Cela faisait de longs mois que je n’avais pas rempli cette rubrique Livres qui, pourtant, l’eût amplement mérité après la lecture d’œuvres aussi savoureuses que « La Ballade de Lila K » de Blandine Le Callet au Livre de Poche ou encore l’excellent psycho-polar « Les Apparences » de Gillian Flynn, véritable révélation que j’espère pouvoir vous débriefer prochainement.
Pourtant, si je prends quelques minutes pour vous parler d’un livre, c’est parce que, l’ayant refermé hier soir après de longues semaines en sa compagnie, il est de mon devoir de vous enjoindre à foncer immédiatement vous procurer « La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert » de Joël Dicker, un chef-d’œuvre, n’en déplaise au Nouvel Observateur qui qualifia le dernier Goncourt des lycéens et Grand Prix du roman de l’Académie Française (excusez du peu) de « nanar ». C’est vous les nanars.
« Beuuu j’aime pas liiiire », en entends-je déjà certains. « Il est trop groooos », disent, apeurés comme mon concubins, beaucoup d’autres. Et alors ? Au pire, vous mettrez un an à le lire et ça n’est pas plus mal car alors, vous ne ressentirez pas cette douloureuse sensation qui est la mienne d’avoir dû couper ce cordon qui me relia pendant tous ces jours à Joël Dicker, ce génie littéraire né en… 1985 (ouais, après la victoire de Noah, la lose) et qui signe avec ce beau pavé blanc son deuxième roman. On notera au passage que ledit Joël, nouveau Roger Federer de la littérature contemporaine (big up la Suisse !), est ultra beau gosse. Oui, la vie est injuste.
Quant au bouquin, on y vient, rassurez-vous, il ne narre pas sur 660 pages les pérégrinations d’un helvète trentenaire en quête de l’amour. Non, et c’est là la force de Dicker, son intrigue se déroule dans une petite ville de province des States (avec quelques petits passages par New York histoire d’avoir des scènes sympatoches pour la version ciné qui, on l’espère, ne devrait pas tarder à se monter). Haletant malgré son volume, « La Vérité » met en scène deux écrivains entretenant un rapport filial, et dont le « père » est subitement accusé du meurtre d’une jeune fille de quinze ans commis trois décennies auparavant. Le « jeune » n’aura alors de cesse de creuser encore et encore le passé de cette petite ville aux personnages énigmatiques pour déterrer enfin la vérité de Harry, son mentor, celui grâce auquel le narrateur est devenu l’homme qu’il est aujourd’hui, soit un auteur reconnu pour un premier roman honorable mais ayant pour ambition d’écrire, enfin, son GRAND roman.
Comme Dicker ? La mise en abîme est assez étourdissante (Inceptioooon !), et la réflexion sur le travail d’écriture et la condition d’écrivain passionnante. Mais relax, les mecs, l’enquête est assez présente dans l’intrigue pour que le livre ne s’apparente pas à un workshop pour scénaristes en mal d’inspiration. Quant aux réflexions entreprises, elles touchent également des thèmes aussi divers, variés et universels que l’amour, la célébrité, la chute, les secrets enfouis, l’amitié, les rendez-vous ratés (ou pas) avec son destin.
En tête des ventes avec sa « Vérité sur Harry Québert », Dicker fédère nombre de lecteurs autour de son très grand roman qui me fit faire de nombreuses rencontres dans le métro, moi qui y lis pourtant depuis 25 ans sans que jamais on ne m’accoste. « C’est bien ? Ca vaut le coup ? », m’a-t-on demandé maintes fois. Hier encore, deux femmes ont sorti simultanément de leurs sacs le précieux objet, me faisant un clin d’œil en me voyant tourner frénétiquement les dernières pages. Car est-il utile de préciser qu’une fois entamé, vous ne pourrez lâcher le morceaux qu’une fois que Dicker vous aura libéré, retrouvant familles et amis, que vous aurez un temps délaissé pour plonger la tête la première dans cette divine idylle avec le jeune prodige.
Et je terminerai ce billet en reprenant les mots de Harry s’adressant à Marcus en page 661, quelques instants seulement avant que Joël et moi-même nous séparions, pour vous rappeler qu’ »un bon livre ne se mesure pas à ses derniers mots uniquement, mais à l’effet collectif de tous les mots qui les ont précédés. Environ une demi-seconde après avoir terminé votre livre, après en avoir lu le dernier mot, le lecteur doit se sentir envahi d’un sentiment puissant ; pendant un instant, il ne doit plus penser qu’à tout ce qu’il vient de lire, regarder la couverture et sourire avec une pointe de tristesse parce que tous les personnages vont lui manquer. Un bon livre (…) est un livre que l’on regrette d’avoir terminé. »
Merci de me donner envie de me plonger dans ce roman. Je me méfie un peu des engouements des critiques littéraires mais si c’est Adèle qui recommande, on peut y aller sans hésiter !
Javais envie moi aussi !
Bonjour,
Votre livre me laisse le même sentiment. J’en suis au trois quart, et à la fois, je veux connaitre la suite, et à la fois j’ai peur d’arriver à la fin et de quitter ces 4 femmes dont vous décrivez si bien les caractères qu’on a l’impression qu’elles sont nos copines.
Merci pour ce bon moment de lecture, et j’espère que vous en écrirez beaucoup d’autres.
Régine
Merci beaucoup pour votre commentaire qui me réchauffe le cœur 🙂 Bonne fin de lecture. Adèle