé hier, a définitivement brisé le cœur de l’amoureux transi. Marine a décidé de rester toute seule. Ce sera ni François ni Nico. Non non, Marine, son cœur, il est à papa. Encore une bachelorette qui nous aura fait poireauter pour faire sa pub avec pour seule ambition de « percer dans le milieu », voire de poser nue en couv’ d’Entrevue. Que Dieu nous en préserve.

Ce soir, c’est donc un Nicolas éconduit qui fera face à son rival. Cherchera-t-il, par des clins d’œil discrets, et dans une dernière tentative désespérée, à faire changer d’avis sa belle ?

Réponse à 21h pour un dernier épisode de « Marine et ses princes presque charmants ».

Avec Titi au Monoprix, non au quotidien quotidien !

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Tous les samedi, nous partons, Titi et moi-même, en expédition au Monoprix. Attifés comme c’est pas permis (lunettes triple foyer, pyjama + santiags pour moi, idem pour Titi, ravi de plus avoir à engoncer ses grenouillères dans des bottes en caoutchouc depuis qu’il a passé l’âge d’en porter, trainant bruyamment mais avec entrain le chariot de mémé que si on m’avait dit y’a 5 ans que j’oserais me trimballer avec ce truc dans la rue, je me serais immolée à la Pom’Pot direct).

9h02 : Entrée en fanfare dans le Monop’ qui vient d’ouvrir. Nous sommes des warriors des courses, un binôme qui force l’admiration et dont la complicité, visible, va nous permettre d’expédier cette épreuve en deux temps trois mouvements. On arrive tôt, parce que Titi ouvre commerce à 6h et qu’on a déjà une vie derrière nous. Et pourtant, une bonne grappe de personnes âgées faisait déjà la queue devant la porte close, nez à nez avec le vigile à travers la vitre pop-stickerisée, depuis une bonne demi-heure. On ne souligne d’ailleurs pas assez ce que Monop’ apporte au 3e âge.

(Passage discretos au « vous » pour une universalisation du papier et de l’expérience, et parce que je suis pas fana fana du « je » bloguesque…)

9h04 : Le caddie. Big deal. Les non-parents ne connaissent pas ça mais vous remarquerez que tous n’ont pas le petit siège enfant. Hum… Et qu’est-ce qu’il se passe quand vous n’avez qu’une pièce et que le caddie-siège est 3 caddies plus loin que le premier ? Les lecteurs scientifiques ont déjà résolu l’équation, alors que les autres tentent un schémas compliqué sur un post-it. Je vous arrête tout de suite, avec une seule pièce, c’est no way. Il faut donc vous rendre à l’accueil et faire face à une femme peu aimable qui vous jettera un jeton Monop’ sans un regard (« Quoi la dame l’est pas gentiiillle ? Quoi la jeté la pièèèèèce ?). Là, vous pourrez jouer à Fort Boyard en débinzant (de « binz » = truc = schtroumpf) un premier chariot, puis un second, que vous rattacherez au premier pour récupérer le premier jeton et ainsi de suiiiite Viiiite, la clepsydre ! SORS, SORS ! (Difficulté supplémentaire : « Nan c’est moi qui fais ! Nan c’est moi qui fais ! Nan BHOUUUUUuuuuuuuu »).

9h10 : Au rayon fruits et légumes. Carottes, brocolis, patates, pommes… Depuis que Titi est là, finies frites et pizzas, vous êtes sains ! Sauf qu’à force de vous venère devant la pesette à chercher 3 plombes la bonne étiquette avec la bonne photo de la bonne pomme (« Putain mais elle est rouge ou bordeaux cette p*** de pomme Canada ? Sten penses Titi ? Fait ch**** ! Vazy ça me soûûûûle ! ») avant de vous faire aider par une habituée de 87 ans qui appuiera direct sur le bon bouton, vous foutant définitivement la honte devant un Titi baba (« Poupoua la dame elle a crouvééé ? Poupoua maman l’a séneeeerve ? »), pas sûr que l’ulcère qui vous guette soit vraiment plus agréable au final que les bons vieux problèmes cardio-vasculaires dûs à la fréquentation assidue du clown Ronald. Du coup, raclure, vous prenez une carotte en scred’ que vous rajoutez dans le paquet déjà pesé et étiqueté, ou bien vous appuyez sur les tomates non-grappes premier prix alors que vous avez pris les plus chères, histoire de vous venger du temps perdu. Pathétique. (« Poupoua maman l’a volé la caroootte ? » – « Mais non, maman n’a pas volé de carotte mon chéri ! » – « Si » – « Non » – « Si » – « NON. Bon, tu veux tes gâteaux ou pas ? ». Affaire conclue. Pathétique again).

9h30 : Passage sans encombre aux rayons « adulte » (pas sex-shop mais trucs inintéressants pour Titi type lessive, café, beurre ou viande), si ce n’est une énième et longue tentative de comprendre le pourquoi des différences de prix entre les saumons norvégiens, irlandais et monopresque, 2 tranches, 4 tranches, fumé, cru ou poivré. Bon, vazy vous prenez de la truite saumonée. Le caddie se remplit ensuite tranquillement pendant que Titi tente inlassablement de rentrer le zigouigoui déclipseur du zeuro dans le trou (vous l’avez fait vous-même jusqu’à il y a encore très peu de temps), puis de retirer le jeton Monop’ en tirant dessus. Cric, slup, scratch, bring. Jusque là, tout va bien.

9h45 : Alerte rouge. Titi, soûlé du caddie, tente un suicide par décaddisation au rayon compotes, ce qui vous pousse à le libérer avec une anxiété grandissante. La bête est lâchée alors que le Monop’ se remplit de gens « normaux ».

9h50 : « TItiiiiii !! TITI PUTAIN STU BR**** fous ? T’es OUUUUU ? » Un brouhaha attire votre attention à ce moment précis… des rires au rayon confiseries… Affolée, vous débarquez hirsute en poussant difficilement le caddie qui roule (forcément) de traviole alors que Titi tient salon avec plusieurs boursettes octogénaires aux cheveux violets, les bras chargés de boîtes de biscuits, et qu’il cherche à se faire attraper des chocapik au dernier étage. Titi s’est grave cru dans « Pekin Express » (« Pas d’argent, moi. No money. You buy biscuits for me. ») Sourire crispé, vous allez devoir tenter de le faire lâcher prise sans encombre. Comme un keuf arrêtant dans la plus grande discrétion un délinquant en plein forum des halles un samedi aprem, la tâche s’annonce difficile. Et c’est 9 fois sur 10 que vous finirez par le trainer à même le sol, compulsivement accroché à des Chamonix qu’il aura réussi à sauver, ultime souvenir de son braquage en bande organisée.

10h15 : Après quelques difficultés rencontrées au rayon yaourts (« Nan pas ceux-là ! » « Si ceux-là ! » « Naaaaaan ! Naaaaaan ! Zaime paaaaaas ! » « Ca ! » – « Tu veux du ROQUEFORT ? » « VI ! » « Pff, n’importe quoi…. » sous les regards accusateurs des amies boursettes de Titi qui passaient par là genre « le pauvre petit »), direction le Monop’ beauté pour un petit moment de détente avant la caisse. Après ce Koh-Lanta du shopping culinaire, cet aparté s’apparente à un spa grand luxe. Et pourtant… « Tiens maman, CA ! » (du vernis bleu ?), CA, CA, CA ! Jetant allègrement tout ce qui lui tombe sous la main, Titi cherche alors à vous imposer l’achat de couches pour incontinences adultes, quatre boites de Tampax Flux extrême, une multitude de jouets, des gels douches à la papaye de Yougoslavie à 107 euros la bouteille, du PQ à n’en plus finir et finit par débarquer, après une absence inquiétante de plusieurs minutes, recouvert des multiples fards à paupières multicolores dont il s’est consciencieusement tartiné grâce aux échantillons « TEST » gracieusement mis à la disposition des clienTES par monsieur et madame Monoprix vos amis.

10h45 : Exténués, vaincus, vous vous dirigez tous les deux, le caddie plein et le pas lourd, vers les caisses encombrées par les supermamans organisées, propres, repassées, la queue de cheval fière et le bambin parfumé, alors que vous prenez seulement conscience de votre accoutrement qui, à 9h du mat’ dans un quartier désert et avec la seule présence de vos amis du troisième âge, vous faisait alors passer pour une hipster qui assume le décalage, mais fait en fait vachement plus clochard pas de luxe au grand jour. C’est donc morte de honte que vous confiez Titi et votre caddie à une dame dans la queue après vous être rendue compte que vous aviez zappé son lait. Vous courez alors, comme dans une épreuve coup de feu de Top Chef, vers votre ingrédient oublié, bousculant au passage un ancien mec pas mal avec qui vous étiez en seconde, qui, l’espace d’un instant, semble vous reconnaître, avant de conclure, certainement, que vous ne pouvez quand même pas avoir pris si cher en si peu de temps. Au moment de séparer une bouteille de Candia croissance du lot de six et de planter nerveusement votre index dans le plastique bien tendu, vous avez alors toujours ce réflexe de regarder à droite à gauche comme si vous braviez un interdit (on a vraiment le droit sérieux ?).

11h : Bip ! Bip ! Bip ! Après avoir foncé récupérer le caddie de mémé, vous tentez fièrement de tenir la cadence de la caissière survoltée, en tentant de ranger vos achats aussi vite qu’elle les passe devant son rayon laser. Mission quasi impossible, elle ruse, vous en êtes sûre. En plus, y’a trop de courses, ça déborde. Du coup, il faut prendre des petits sachets en plastique en plus et vous êtes immanquablement ralentie par les multiples et divers essais d’ouverture du sac bien collé par l’électricité statique (froissage nerveux, détachage appliqué l’à l’ongle, roulage entre le pouce et l’index, piétinement…).

11h15 : Vous avez la carte Monoprix ? Non. Et vous la voulez ? Vous fixez alors, incrédule, la meuf genre « Tu plaisantes j’espère ? Tu crois vraiment qu’après 2h de caddithon je vais remplir un formulaire pour accumuler des smiles que j’ai toujours pas DU TOUT compris à quoi ça servait ? » Devant ce long silence gêné et gênant, la caissière lâche l’affaire et annonce un prix TOUJOURS au-dessus de celui que vous aviez parié avec vous-même dans votre tête en faisant la queue. Pourtant, vous calculez souvent large et pas exprès en-dessous comme au « Juste Prix » où, si votre estimation dépassait le véritable prix de la vitrine, vous aviez perdu. 10 387 euros ! Sa race.

11h30 : Traînant avec difficulté le chariot lesté que Titi veux ABSOLUMENT tirer lui-même (« Nan sémoi ! Nan sémoi ! Nan sé…. »), soutenant à grand peine les petits sacs coupeurs de doigts de votre main valide, et tentant de garder un oeil sur votre compagnon d’infortune qui, de toute façon, est scotché au sachet à travers lequel on distingue les Chamonix (« Moi zen veux ! Moi zen veux ! Moi zen…! » – « OH ! Maman souffre ! »), vous rentrez alors chez vous, jurant vos grands Dieux que plus jamais vous n’y retournerez.

Et pourtant… Comme pour ces lendemains de fête où l’on jure que plus jamais on n’ingurgitera une goutte d’alcool, ou ces accouchements abominables très vite effacés des mémoires, c’est avec le même entrain que deux semaines plus tard, vous retournerez gaiement vous faire « Une Nuit en enfer » version urbano-conso. En plus, han, regarde Titi, y’a les 9 jours Monoprix du 2 au 15 mai trop COOOOL ! » – « Ah oui zi koul moi l’a lachté lé GATO ! »