Naoëlle de Top Chef ou le retour de la relou de terminale qui avait « tout foiré » mais avait toujours 19/20

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Le bac en poche, on pensait en être définitivement débarrassée. De qui ? Mais de la relou qui sort de contrôle en pleurant parce qu’elle a « complètement raté », même pas fait la dernière question mais qui, étonnamment, a toujours la meilleure note.

Souvenez-vous… Hiver 95, vêtue d’un Cimarron surteint, d’élégantes Timberland et d’un pull-chaussette réhaussé d’une chemise bucheron mal coupée, vous suez sang et eau sur votre bac blanc de Maths.

On admet que pour tout nombre réel positif u, ln(1+u) ≤ u.
Démontrer alors que, pour tout nombre réel λ strictement positif, A(λ) ≤ —λe—λ — e—λ + 1…

Tibidibidibidi…

Pfiou, vous n’y comprenez pas grand-chose mais tentez de faire abstraction du côté éminemment abstrait de ces formules apprises par cœur pour parvenir à récolter la dizaine de points offerts par cette première partie, la géométrie dans l’espace ne vous permettant a priori par d’en cumuler davantage. Fière de votre résultat entouré en rouge, vous sortez alors une belle feuille de papier millimétré matière PQ et entreprenez de dessiner votre parabole, en zieutant celle de Kenny Sitbon au premier rang pour vérifier qu’elle a peu ou prou la même forme. Ensuite, vous tentez vaguement de choper les points de la partie stats (« On dispose de 2 urnes.  L’urne U1 contient 4 boules blanches et 6 boules noires »… houla ça part mal), et lancez au petit bonheur la chance 2-3 approximations d’angles pour la partie géométrie, avant de rendre, pas peu fière, votre copie.

Dehors, ça crapotte de la Lucky en balançant fébrilement des « T’as bien trouvé ‘ -x’ non ? NON ? NOOOOOOON ? ». Votre fameuse copine, elle, tire la gueule. « J’ai complètement foiré », assène-t-elle. Vous : « Pfff arrête ! Tu dis ça à chaque fois mais tu vas encore avoir 19 ». Elle, mi-angoissée, mi-larmoyante, mi-désagréable (oui, ça fait 3 « mi ») : « Impossible, j’ai même pas fini la partie 1 et pas fait la 2 ni la 3. » Vous, intérieurement : « Gniark, gniark, avec mon 14, à moi la meilleure note, cette fois je l’ai pas volée ».

Dans « Top Chef », cette année, il y a Naoëlle. Naoëlle travaille au Bristol, c’est la meilleure de loin et elle remporte toutes les épreuves. Du coup, elle énerve un peu tout le monde parce que personne d’autre ne peut avoir le « coup de cœur » ou l’immunité. Mais s’il n’y avait que ça. Naoëlle pourrait modestement (ou non) assumer son statut de meilleure et la mettre en veilleuse. Mais NON ! Naoëlle c’est le retour de la copine du bac blanc ! Hier, elle s’est retrouvée en « dernière chance ». Nous savions tous, ses adversaires, les chefs, et nous téléspectateurs, qu’elle ne craignait rien. Pourtant, Naoëlle est entré dans une transe insupportable lorsqu’elle a considéré que son gnocchi de courgettes n’était pas parfait. « C’est de la merde, c’est NUL ! », a-t-elle asséné, avant d’éclater en sanglots. « J’ai foiré, c’est minable », a-t-elle emmerdé ses compagnons d’infortune qui, n’étant pas non plus de sa famille, ont dû se dire qu’une première place était enfin possible pour eux.

Pourtant, alors que les plats défilaient devant le jury, celui de la demoiselle a, une fois de plus, emporté tous les suffrages. Pour la simple et bonne raison qu’il était plus joli, plus travaillé, différent et manifestement « gourmangue », bref, c’était le meilleur, quoi. A l’annonce de son nom, Naoëlle a alors à nouveau fondu en larmes épaisses, manifestant de manière absolument insupportable son stress de perfectionniste ne supportant pas de ne pas être sur la plus haute marche du podium, préférant se dire « NULLE », cherchant ainsi à la fois à conjurer le sort mais aussi à éviter toute médiocrité, optant pour la nullité, toujours préférable à ses yeux.

Naoëlle, cela faisait un petit bout de temps que je sentais ce potentiel chez toi, et tu m’en as donné la preuve hier soir. Et faire revenir ces souvenirs de frustrations et d’exaspérations adolescentes aujourd’hui enterrées, ça, je ne te le pardonnerai pas.

Ah oui, vous l’aurez compris, au bac blanc, j’ai eu 10,25 et  ma Naoëlle 18. Bien sûr.

Marre d’Alessandra Sublet, la « maman débordée » qui se regarde le nombril !

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Alessandra Sublet, je l’aimais bien. Avant. Avant qu’elle accouche de sa petite Charlie et vienne nous bassiner à longueur d’interviews avec ses petits maux quotidiens physiques et psychologiques de jeune maman, comme si nous découvrions toutes à travers elle les aléas de la maternité.

Déjà, il y a eu son baby-blues, sur lequel la demoiselle s’est largement répandue, décrivant dans les menu détails ce passage difficile dont nous n’avions, bien entendu, jamais entendu parler avant elle, n’est-ce pas Eliette Abecassis ? D’ailleurs, bonne nouvelle, Alessandra devrait prochainement commettre un livre sur le sujet, afin d’aider toutes les mamans qui, comme elle, ont traversé cette épreuve. Merci, Aless, les mondes médical et littéraire t’attendaient.

Depuis, ça va mieux merci, mais la belle continue pourtant son auto-analyse par médias interposés en disséquant désormais avec les journalistes qui veulent bien l’écouter (et ils sont nombreux) son quotidien de maman qui travaille. Avant, nous apprend-elle, elle arrivait au bureau à 9h (ouah !), travaillait d’arrache-pied pour ne repartir que tard après la fin de l’enregistrement de « C à vous », émission de qualité qui doit, reconnaissons-le, une grande partie de son succès à la sympathique et pétillante présentatrice préférée des français. Pourtant, si la jeune femme travaillait d’arrache-pied avant la naissance de sa fille, elle a décidé de changer de rythme après la naissance de sa fille. Dans Paris Match, elle déclarait ainsi : « Je prépare l’émission de moins en moins. La première année, j’étais au bureau de 9 heures à 21 heures, désormais, j’arrive à 15 h 30 ». Ah mais nous, pauvres mamans godiches que nous sommes, on n’avait pas pensé à faire ça ! En tous cas, c’est ses collaborateurs qui doivent être contents.

Aujourd’hui, rebelote et retour d’Alessandra Sublet dans les colonnes de Télé Star pour une énième interview-confession autour de… Charlie, de Clément et de la difficile conciliation maman-boulot. Tiens donc. Et là, Alessandra nous y apprend que, outre le fait qu’elle se sent de « moins en moins féministe depuis qu’elle est maman (sic), il [lui] semble impossible d’être à la fois une working girl, une bonne épouse et une bonne mère ! Pour [elle], le féminisme, c’est prendre soin de soi et arrêter d’être l’homme et la femme. Chacun à sa place ! ». Passons sur la diatribe qui ferait trembler d’effroi Elisabeth Badinter et revenons aux astuces de notre bonne copine journaliste pour concilier vie pro et vie perso. « Je culpabilise affreusement quand je pars de la maison à 10h », nous apprend Alessandra. Quoi ? A dix heures ?!! Hou la maman démissionnaire qui part aux aurores ! Du coup, elle réfléchit à un rythme beaucoup moins soutenu pour l’année prochaine (sic), afin de donner à son bébé toute l’attention qu’il mérite…

Je trouve personnellement le discours de Miss Sublet parfaitement méprisant et relativement choquant lorsqu’on réfléchit au quotidien des millions de mères qui travaillent. Pour celles qui trouvent leur équilibre en conciliant une carrière ambitieuse et des week-ends en smala, ou encore celles qui, n’ayant pas le choix, font les 3 huit pour nourrir une famille qui s’organise comme elle peut, les petites lamentations mi-égocentrée mi-donneuses de leçon de notre trentenaire en vacances un mois sur deux commencent à être gonflantes.

Tout ça pour dire que si Mademoiselle Sublet souhaite quitter son 15h30-21h pour « souffler un peu » (pfiou !), se consacrer à son Goncourt sur la dépression post-natale et prendre soin d’elle pour son homme Clément qu’on commence à connaître sous toutes les coutures, grand bien lui fasse, mais qu’elle cesse de nous chauffer avec ses petits problèmes de riches et ses tracas de maman débordée. Ah mais non, je suis bête, on la verra la semaine prochaine dans Voici puisqu’elle est en vacances cette semaine. Mais bien sûr, la star ne manquera pas d’attaquer l’hebdomadaire pour atteinte à la vie privée. bha oui quoi, de quoi ils se mêlent, ceux-là ? Son Clément, sa Charlie, c’est son jardin secret !

Aux Cesar 2013, Kevin Costner s’est endormi ! Et nous aussi…

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Que dire que cet incroyable cliché ne révèle déjà ?

Oui, la cérémonie des César 2013, que j’attendais avec tant d’impatience et de fébrilité stalkeusienne, était bien chiante.
« Amour » a tour raflé, comme prévu (actrice, acteur, film…), ne laissant aucune chance à des gens bashables type Marion Cotillard de prendre la parole (« T’es une belle personne, Ludo. »). « Camille redouble » à tout perdu et Patrick Bruel ne sera sans doute jamais meilleur acteur. Bref, une soirée bien triste, ponctuée heureusement par quelques instants de grâce, comme lorsque Valérie Benguigui reçut le César de la meilleur actrice dans un second rôle pour « Le Prénom« , insufflant à cette remise des prix scolaires et constipée un vent furtif d’émotion.

Il y eut aussi Laurent Lafitte, le plus drôle d’entre nous, funambule gracieux qui parvient, chaque année, à faire l’unanimité. Il y eut François Damiens et sa divine folie belge, et Jamel en manque total d’inspiration, rendant même hommage à sa meuf, pris d’une crise de Domenechisme aigüe (je sais pas quoi dire, tiens, je vais parler à ma meuf). Et pour clore tout ça, Jean n’était pas là.

Aucune gaffe, de clash ou de moment de solitude, à part celui de Kevin Costner, donc, invité d’honneur venu recevoir un César d’honneur (ne me demandez as pourquoi) qui, après son speech de remerciement torché et son César embarqué, s’est tapé un petit roupillon tranquillou dans le public pendant qu’on récompensait nos vieillards magnifiques. Non mais Kevin, si tu te fais chier, tu nous le dis.

Un lauréat belge a remercié ce soir l’organisation pour cette soirée « modeste mais néanmoins sympathique« . Voilà, c’était ça, quoi, en un peu moins bien.
Demain, les tabloïds américains titreront : « Kevin Costner gets standing ovation at the French Oscars and then falls asleep in the audience ».

Vive le cinéma français !

Etre ou ne pas être « jitébeule »

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Bret Easton Ellis, génie littéraire du siècle dernier devenu twittos obsessionnel boutonneux, l’avait bien prédit lorsqu’il avait annoncé que pour devenir un écrivain (re)connu, il faudrait maintenant être Madonna. Entendez par là que le 21e siècle n’offrira sa divine célébrité qu’à ceux qui savent se vendre.

Hier soir, Lena Lutaud, admirable journaliste people du Figaro, donnait une interview croustillante au Petit Journal de Yann Barthès, dévoilant les coulisses du dossier qu’elle venait de publier sur les acteurs français les mieux payés du moment. Outre le fait que l’on apprenait que notre gentil ch’ti Danyboon avait tenté de faire pression sur le quotidien pour empêcher la parution de l’article (il est premier du palmarès), menaçant de ne plus jamais lui donner d’interview (des menaces, toujours des menaces), ou que Marion Cotillard, gentille baba sans histoire, refusait catégoriquement de se déplacer sans John Nollet, le coiffeur des stars, Lena nous faisait également découvrir ce mot qui résume si bien notre époque, et que je ne me priverai pas d’utiliser fréquemment à l’avenir : jitébeule (« JT-able »).

Jitébeule, c’est quoi ? C’est un artiste capable de passer au JT, ou chez Ruquier, ou chez Sabatier, avec aisance, humour et décontraction ; bref, ce que l’on appelait dans le temps un « bon client ». Un artiste – acteur, chanteur ou auteur – est avant tout un produit et l’époque où, fébrilement cloîtré dans son atelier, il pouvait créer en toute quiétude sans avoir à marcher en diagonale chez Arthur semble bien révolue. Lutaud ajoutait que pour beaucoup de producteurs, le choix d’un acteur se faisait même en amont du casting selon son degré de jitébeulisme. Ainsi, un formidable comédien autiste se fera-t-il fatalement souffler ses rôles par un pétomane populaire de niveau honorable voire médiocre. Raison pour laquelle, au demeurant, on tourne autour de la même pléaide redondante d’acteurs sympathiques depuis dix ans dans le cinéma français. Etre artiste en 2013 et ne pas jouer le jeu de la promo équivaudrait à un suicide professionnel.

Pour l’acteur timide et peu disert, une seule solution pour survivre : provoquer (quitter le plateau, faire faux bond, soutenir Depardieu, fumer une clope à l’antenne). Twitter, Facebook et une énorme propension à l’exhibitionnisme (auprès des fans et des « gens du métier ») par la jeune garde du métier auront ajouté au jitébeulisme télé un facteur supplémentaire de prostitution médiatique via les réseaux sociaux. Forcé d’appâter le chaland pour avoir le privilège de faire connaître son œuvre, le créateur devra revêtir ses habits de lumière et faire le trottoir.

Le jitébeulisme aurait-il signé la mort de l’art, comme vous serez certainement nombreux à le penser ? Pas forcément. N’est-ce pas grâce aux ventes gargantuesques des romans annuels de Marc Levy, beau gosse cultivé et spirituel adulé des animateurs télé, que Robert Laffont peut, chaque année, publier les premiers romans d’écrivains qui, jitébeules ou pas, ne seront de toute façon jamais invités chez Denisot ? D’autre part, on peut être à la fois le plus jitébeule d’entre nous, refaire sa tête de chameau pour la 1000e fois sans exprimer la moindre lassitude mais aussi rapporter en métropole la première statuette dorée jamais offerte  au pays. Ah, Jean…(soupir)

Quant au jitébeulisme, il peut parfois être pratiqué avec un excès qui finira par agacer plus qu’il ne séduira : Lucchini, Mathilde Seigner ou Franck Dubosc, s’ils sont toujours bankable, peuvent néanmoins créer un trop-plein chez le téléspectateur, lassé d’assister trop fréquemment au show rabâché de ces comédiens venus vendre leur soupe et leurs fesses sur les plateaux.  Finalement, pourquoi se déplaceraient-ils pour en reprendre une dose supplémentaire (tout ça pour 10 euros, en plus !) ?

En bref, entre bankable et jitébeule, en 2013, le pipeule va devoir jouer serrer.

La virée chez Ikea ou la règle des 300 euros en 3 heures

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Ponctuellement, chaque année environ, on retrouve le courage, voire même l’entrain sincère, pour partir un samedi aprem, en famille, chez le « géant Suédois » (non, malheureusement pas chez Zlatan Ibrahimovic mais chez son compatriote le concepteur de Grüntag qui, soit dit en passant, n’habite pas un hôtel particulier dans l’ouest parisien mais un beau triplex en tôle ondulée proche McDo et toutes commodités).

« Cette fois, on va juste faire un petit tour au libre-service, hein ! », vous promettez-vous de concert. « On se fait pas avoir par le premier étage, on fonce direct aux trucs de cuisine et autres gadgets en cire parfumée. » Enfin, « on ne reste pas plus d’une heure », concluez-vous, prévoyant quasiment un éventuel passage chez le coiffeur en fin de journée.

Vous voilà donc en route pour la ZI, chantant à tue-tête dans la voiture « Tchoupiiii et Doudouuuuu ils sont rigoloooos comme tout ! ». Rapidement parvenus au parking de M. Expedit (oh, à peine 50 minutes), vous vous garez sans encombre avant de rejoindre l’antre du meuble en kit. A l’entrée, l’aire de jeux dans laquelle la firme promet de garder vos enfants pendant que vous dépensez sans compter affiche « complet ». Vous détournez rapidement l’attention de l’enfant, lui promettant d’autres activités bien plus fun sur le chemin tracé à l’étage, et évitez ainsi un drame lacrymal fort sonore de justesse. Ouf.

A l’étage, la fête commence. Armés du célèbre it-bag jaune à larges anses, du mini-crayon manifestement  breveté sur un panel d’inuits plutôt que sur les paumes de nordiques nourris au Gravelak et du mètre en papier (on sait jamais, épi c’est gratos), vous suivez les grosses flèches au sol, avec une discipline inédite (le passage clouté, à côté duquel vous passez invariablement, peut aller se rhabiller), craignant manifestement sans savoir pourquoi, qu’un représentant  des services de l’ordre golgoth ne vienne vous remettre dans le droit chemin avec violence. Pourtant, il existe bien des passages secrets mais nul n’ose s’y aventurer.

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C’est donc tout naturellement que vous oubliez vos belles promesses, visitant avec l’entrain d’un aventurier de Koh-Lanta au Franprix les salons reconstitués, chambres douillettes (« Réveillez-vous dans une maison de campagne suédoise« … « Ca te dirait pas qu’on refasse toute la déco de la chambre ? Hein ? Non rien. ») et autres studios adolescents multicolores, emplissant peu à peu l’immense cabas jaune d’objets aussi utiles qu’un panier en plastique ventousable de toute beauté (pour y entreposer les jouets de bain remplis de caca noir), de l’éternel et abominable dessous de plat rond en liège, et d’un réassort de planches à découper molles, les précédentes étant fendues en leur milieu.

Au rayon enfants, vous en reprenez pour 45 minutes supplémentaires, attendant mollement que Titi ait fini de tester le laidissime fauteuil oeuf qui tourne, le train en bois, le tableau à craie, avant de passer et repasser indéfiniment dans le petit tunnel dans lequel se pressent ces clients de moins d’un mètre, se bousculant, se mordant, se toisant avec haine et défi (« T’approches j’te pète le nez avec la casserole en balsa »). Ca craint, viens on se casse. « Naaaaaan Ze VEUX des peluuusses. » Fin de l’acte 1. Il s’est écoulé 1h15. Quant à votre panier jaune, il est rempli à ras bord. Passage au sous-sol.

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Oh, des couteaux, on en a toujours besoin !! L’homme prend racine, retrouvant certainement sa condition première de chargé du chopage de Mammouth à mains nus. Il lui FAUT des couteaux ENORMES. NOW. Vous, vous partez flâner au rayon verres. Avec l’enfant. Grosse erreur. Après près de 2h passées à déambuler chez le géant surchauffé à bloc (en vous séparant de vos blousons, il semble que le Zlatan du meuble cherche à vous étourdir, vous faisant oublier, dans ce lieu sans fenêtres, l’heure, l’ailleurs, vos amis, votre vie, votre compte en banque…), Titi passe en mode cocotte, s’effeuillant à grand renfort de cris étranges, jetant dans les délicates pyramides de verres à pied au prix attractifs pull, écharpe, bonnet et même l’applique étoile pour laquelle la fameuse sortie avait été décidée originellement. Vite, suivez les flèches.

Tapis persans et bariolés laissent bientôt place à ces fameux tableaux aux auteurs inconnus (leurs acheteurs espèrent-ils qu’un jour, sur un malentendu, ils prennent de la valeur, ou choisissent-ils en toute innocence leur déco picturale en fonction de la teinte globale et de la dimension de l’oeuvre ? Mystère).

En tous cas, cette fois-ci, c’est décidé. Quitte à être là, vous prendrez une de ces plantes vertes à bas prix qui manque tant à votre intérieur ! En fin de parcours, le rayon végétal a souvent raison de votre patience.

– « Tu préfères quoi ? demandez-vous avec le bâton de batterie interne qu’il vous reste. Yucca ? Palmier ? Ho, ou ce gros binz, là, avec le tronc tressé et les trois feuilles qui pendent ? »

Sllence.

– « Alors, laquelle tu préfères ? »

– « Mmh… comme tu veux. »

– « Bha non, toi comme tu veux, c’est quand même notre salon. »

– « Ah, tu veux la mettre dans le salon ? »

– (gardant votre calme) « Bha ouais, on a déjà parlé 1000 fois, non ? »

– « Mmh… »

– « Bha sinon où ?

Hein ?

Silence

« T’écris des textos ? T’écris à qui ? »

– « Hein ? »

– « Putain mais t’en as rien à foutre de la plante verte ? TITI putain qu’est-ce que tu FOUS laisse ces feuilles !!! »

– « Mais c’est pour toi maman ! Des fleurs, cadeaux !

Putain vous faites chier.

– « Nan mais j’aime pas les plantes vertes e fait, c’est plouc nan ? Epi regarde ce qu’il va lui arriver de toute façon à ta plante. »

Vous vous sentez seule dans cet Eden végétal.

Vous n’aurez jamais de plante verte.

Ni de bougies parfumées, ni de lampe de bureau d’ailleurs car, le géant saumoné ayant décidé de ne rien changer à son parcours fléché en 25 ans, c’est toujours aux mêmes rayons que vous calez, entassant les dessous de plat en liège sans être jamais parvenue à avoir un éclairage digne de ce nom.

Allée 20 rang 8, vous passez prendre votre Mölga brun foncé, que vous avez bien failli confondre avec une Mälm, ce qui n’a rien à voir, vous en conviendrez (hahaha). Un petit passage en caisse et hop, vous serez bientôt débarrassés de cette réjouissante activité en famille qui, pourtant, vous emballe de moins en moins. Titi fait du skate avec vos caddies (oui, vous en avez maintenant deux), éparpillant Åkerkullås, Promenåds, Bervelågs et Ekknes. Quant à votre queue, il semble que, pour changer, vous ayez choisi la pire (des études tendent à prouver que le sentiment d’avoir choisir la file la plus lente dans un supermarché ou au péage soit inhérent à la nature humaine. Mouais.)

Vous parviendrez pourtant à faire biper vos 40 articles (vous le savez, car ce total vous a interdit le passage en caisse rapide 15 objets maximum), dont vous seriez bien en peine de faire l’inventaire.

Quand enfin la caissière annonce le tarif total de votre petite sortie en ZI pour acheter une veilleuse d’enfant chez le roi du design à prix discount, vous n’en croyez pas vos oreilles. 257 euros ! Pour des serviettes en papier ?!!!

Votre mec sourit beaucoup moins. Vous aussi. Quant à Titi, il est bien trop occupé à boulotter son 15ème Dubbla Chokladflarn, les succulents sablés au chocolat vendus dans des boîtes à chaussures sans couvercle (bim dans le sac).

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Dehors, il fait nuit.

Sur la route, des couples pomponnés se pressent vers la capitale pour aller guincher pendant que vous, sales et mal attifés, tentez de rejoindre vos pénates avant le générique de The Voice. C’est clair, il y a des embouteillages.

Vous aimeriez pouvoir sourire à votre concubin histoire de le remercier d’avoir accédé à vos desiderata (« Steuplééé on va chez Ikea attends on va s’éclater on mange un hot-dog à 1 euro [hameçon], on chope la lampe, des serviettes en papier et des bougies et on rentre ! ») mais vous ne pouvez pas.

Entre lui et vous, un carton de 2,50 m tente de se faire une place. Quand vous tournez les yeux, tout ce que vous pouvez lire c’est « Billy« .

Plus tard, vous niquerez un peu plus encore votre capital jeunesse en enfonçant avec cruauté vos paumes dans la célèbre clé Allen fournie par le géant sournois, officiellement persuadé que vous parviendrez avec ce trombone à enfoncer de très longues et épaisses vis cruciformes dans des trous de la taille de celui d’une punaise. Combien de familles éclatées, de divorces urbains, de crimes domestiques sont à imputer à la firme ? Vous vous promettez d’enquêter prochainement rêvant même, grâce à vos investigations, d’accéder à une célébrité bien méritée en faisant reculer, pour la première fois depuis des décennies, les terribles chiffres des séparations hexagonales.

Finalement fière, vous vous dites que si, en cinq ans, la terrible nymphette jaune et bleue n’est pas parvenue à faire vaciller votre couple, c’est qu’il est solide, lui.

Ce qui ne semble pas être le cas du panier en plastique ventousable si pratique qui, pour la troisième fois… BIM !