Fakebook : l’impunité du Géant face à ses putain d’abrutis

Zuck : « J’ai plus de 4000 e-mails, photos, adresses. »

Un ami : « Quoi ? Comment t’as réussi à obtenir ça ? »

Zuck : « Ils l’ont juste donné »

Zuck : « Je ne sais pas pourquoi »

Zuck : « Ils m’ont fait confiance »

Zuck : « Putain d’abrutis »

Mark Zuckerberg (Zuck), fondateur de Facebook, 2004.

Extrait d’un tchat entre Zuckerberg et un ami étudiant au début de Facebook, Business Insider, 13 mai 2010.

Le lundi 24 septembre, le site du journal Métro dénonce un bug sur le réseau social préféré des internautes : des messages privées apparaîtraient dans la timeline publique de certains utilisateurs, suite à une mise à jour. Rapidement, Le Monde, Slate et le Huffington Post relaient l’information, ayant eux-mêmes constaté l’anomalie sur les comptes de membres de leurs rédactions et de leurs lecteurs. Tous, nous nous sommes alors précipités pour effacer l’historique plus ou moins avouable de notre vie passée, apparue aux yeux de tous, avant de reprendre nos esprits. De son côté, Facebook, aux abonnés absents, étudiait ledit bug.

Quelques heures plus tard, stupéfaction. Un « porte-parole » certifiait qu’il n’y avait eu « aucune faille » mais que les utilisateurs avaient tout bêtement oublié la manière dont ils utilisaient le réseau en 2009 (allô Alzheimer c’était il y a 3 ans…), et été en proie à une hallucination collective. Fin de l’histoire. Honteux, les journalistes et « témoins » se sont alors remis en question, caché comme s’ils avaient douté du 11 septembre, des premiers pas sur la lune ou raconté avoir vu des extra-terrestres dans leur jardin un soir de pleine lune passée à péter ivres morts avec un pote.

Depuis, la CNIL a bien convoqué les équipes françaises pour un petit rappel à l’ordre en forme d’avertissement dans le carnet de correspondance mais on ne déstabilise pas Big Brother aussi facilement. Quant à ce merveilleux organisme auquel nous confions toute notre vie, on notera son professionnalisme et sa très grande classe dans la gestion de la crise. « Oh pépé faut t’acheter des lunettes ! », voilà en gros la réponse de Facebook à ses utilisateurs. Comme si vous demandiez à votre banquier de vous expliquer une ligne bizarre sur votre relevé bancaire et qu’il vous fasse répondre par sa secrétaire que vous perdez la boule. Quant au big boss, celui à qui nous avons « fait confiance », il n’a évidemment pas pris la peine de chausser ses claquettes pour venir rassurer les troupes (quelques millions d’utilisateurs tout de même…).

S’il s’avérait que le bug puisse être prouvé, la défaillance se muerait alors en scandale planétaire, puisque la notion même de la protection des données personnelles est au cœur du dispositif Facebook pourtant flou, secret, mystérieux, raison pour laquelle de plus en plus d’internautes  (et d’actionnaires ?) affichent leur suspicion envers le réseau social. Et si l’on fouille un peu dans le casier pas si vierge de la star du Web, on trouve quelques affaires habilement enfouies mais qui pourraient laisser à penser qu’une défaillance du géant n’est pas totalement exclue.

En mai 2010, déjà, la fonction chat de Facebook avait déraillé, ainsi que le relate TechCrunch, qui avait alors révélé l’affaire. Une faille de sécurité avait en effet permis à tout internaute de voir les conversations d’autres membres en train de tchater avec leurs contacts via la messagerie instantanée du site. Quelques jours plus tard, une faille dans l’Open Graph permettait aux hackers d’accéder aux données personnelles de millions d’utilisateurs.  Informées, les équipes du réseau social avaient agi promptement – en 2 heures – et corrigé la vulnérabilité.  A l’époque, le site n’avait pas fait son entrée (controversée) en Bourse et les enjeux d’une telle défaillance étaient moindres. La faute fut alors avouée, pardonnée, et bien profondément enterrée. Un autre aveu plus étonnant encore fut celui de Facebook dans l’affaire Google. En mai dernier, le Daily Beast révélait que le réseau social avait payé une agence chargée de relayer, via des blogueurs, des problèmes fictifs de vie privée concernant Google. Vous avez dit « vie privée » ? Finalement, après une enquête menée par USA Today, Facebook reconnaissait avoir tenté d’acheter le match. On en connaît qui sont tombés pour moins que ça… Passons enfin sur les subites fermetures de compte, dictatoriales et inexpliquées, les changements de conditions générales en scred, les ventes (« supposées ») des informations personnelles prétendument protégées des membres ou la quasi impossibilité de fermer définitivement son compte, puisqu’il semble que le nouveau maître du monde évolue aujourd’hui dans des sphères parallèles, une zone de non-droit dans laquelle nul ne peut désormais l’atteindre.

Quant à nous autres, millions de bœufs extatiques à l’idée de donner à un trentenaire arrogant la licence perpétuelle sur les photos de nos enfants, lesquelles feront potentiellement la fortune d’une autre firme pendant qu’on peine à terminer nos journées de boulot, trop occupés à checker les timelines de nos ex et de nos collègues de machine à café, il faudra bien un jour nous interroger sur les choix qu’il n’est pas trop tard de faire, plutôt que de dénigrer passivement un organisme auquel on a « tout donné », mais que nous désaimons davantage chaque jour. Facebook a été créé par ses utilisateurs, à eux de tuer le monstre qu’ils ont gâvé.

Zuck : « Je ne sais pas pourquoi ».

Zuck : « Ils m’ont fait confiance »

Zuck : « Putain d’abrutis »

Disneyland Paris, where the queue come true…

Avez-vous déjà fait la queue avec un enfant de deux ans et demi pendant une heure ? Avez-vous ensuite répété cette joyeuse expérience plusieurs fois de suite, sous le cagnard et entourée de centaines d’autres familles au rythme de chansons joyeuses diffusées a très fort volume sonore ? Bienvenue a Disneyland Paris, le monde merveilleux de Disney reconstitué à une heure de Paris dans la jolie banlieue de Marne La Vallée, où vous pouvez vous rendre en RER (et vous aurez raison), ou encore en voiture, que vous pourrez devrez alors garer dans un parking situé à une quinzaine de minutes en tapis volant roulant de l’entrée du parc, pour la modique somme de 15 euros. Cling (bruit de tiroir-caisse) !

Arrivée aux abords de notre Neverland national, vous passerez, en compagnie de votre progéniture excitée, devant une cinquantaine de faux magasins aux allures d’épicerie de Mme Oleson.

« Nan mon chéri on ne va pas acheter tout de suite un seau de pop corn Picsou à 1700 euros. Maman a dit NON ! Si tu n’es pas sage, on s’en va OOOOH regaaaaarde c’est Tic et Tac ! »

Putain mais ils sont ou ces personnages Disney ? Vous balayez alors du regard l’horizon bondé et, outre d’inquiétantes smalas en surpoids encombrées de ballons hélium Mickey, point de Pluto ni de Stich a l’horizon. Damned.

« Location de poussettes et de fauteuils roulants »,

pouvez-vous lire plus loin. Pfft, s’ils croient qu’ils vont nous avoir avec leurs produits dérivés. « Hein mon Titi, t’es un grand maintenant, plus besoin de poussette ! »

Vous entrez alors dans le parc, enthousiaste à l’idée de renouer avec le monde féerique de votre enfance…

Vingt minutes plus tard, vous n’avez toujours croisé aucune figurine Disney, pas même un Rapetou. Quant à Titi, il a depuis longtemps renoncé à marcher, et passe des bras de son père aux épaules de sa mère, et ainsi de suite, lesquels se sont peu à peu sanglés des pulls et sacs de toute la famille tant le thermomètre a grimpé. A moins que ce ne soit l’haltérophilie infantile qui provoque ces subites suées. A part de multiples ranchs dans lesquels on s’empiffre de sandwichs nachos-cheddar-sauce barbecue-sucre glace accompagnés de sodas XXL, point d’animation à l’horizon. Vous êtes déjà là depuis une heure.

Soudain, le miracle se produit ! Un petit train !

« Le p’tit crain maman ze veux faire le p’tit crain ! »

« Mais bien sûr mon amour, quelle bonne idée ! »

Sur le chemin menant à la « gare », vous trouvez même par terre un plan du parc. La bonne humeur revient. Vous êtes une famille heureuse, unie, toute prête à entrer dans l’univers fantasmagorique de feu Michael Jackson.

Temps d’attente estimé : 45 min, 

pouvez-vous lire sur un petit écriteau, en joyeuse typo broceliandesque.

Concubin : « Mmmh n’importe quoi. C’est forcément moins ! »

Vous : « Bha oui, forcément ! »

Dans la queue, un obèse prend en photo l’intérieur de la bouche de sa compagne, une grosse femme aux cheveux roses. Ensuite, il lui montre le rendu afin qu’elle trouve l’endroit où poser son ongle pour retirer le bout de nuggets qui semblait la gêner. Titi saute, s’échauffe, veut monter DANS LE CRAIN. Ouf, il arrive… 20 personnes montent dedans. Le cordon de sécurité est refermé avec autorité par un employé déguisé en chef de gare (salopette Osh Kosh, bandana, casquette). Devant vous, 80 personnes patientent avec résignation. Beaucoup ressemblent à ces candidats à l’humiliation qu’on voit dans les programmes comme Confessions Intimes ou Vis ma vie.

Quarante-cinq minutes plus tard, vous voilà finalement dans un wagon, accompagnés de la famille Adams (tous en noir, ils regardent dans le vide l’air éteint. Pourtant, ils ne semblent pas employés par le parc). Avec stupéfaction, vous découvrez dans le wagon adjacent qu’un couple sans enfant a patienté lui aussi une heure pour prendre place dans le chemin de fer en papier crépon. Ils sont venus d’eux même, par plaisir, tous les deux. Vous pensez alors, avec la voix du mec qui fait les  reportages dans « Capital » : « Ces couples qui viennent le dimanche après-midi à Disneyland Paris faire la queue pour prendre le petit train : qui sont-ils, que cherchent-ils, quels sont leurs réseaux ? Enquête ! »

Deux stations plus tard, vous descendez tout ragaillardis par cette balade au grand air de 4 minutes.

« Maman ze veux aller dans les fusées qui tournent ! »

Aucune interdiction aux moins d’1,40 m pour cette attraction, que Titi peut donc faire. Elles sont assez rares pour que vous vous éxécutiez sans broncher.

Temps d’attente estimé : 60 minutes.

Concubin : « Mmmh n’importe quoi. C’est forcément moins ! »

Vous : « Bha oui, forcément ! »

Forcément, ce serait trop atroce… Et pourtant, c’est bien une heure plus tard, après vous être refilé un Titi en mode anguille sous ecstas (essayez d’attraper une anguille sous ecstas qui, elle-même, chercherait à échapper à votre étreinte), l’avoir menacé de tous les maux (« Si tu continues je t’emmène à l’école TOUT DE SUITE ! »/ « Tu ne mangeras plus JAMAIS de chocolat ! » / « Tu ne verras plus JAMAIS maman ! ») et avoir échangé maints regards compatissants avec quelques familles alentours, dont une femme charmante à la coupe de Tony Vairelle, que Concubin et Titi prendront place à bord d’une fusée (vos fesses étaient finalement trop grosses pour que vous puissiez monter avec eux, vous avez dû battre en retrait et faire coucou d’en bas). Quelques 37 secondes plus tard, vous les retrouvez à la sortie, poussés par le personnel excédé. Dehors !

Vous êtes là depuis 2h30. Vous tentez alors les tasses d’Alice au Pays des Merveilles. Ca a l’air un peu naze, du coup y’a pas grand monde.

Temps d’attente estimé : 15 minutes.

Dix minutes plus tard, alors que vous tournez à fond la caisse, le dernier verre de St-Estèphe que vous avez accepté la veille à 2 heures du matin vous revient en mémoire… Blurp.

« Bon allez, une dernière et on y va ! »

« Ze veux faire Dumbo ! »

Temps d’attente estimé : 60 minutes

Concubin : « Mmmh n’importe quoi(…)C’est f… »

Vous : « BON, on fait le calcul ?!! »

La queue se fait sous une bâche. Là, des familles entassées et excédées comprennent toutes ensemble ce que l’enfer doit représenter. Et pourtant, elles sont venues ici sans contrainte. Elles ont même payé pour ça. Les enfants, les uns après les autres, se mettent à pleurer, qui dans les bras de ses parents qui n’ont même plus la force de les engueuler, qui en se suspendant aux barrières qui donnent sur des étendues d’eau dont le danger ne fait plus peur à personne. La musique tourne en boucle, assourdissante. La queue fait des serpentins, si bien qu’il est impossible de calculer l’état de son avancement.

Concubin : « Tu fais la gueule ? »

Vous : « Nan. Je me tâte entre la pendaison au lasso Indiana Jones ou la noyade dans l’étang de Peter Pan. »

Concubin : « Oh, t’es pas marrante ! »

Titi : « Pipiiiiii ! Pipi ET CACA ! »

Concubin : « RETIENS-TOI !»

Vous : « Mais tu vois bien qu’il peut plus se retenir. Rien à foutre on va pisser à travers la barrière. Z’ont qu’à pas nous laisser poireauter 2 heures avec un enfant de 2 ans. Ouvre ta braguette, Titi ».

Titi : « Naaaaan ze veux pas faire pipi ICI ! »

Le tour en Dumbo aura duré 23 secondes.

Lorsque vous en descendez, et après avoir fait la queue aux toilettes (temps d’attente estimé : 1 minute. Un luxe), il est 19h15.

Dans 1h30, vous serez de retour chez vous. Vous aurez fait 4 manèges et 4 heures de queue.

Si vous n’aviez pas eu les billets gratos, il vous en aurait coûté 70 euros +  les extras = 4000 euros.

Votre mec vous hait. Votre enfant dort, et il ne sait qui est Mickey que grâce au ballon hélium que vous lui avez finalement acheté à la sortie. 5,50 €.

Dans la voiture, en silence, vous repensez au slogan de Disneyland Paris : « Rien que d’y penser, ça fait rêver ».

« Nouveau look pour une nouvelle vie » – de l’intérêt de regarder un mec se faire épiler l’intérieur des narines

Lundi soir, l’émission « Nouveau look pour une nouvelle vie » nous proposait de suivre deux nouveaux candidats au relooking, tous deux coachés par l’inénarrable Cristina Cordula.

Pour ceux qui ne connaissent pas le concept de l’émission, il s’agit de redonner goût à la vie à des hommes ou des femmes fâchés avec le shopping, leur corps, les coiffeurs et tout ce qui touche de près ou de loin à la coquetterie. Mères de familles engluées dans leurs kilos de grossesse, devenues grandes consommatrices de joggings jetés sans les regarder dans le caddie des courses hebdomadaires chez Auchan entre les petits suisses et les serviettes périodiques, de femmes traumatisées par des ruptures difficiles, ayant laissé en jachère leurs tignasses bicolores (et dont on n’ose imaginer l’état pileux du reste du corps), gothiques hors-normes incapables de trouver un emploi ou simples handicapés du style, ils désirent tous passer entre les mains de la fée Cristina pour retrouver leur confiance perdue, et plaire à nouveau (ou pour la première fois).

A l’instar du Grand Frère, de Belle toute nue ou de Cauchemar en cuisine, par exemple, le coaching des candidats se déroule selon un rituel immuable. Soumis au jugement d’abominables bobos parisiens filmés en micro-trottoirs rue Montorgueil, les « pouilleux » (comme l’a qualifié la grand-mère de Philippe, geek craspec à la touffe laineuse rendu à la vie lors de l’épisode en question) comprennent alors qu’ils sont « ternes », « invisibles », « démodés », « pas attirants ». Prise de conscience. « C’est dur à entendre », disent-ils toujours. Sérieux, tu t’y attendais pas ?

En phase 2, la superbe brésilienne, perchée sur ses talons de dix, dandinant son cul famélique dans d’outrageuses jupes crayons au son joyeux de ses créoles emmène alors nos malheureux épouvantails se faire épiler les sourcils. « C’est fou comme ça chaaaange. Haaaaan » (sans déconner). Hier soir, ledit Philippe, souffrant d’une pilosité hors-norme, s’est vu offrir une épilation à la cire des joues puis de l’intérieur des narines. Mythique. Et gênant (un vague sentiment de « mais je regarde quoi, là ? »). Dernière étape : direction le salon de coiffure. Balayage, volume, brushing, Massatto fait des merveilles sur les trois poils filasses et gras qui servent bien souvent de cheveux à ces Natasha Kampush du séchoir. Hier, et pour la première fois, le coiffeur a cru devoir abandonner. Philippe portait un nid sur la tête. Jamais il ne s’était brossé les cheveux (« sinon la brosse elle se coince »), lesquels étaient de surcroît crépus, longs et emmêlés. Résultat ? Les ciseaux ne sont pas parvenus à couper, même grossièrement, la pelote malodorante. Gêne du spectateur, qui comprend alors que la boule de poils capillaires contient peut-être des bouts de riz, des stylos ou tout autre objet qui n’aurait un jour pas trouvé sa place dans une poche…

Ensuite vient le choix des vêtements. Cristina doit tout d’abord décider de la morphologie du candidat, qu’elle annonce avec solennité et aplomb. « Tou es un H / un Y / un I… ». Sympa, elle ne dit jamais la vérité : ils sont en réalité souvent des losanges, ou des bouteilles d’Orangina. Fort de cette découverte, le débutant ès mode va se voir affubler d’une ribambelle de guenilles censées mettre en valeur ses qualités, tout en masquant ses défauts (ainsi que le conseille également William, le coach de « Grosse toute nue »). Veste rouge, ruban à pois, chaussures à grelots, Cristina en fait trop esssprès ma chairie, pour que tu te rendes compte que ça te va pas DOU TOUT ! Au final, les mamans engluées finissent bien souvent avec une longue tunique brodée mettant en valeur leur « belle poitrine » (entendez grosse), tout en soulignant leurs jambes fines (=  « plus minces que le reste »), le tout caché sous une veste léopard/en cuir / zébrée, ajoutant une touche rock et djeuns à l’ensemble. Endimanchées et brillant de 1000 feux, elles partent alors rejoindre leur conjoint qui pleure immanquablement de joie et de soulagement (SYMPA !!).

Toujours, et quel que soit le degré de marginalité du cobaye sélectionné par la prod’, Cristina parvient à faire des miracles. Appartements insalubres nettoyés par deux expertes, intérieurs boursouflés et bibelotés à l’extrême home-stagés par Stéphane Plaza, logis délabrés stickerisés par Valérie Damidot ou duvets douteux exterminés par Cristina Cordula : M6 a trouvé son filon, celui du avant-après. De « vrais gens » en situation désespérée, pire même que celle du téléspectateur (-> brossage dans le sens du poil, désangoissement), sont extraits de leur marasme malgré tout et « contre toute attente » (-> bonheur).La fée M6 peut rattraper n’importe quelle catastrophe, vous changer en bombe en deux jours, refaire votre intérieur en une semaine et même vous trouver un nouvel appart de ouf dans votre budget  frais de notaires inclus. Quant à Cristina, elle rejoint, avec Plaza, Damidot et Lemarchand le cercle très restreint des animateurs indésolidarisables de leurs émissions, celles du coaching bonheur, bien-pensantes et à l’abri des critiques qui se multiplient envers la télé-réalité dite « poubelle ».

Longue vie à Cristina, longue vie à Nouveau look !

Célébrité : faut-il tweet-clasher pour exister ?

Pas un jour sans que pureplayers et medias online ne relaient un/des nouveau tweetclashs entre deux célébrités plus ou moins célèbres. Pour preuve, aujourd’hui, nous apprenons qu’Audrey Pulvar s’est « clashée » avec Stéphane Guillon, tout comme Jean-Marc Morandini avec Gérald Dahan, alors que Matthieu Kassovitz, manifestement passé de réalisateur à tweet-clasheur à plein temps, venait titiller de bon matin sa cible préférée, Audrey Pulvar (encore elle). Nadine Morano, Matthieu Kassovitz et Audrey Pulvar, donc, ils sont quelques-uns à avoir fait de cette étrange activité consistant à laver son linge sale en e-public leur passe-temps favori.

Addiction ou outil de com’ ?  La lumière ne semble en tous cas pas effrayer ces artistes, journalistes  ou politiques qui, par la suite, déploreront qu’on ne s’intéresse qu’à leur personne et pas à leur « œuvre ». Et si le tweetclashing était la nouvelle fausse paparazzade ?

La décennie précédente, qui a vu l’émergence soudaine d’inconnus sans talent devenus « people » du jour au lendemain grâce au succès d’émissions de télé-réalité, nous a en effet offert son lot de fausses photos volées permettant à ces étoiles éphémères de briller quelques instants encore, avant qu’on les oublie à jamais. Il faudrait être bien naïfs pour penser que les « vrais artistes » eux-mêmes ne s’adonnent pas à cette pratique honteuse permettant de raviver le désir du public sans avoir à poser tout sourire avec femmes et enfants en Cyrillus dans sa maison de l’île de Ré pour un reportage policé dans Paris Match (« Audrey, son nouveau bonheur ! »).

Grâce à Twitter, les « célébrités » sont maîtresses de leur communication – ce que doivent déplorer bien des agents, voire des conseillers élyséens… Ainsi, forts de leurs centaines de milliers de followers, elles peuvent donc en quelques secondes, et 140 caractères, se rappeler au bon souvenir du public de manière quotidienne. La star, son ego et son clavier sont sur scène 24/24h, devant une salle comble. Un bonheur. Ses pensées n’intéressent personne ? Qu’à cela ne tienne, le people peut choisir de donner dans la provoc’ voire, comme pour les spécialistes en question, d’échafauder  un bon petit tweetclash des familles qui fera parler de lui.

D’aucuns rétorqueront que les tweetclashs, au contraire, sont la forme moderne des brillantes joutes verbales de nos ancêtres, voire des fiers duels à l’épée. Il y a de cela en effet, mais il n’est plus possible aujourd’hui, tant la célébrité est devenue un enjeu de survie dans la quasi-totalité des domaines, de décoreller totalement ces joutes d’un besoin compulsif d’attirer la lumière sur soi. De même qu’on n’est  pas obligé d’aller à St-Tropez si on ne veut pas être pris en photo topless, rien n’oblige un réalisateur ou une journaliste à ouvrir un compte Twitter.

Aujourd’hui, les tweet-clash s’industrialisent, et nourrissent quotidiennement une presse online friande de ces micro-événements qui font le buzz et génèrent du trafic à moindre frais. Quant aux célébrités, elles ont bien compris que pour exister sur cette nouvelle scène où leurs concurrents se massent chaque jour plus nombreux, elles n’avaient d’autre choix que d’entrer dans la danse, puis de s’extraire de la foule en s’adonnant à ces battles verbales, lesquelles finiront en clash, clash qui fera le buzz. Et faire le buzz, c’est exister (loi dite Vendetta).

« On se fait un café-clope au comptoir ? »

Que les ardents défenseurs de l’interdiction de fumer dans les lieux publics passent leur chemin, le contenu qui va suivre risque fort de les courroucer. Prenons néanmoins les précautions nécessaires imposées par notre époque aseptisée en indiquant que ce billet n’est en rien une apologie du tabac, qui tue, pue et coûte une blinde comme chacun sait… mais pas que.

Je voulais vous parler d’un temps où on se la kiffait pas mal. Un temps pas si lointain où la prohibition et le grand nettoyage bien-pensant de l’état-papa n’avait pas encore gagné nos contrées, époque bénie où pour se détendre, on pouvait aller au café du coin s’en griller une petite en papotant avec son voisin de comptoir tout en s’épluchant un œuf dur sous le regard bienveillant d’un vieux barman dégarni aux dents jaunies. Les blondes, on les jetait par terre sur un beau sol en carreaux de ciment, tout étonnés à chaque fois d’avoir ce droit, comme des enfants auxquels on permettrait de faire des batailles d’eau dans leur chambre. Adolescents, nous investissions Les Ambassades et autres cafés Jean Bart bordant tous les lycées de France et de Navarre, enfumant l’endroit à coup de dizaines de LM Light, Chesterfield 25 (qui faisaient saigner les poumons – légende urbaine numéro 4712), Marlboro light menthol (qui rendaient stériles – légende urbaine numéro 12432) et même aux Royal Anis, dont on tripotait indéfiniment l’embout rempli d’obscures et certainement très toxiques petites billes parfumées, accompagnant ces nourritures impalpables d’un café pour 5 sur la soucoupe duquel on dessinait des arabesques en glosant sur la vie sexuelle de la prof d’espagnol. Les plus courageux s’en allaient faire claquer le flipper Terminator, avant de caler leur Malback sur le rebord pour pas gâcher leur multiball, jaunissant pour l’éternité les jointures du bel objet Williams.

Dans le train, de gros messieurs tétaient allègrement le cigare dans le wagon fumeur, lequel n’était supportable qu’aux professionnels de la profession. Dans l’avion, certains s’offusquaient qu’on leur demande d’éteindre leur cigarette le temps du décollage. A la télévision, nos stars préférées plissaient les yeux en disant des choses très intelligentes tout en arborant fièrement l’objet du délit. Quant au restaurant, on investissait de grandes brasseries dans lesquelles on refaisait le monde jusqu’à ce que le patron nous chasse, commandant carafes de vin sur carafes de vin, remplissant convulsivement de grands cendriers offerts par les marques d’alcool, sans laisser nos amis non fumeurs seuls, le regard vide, tentant fébrilement de se donner une contenance en checkant des mails imaginaires sur leur smartphone, d’autant que les smartphones n’existaient pas (à se demander si leur mise sur le marché n’a pas été accélérée fissa pour venir en aide aux victimes collatérales de la prohibition).

Au bureau, on s’occupait au téléphone en se la grillant pépère pendant que notre interlocuteur, intarissable, développait de vive voix ce qu’aujourd’hui il nous détaille froidement par mail.

Un jour pourtant, l’état-papa a décidé que la fête avait assez duré. Fumer, c’est mal. Ca fait mourir ! Alors interdiction de fumer en public, va donc te les cailler dehors avec tes potes toxicos, histoire d’accélérer le processus. Next step ? L’interdiction de fumer dans la rue. Plus le paquet à 1700 euros. Plus des photos de gens en train de s’arracher les poumons à mains nues. T’es dur, p’pa. On va devoir organiser des soirées chez nous, dont le seul objet sera de fumer un max. Bha ouais, où est-ce qu’on a vu que l’interdiction soignait l’addiction ?

Quand les ignobles fumeurs seront tous morts, étouffés dans leurs soirées aquarium dont les invitations se passeront sous le manteau (« Ca te dit une soirée clopes ? » « Graaave ! »), papa s’attaquera aux gros. « Vous allez m’arrêter pour fumage ? » demandait cyniquement Catherine Tramell en 1990. Si t’avais su, Catherine, t’aurais moins rigolé avec ton passement de jambes. « Vous allez m’arrêter pour mangeage de choucroute prohibée ? », reprenaient quelques temps plus tard Les Nuls dans une parodie de la scène mythique.

Bha ouais. Manger tue, pue, et coûte une blinde. Chassons les gros du paysage. Houuu, il mange du Mac Do ! Bhouuuu il boit du vin ! Remplaçons les Twix et les Balisto des distributeurs par des fruits coupés. Miam, on se régale. Vivons tous dans un Apple Store géant. Vous allez voir, on va bien se marrer, tout sera blanc, froid, propre, et puis on vivra looooooongtemps !

Elle est pas belle, la vie (future) ? Merci, papa.