Fake me I’m famous

fake

 

Bienvenue dans les faketies, les années où le faux est roi.

Nabilla, Sébastien Patrick, les comptes parodiques des célébrités, Zara, les faux seins, les faux sites d’infos, les extensions… Voilà ce qui cartonne aujourd’hui. L’authenticité à assez duré, place au bon gros toc qui tâche, assumé sans complexe voire même avec fierté, puisqu’être fake en 2013 ne semble plus déshonorant, bien au contraire.

 

Prenons Nabillla, dont on ne comprend toujours pas par quelle obscure torsion du champ de la normalité une gigantesque partie de la population hexagonale en est venue à s’intéresser à cette non-personne. Totalement exempte d’une quelconque épaisseur intellectuelle, la poupée inhabitée n’est représentée que par son enveloppe ouvertement factice, lippue, outrageusement nichonnée, littéralement plastifiée. C’est pourtant à cette étrange créature étendard du fake que les médias – et pas les moindres – ont béatement choisi de consacrer toute leur attention, fascinés par tant d’inauthenticité mâtinée d’une prétendue naïveté touchante.

 

Plus récemment encore, une chanson, « Et quand il pète il troue son slip » (oui, je sais…), parodie des airs potaches de l’ami Sébastien interprétée par Cartman, a détrônée Daft Punk sur iTunes. « Putain de belle époque », a commenté Benjamin Biolay. La faute au debilestream, pensez-vous ? Un peu… Mais pas que. Sur Twitter, de nombreux comptes parodiques de célébrités, notamment ceux d’Olivier Giesberg, de Zlatan Ibrahimovic ou de Dominique Strauss-Kahn ont depuis longtemps dépassé en notoriété ceux de leur original, beaucoup moins LOL il est vrai (seule Christine Boutin, « plus vraie que nature », comme on dit, parvenant à mettre à terre tout potentiel faux compte). Quant à « Un air de star », l’émission (nulle) où des célébrités qu’on ne connaît pas se déguisent en « sosies » de Lady Gaga, elle se targue de réunir sur son plateau le gratin du show-bizness international sans que quiconque y trouve à redire.

 

Qu’il s’agisse de copies n’a plus d’importance. Les faux seins ou les faux cheveux, ça fait longtemps que les ados les ont intégrés, ne les assimilant aucunement à une quelconque contrefaçon ou mensonge vis-à-vis d’autrui, mais plutôt comme une amélioration de la réalité. Revendiquer le vrai, l’authentique, c’est aujourd’hui faire preuve d’une ringardise assez méprisable. C’est refuser le progrès et, surtout, faire montre de peu d’humour. En gros, le toc, c’est chic et le vrai bon fake franc du collier.

 

Bien loin de chercher à tromper son monde, le fake swag s’affiche fièrement, à l’instar de ces faux sites d’infos qui fleurissent, comme le gorafi ou quoidenews, lesquels parviennent, tout en détournant de manière parodique des actus plus ou moins réelles à faire passer parfois plus clairement, le même message que l’info authentique initiale. Quant à leur succès grandissant, il tendrait à prouver une nouvelle fois qu’une tendance à préférer le fake LOL à l’authentique paradoxalement jugé moins honnête se profile.

 

Un retour en arrière semble bien inenvisageable dès lors que nous mêmes soumettons nos propres corps à des transformations considérées par les grincheux comme « de la triche » mais dont la future généralisation à grande échelle en fera bientôt un non-sujet. Quid de l’art, me direz-vous ? Paul Valéry, qui n’était pas le dernier des cons, disait que c’est en copiant qu’on invente. Quant à La Rochefoucault, il déclarait que « les seules bonnes copies sont celles qui nous font voir le ridicule des originaux. »

Le succès actuel des copies serait-il donc dû à un rejet massif d’originaux jugés… trop fake ? Fort possible…

Fake off !

Publicité

Une réflexion au sujet de « Fake me I’m famous »

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s