Pour la troisième année consécutive, TF1 met la fièvre du samedi soir à plus de 5 millions de téléspectateurs en faisant swinguer des pipoles endimanchés, enterrant sans pitié tous ses concurrents du moment. M Pokora, Shy’m, les deux gagnants des éditions précédentes, nouvelles coqueluches des prépubères, purent laisser croire que DALS, comme disent « les jeunes », était un programme révolutionnaire, novateur et inédit. Et pourtant…
« Un Disney Channel et au lit »
Smocking, robes de soirée, maquillages et coiffures de mariages de la tante Hélène, nos « stars », les jurés et les présentateurs se mettent chaque samedi sur leur 31 pour entrer dans nos foyers et festoyer avec nous en ce jour de gala. Oui, vous êtes pourtant chez vous, en jogging pilou, l’oeil torve du lendemain de fête en plein plateau-télé gargantuesque mais le concept est là : TF1 vous emmène au spectacle, comme le fait France 2 avec son Grand Cabaret et son bonhomme en mousse, sans que vous n’ayez même à saisir la brosse à brushing. Costumes pailletés, gambettes de sortie, Paaaris, Fé-éérie, on emmène mamie au Moulin Rouge ! Un orchestre bien old school à la « Chanse aux chansons » et mamie n’est pas dépaysée. Le direct est, de ce point de vue, très appréciable pour se mettre dans le mood. Autrefois, c’est Michel Drucker qui venait lancer les cotillons dans notre salon avec le clinquant Champs-Elysées. A l’époque, les plus jeunes avaient juste le temps d’entrevoir le sommaire de la grande fiesta avant de partir se coucher la mort dans l’âme, Disney Channel tout juste avalé alors que les plus vieux, la fameuse ménagère et son robert, se la collaient avec Michel.
Aujourd’hui, l’inquiétant Vincent Cerrutti et l’éternelle « pleusse ouane » Sandrine Quetier ont repris le flambeau. Sauf que chez eux, la star ne vient pas papoter, non madame. La star donne de sa personne, souffre, pleure, sue sang et eau toute la semaine pour offrir à son public une prestation inoubliable. Elle sera même jugée par un jury pas si fun, lui, excepté Jean-Marc Généreux le bien nommé, qui fait le boulot pour tout le monde. « C’est beau de voir ta colère et ta rage sortir de cette armure« , lança-t-il tout de go à Lorie après sa prestation de ce deuxième prime. Fort.
Retour vers le futur
Enfin, les numéros s’enchaînent, accompagnés d’un petit reportage qui nous familiarise avec ledit pipole. Pour ce deuxième prime, nos vedettes devaient puiser dans leur passé afin d’exprimer dans leur danse cette émotion créative qui allait leur permettre de se transcender. Frère ou soeur morts, parents divorcés… tout le monde avait exhumé son petit cercueil. Aïe, pas Gérard Vivès, le prof d’à côté. Ouf, il nous aura finalement trouvé une sombre histoire de pelleteuse qui sera parvenue à faire couler ses larmes. Ca ira pour cette fois. A chaque prestation donc, la star finit en sanglots morveux, alors que le jury en remet une couche en faisant appel aux fantômes qui « certainement nous regardent de là où ils sont » (pelleteuse, si tu nous regardes !). La célébrité qui craque l’armure, Foucault nous l’avait déjà servi en d’autres temps dans « Sacré Soirée » (« Vous vous souvenez de votre vieille prof de piano ? Oui ? Eh bien la voilà ! » Emotion), tout comme Sabatier dans « Avis de recherche« . Tiens, d’ailleurs, à la pub, on zappe sur Antenne… euh France 2 et sur qui on tombe ? Ce bon vieux Patrick qui présente… Pyramide, le best-seller de la ménagère qui a pris du galon et parade en prime.
En deux : « Lorie ». Euh… « Garou ». « Tcha-tcha-tcha ». « Danse avec les stars !! » Bravo.
Retour à nos stars lacrymales qui, après nous avoir rejoué Dirty Dancing, le film de notre adolescence, attendent fébrilement leurs notes. On invoque alors d’autres souvenirs, plus lointains et dominicaux ceux-là, lorsque Jacques Martin encourageait des jurés en couches culottes : « soyez gentil les enfants, mettez-lui un dix ! ». Dans DALS, c’est comme à l’Ecole des fans, tout le monde a 10 aussi… ou presque. On attend alors avec espoir que de gentils messieurs passent derrière les stars pour leur déposer discrètement des monceaux de cadeaux. En vain, ce concept-là n’a pas été repris.
Dommage c’était sympa.
Les vieux pots
Sacrée Soirée, Avis de recherche, L’Ecole des fans, Champs-Elysées, et bien sûr la StarAc, il semble que TF1 ait habilement repris les bon vieux gigots cathodiques de la ménagère du week-end, qu’elle aurait fait mijoter dans ce chaudron magique à succès, celui-là même utilisé pour les « nouveaux » Roue de la fortune ou Le Juste prix. On n’arrête pas le progrès. Avec un casting de candidats de « qualité » (on n’est pas loin de la « A list », puisqu’aucun gagnant de télé-réalité, par exemple, n’est présent), un budget costumes qui se chiffrerait à plusieurs centaines de milliers d’euros et un alibi US (« l’émission est importée d’un concept qui ‘cartonne aux States' » Aah, moderne, donc.), la chaîne parvient à refourguer à la ménagère d’aujourd’hui, que nous sommes (angoisse…), les programmes de son enfance mais « revisités », comme disent les apprentis chefs des émissions culinaires à la mode. Ou comment faire du neuf avec du vieux.
Quant aux plus jeunes, les ados de la ménagère, qui ne peuvent être pris dans ce piège habilement tendu, la seule présence d’Amel Bent ou de Lorie leur feront tolérer la honte de partager avec leurs dardons et daronnes le même programme télé.
Réconciliée devant Mimi… euh Vincent, la famille française devrait donc docilement répondre présente chaque semaine à l’appel de ce « divertissement » dopé à la nostalgie.
Sauf que… pas bête la guêpe, France 2 programmera la semaine prochaine… « Simplement pour un soir », présentée par Sabatier, émission dans laquelle des chanteurs d’aujourd’hui, grâce aux effets spéciaux modernes, pourront se retrouver comme par enchantement face à des artistes disparus. Paraît qu’on aura droit à un Michel Sardou featuring Jackie (sa mère décédée), et un Liane Folie ft. Thierry Le Luron…Génial, avec un peu de chances, Léon Zitrone viendra présenter le Danse avec les stars 4 !
TF1-France 2… Qui l’emportera ? Vous le saurez dans le prochain épisode des « Visiteurs en audimat ».