Le monde parallèle des mother victims

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Elles sont nombreuses, vous en connaissez sans doute pas mal, et pourtant on les voit peu dans la « vraie » vie, j’ai nommé les mother victims. Kesako ? Des femmes victimes de leurs mères ?

Non, des femmes entrées de leur plein gré, l’air béat et le sourire aux lèvres comme on entre en religion, dans la maternité, faisant de cette activité le sacerdoce et unique objectif vital de leur quotidien. A l’instar de la fashion victim, incapable d’identifier les frontières communément admises des styles, la mother victim est entrée de plein pied dans le monde des mamans, faisant fi de toute mesure ou discernement, pratiquant avec excès et exclusion cette nouvelle discipline qui la rend gaga.  Bienvenue dans le monde des mother-addicts, autrement appelées mother maniacs. She’s a maaaniac maniaaac with her chiiild…

La mother victim est parfois une ancienne chaudasse reconvertie car touchée par la grâce le jour où ce petit être venu exploser leur vagin est parvenu à effacer plusieurs années de mauvaise réputation. Mais qu’on ne s’y trompe pas, la confrérie des mother victims compte bien évidemment de nombreux membres porteurs du gène bien avant qu’un jeune homme bien intentionné ne vienne enfin les délivrer de leur condition atroce de « non mère ». Du jour où ces poilantes jeunes femmes deviennent mères, elles ferment à tout jamais le rideau sur leur féminité, leur vie sociale, leur curiosité et, à mon sens mais cela n’engage que moi, leur épanouissement personnel. Ou quand la mère mange la femme.

Eh oui, la mother victim, en plus d’allaiter ses enfants jusqu’à 4 ans, cododo oblige, considère de manière consciente ou non que le chapitre fun de sa vie est CLOS, finite, kapout, hasta la vista baby. Joyeuse perspective qui fait souvent trembler les pas-encore-mères, terrorisées à l’idée de ne plus jamais pouvoir sortir boire des verres, se la coller, parler cul avec leurs copines, lire des bouquins sympas, faire des blagues sur les bébés, rester parfois tard au bureau, éventualiser une progression professionnelle, discuter actu avec des potes, voir des expos, organiser des dîners impromptus, avoir une vie sexuelle digne de ce nom, la cuisse ferme et le teint frais, la vie devant elles et l’espoir que le meilleur et le plus rock n’roll reste à venir.

Bha oui, parce que la mother victim, elle, a mis une croix sur l’épilation, la fellation, les talons et le funny bashing au profit d’activités phagocytantes aussi réjouissantes que l’achat quotidien de légumes frais et bios longuement nettoyés et broyés seules dans leur cuisine, la recherche ininterrompue d’activités d’éveil à la pointe pour leur nouveau-né, qu’elles inscrivent dès leur plus jeune âge à des ateliers maman-bébé apprennent à parler chinois tout en faisant de la poterie berbère, à s’investir dans la vie de la crèche/de l’école/de la classe, vérifiant chaque fois que les professionnels de la petite enfance en contact avec leur progéniture ne met pas à sac leur travail acharné pour faire de l’enfant béni… quoi, d’ailleurs ? Le savent-elles elles-mêmes ?

Mais la mother-victim ne s’arrête pas là : elle n’appelle plus ses copines, sauf pour leur parler exclusivement de caca, de sorties scolaires ou les sermonner sur la manière dont elles élèvent leurs enfants (« Quoii, tu le fais manger à 13h ? Mais tu es folle il va être DÉ-CA-LÉ ! »). Eh oui, les mother-addicts sont aussi monothématiques qu’un pilier de bar supporter de l’OM. Elles ne lisent plus de romans, entièrement concentrées à décortiquer « Tout se joue avant six ans », leur livre de chevet. Elles ne sortent évidemment plus, trop CREVÉES par leur boulot à plein temps d’assistante maternelle qui, souvent, vient s’ajouter à leur activité professionnelle d’origine.

Avec elles, tout devient (im)possible. Elles ne boivent plus (bha non elles allaitent full-time). Elles ne portent plus que des vêtements « pratiques », elles ne parlent plus que du « prochain » (bébé, pas verre), et scrutent de manière obsessionnelle les ventres et attitudes des autres femmes de leur entourage tant l’annonce d’une potentielle grossesse illuminerait leur quotidien, et les rassurerait sur la condition desdites femmes, enfin rentrées dans le rang. Ouf. Vade retro, rigolo Satana !

« Non mais on n’a plus l’âge »  reste leur phrase préférée. La plus antipathique et rabat-joie que la terre ait jamais portée. Etonnez-vous, après, que les femmes fassent des enfants de plus en plus tard, alors qu’on leur brandit le spectre d’une fin de vie annoncée dès lors qu’elles seront entrées en maternité. Qu’on ne s’y trompe pas, ces femmes ne sont pas forcément femmes au foyer, et je ne prône pas non plus l’abandon d’enfant au profit d’excessives et quotidiennes beuveries jusqu’à l’aube. Tout est une question de curseur…

Car qu’adviendra-t-il de ces motheristas le jour où leurs enfants auront atteint un âge où ils n’auront plus besoin de leur oppressant gourou, trop occupés qu’ils seront à fumer des pétards en soirée en tétant des vodkas-get, foutant en l’air quinze ans d’ingurgitation de légumes bios minutieusement savonnés des week-end entiers par leur mère, aujourd’hui abandonnée dans sa cuisine par son époux, victime collatérale partie chercher ailleurs quelques discussions fun et tête à tête catharsistiques ? Lorsque la mother victim rouvrira le rideau sur la « vraie vie », sa vie de femme, le front ridé par les soucis et les ans, désorientée par un monde qui aura évolué sans elle, toute déboussolée dans ses chaussures à talonnettes carrées, si pratiques, se rendra-t-elle compte qu’elle a loupé un coche ?

Un jour, la mère de Kate Moss lui avait dit : « Mais tu sais, on ne peut pas passer sa vie à s’amuser ! ». Ce à quoi la jeune femme avait répondu : « Et pourquoi pas ? »

Oui… Pourquoi pas ?

6 réflexions au sujet de « Le monde parallèle des mother victims »

  1. Ohoh, en aurais-tu croisé une ou deux qui t’ont regardé en fronçant le sourcil, horrifiée de te voir avec une clope et du vernis aux ongle alors que tu es mère ??
    J’avais parlé de cette espèce de folie ici : http://stelda.blogspot.fr/2011/09/mere-parfaite-vs-mere-indigne.html. Ca m’a toujours horrifiée! Heureusement, on est de plus en plus nombreuses à refuser le modèle unique. Et à organiser des pouferies dignes de Sex @ the City, où on a 18 ans d’âge mental pendant que les bébés dorment.

  2. Ma phrase favorite en ce moment est effectivement face à toutes ces mères : « non je n’ai plus l’age » …. de faire un enfant. Autant dire qu’il y a une totale incompréhension vu que mère nature permet à 40 ans encore de procréer. Et moi de leur expliquer que non je n’ai plus l’age de torcher, élever, m’inquiéter, etc… En gros ces mères dans l’ame pour qui c’est l’aboutissement de la féminité n’ont toujours pas compris que j’ai tout simplement la flemme (et même pas honte).

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