La mémoire des hommes

Cluzet bonneton

François Cluzet a ENFIN trouvé le grand amour ! A 60 ans rendez-vous compte, ouf, il était temps. C’est en effet ce que ce brave homme nous narre avec extase dans le Paris Match de cette semaine, sur lequel il pose fièrement avec Narjiss, sa mie, ancienne directrice de communication qui, pour LUI, a décidé d’arrêter de travailler (sic).

Mais donc, est-ce vraiment à dire que le malheureux errait seul dans son grand appartement haussmanien depuis toutes ces décennies, conversant tristement, à la nuit tombée, avec ses César dans le silence pesant de ce bonheur confortable qui ne demandait qu’à être partagé ? Que NENNI ! Non, François a été marié, a quatre enfants de trois femmes différentes, dont deux petits derniers, de 14 et 9 ans, élevés avec Valérie Bonneton (aka Fabienne Lepic), la femme qui partagea son quotidien durant plus d’une décennie.

« Elle m’a donné le goût du bonheur », « avec elle, je suis comme un prince », François dégouline sans se lasser dans les colonnes de l’hebdomadaire qui n’en demandait pas tant avant de conclure, pas peu fier : « J’ai réalisé mon rêve : JE SUIS AIMÉ ». Classe.

Il y a quelques semaines, avant de se faire congédier comme un malpropre pour coup de caniferie dans le contrat, Sean Penn avait déclaré à propos de Charlize Theron : « avant elle, je n’avais jamais vraiment aimé », écrasant avec mépris les deux décennies vécues (endurées ?) auprès de Robin Wright, celle qui torcha les culs de ses deux rejetons pendant que monsieur combattait ses démons au fond du jardin de la demeure familiale dans sa caravane parce que vous comprenez, un bad boy comme Sean, ça ne s’enferme pas entre quatre murs, non madame. Dans un autre genre (plus français et ventripotent), notre éminent Président avait lui-même, il y a quelques années, crânement balancé au magazine Gala que Valérie Trierweiler était je cite la « femme de sa vie » [pause Rires], chiffonnant sans vergogne les trente ans passés avec la dame du Poitou et leurs quadruple descendance.

Mais que se passe-t-il donc dans la tête de ces quinquas énamourés, lobotomisés par les prémices d’un amour naissant, plus gagatisés qu’une adolescente frétillant devant les One Direction, pour qu’ils oublient aussi ostensiblement leur passé ? Pourquoi diable éprouvent-ils le besoin de balayer l’avant d’un revers de la main, de l’effacer honteusement comme une idylle de vacances avec un maître-nageur à gourmettes ? Pensent-ils vraiment qu’il faille nier quelconque engagement envers la femme qui a précédé la merveille qui soigne leurs jours nouveaux pour que leur histoire nouvelle soit rendue plus crédible ?

Sachez-le, messieurs qui peinez autant à vous rappeler vos jeunes années sentimentales que des dates d’anniversaire ou des numéros de la babysitters : prétendre découvrir l’amour à cinquante ans est déjà d’un ridicule patenté mais, pire encore, chier allègrement sur les serments et les projets partagés avec ses ex, le tout au vu et au su de tous, enfants compris, est d’une inélégance rare qui ne présage rien de bon concernant le sort qui sera réservé à la nouvelle. Arguer qu’on a décidé de fonder une famille avec une femme qu’on n’aimait pas est tout aussi idiot et maladroit que de cracher sur son ancien employeur en entretien d’embauche, que les nouvelles élues se le tiennent pour dit…

… Et gardent toujours à l’esprit la loi dite de Ségolène : « qui a trahi, trahira ». Na !

Les filles vulgaires

  
Il y a un truc avec les filles vulgaires. Hier, alors qu’on devisait people est venu sur le tapis le cas Emilie Rajamachin, puis Kate Upton, et enfin la nouvelle nana de Justin Bieber, sorte d’ovni prépubère au corps de liane surmonté de seins plus gros que sa tête (chacun). « Hyper moche ! », « disproportionnée ! », « ridicule, horrible », éructaient les filles de l’assemblée, alors que le seul homme en présence ne pipait mot, les yeux exorbités devant ces silhouettes girondes et ces minois lippus. « Et toi ANTOINE T’EN PENSES QUOI ? », l’avons-nous alors interrogé avec agressivité, avant qu’il se renfrogne un peu, acculé, contraint de répondre sur le champ sans commettre de faux pas, tremblant d’avoir à se faire le représentant de la gent masculine dans son ensemble à lui seul. Et de finalement lâcher :

« Oh, elle est vulgaire… »

Accompagné d’un haussement d’épaules coupable.

« VULGAIRE MAIS GRAAAAVE ! BEUUURK ! CACA ! », ont beuglé de plus belles les filles, rassurées, confortées dans l’idée que non quand même, des femmes comme ça, c’était vraiment pas le genre à plaire aux hommes.

Et pourtant, une révélation m’est alors venue, au souvenir de cette même petite moue que font tous les hommes lorsqu’ils dégainent, pour nous rassurer, le fameux « oh elle est vulgaire ». Une moue qui exprime le désir, le danger, l’encanaillement et l’envie de faire pouet pouet à ladite vulgaire aux paupières irisées, à la jupe trop courte, au décolleté trop profond, aux racines trop sombres, à la bouche trop suggestive, aux ongles trop longs, aux talons trop compensés, au parfum trop sucré, bref, à cet aimant à libido masculine qui n’a finalement contre elle que la fatale impossibilité de pouvoir plaire à maman, et de provoquer trop d’attraction auprès des copains dont on sait bien ce qui se passe dans leur tête, les salauds. Ajoutez à cela qu’il semble difficile de superposer l’image d’une pin-up de supermarché avec celle de la madone qui donnera une descendance à son observateur, la fille vulgaire n’a que peu d’espoir de devenir l’officielle d’un autre homme qu’un joueur de ballon rond (lesquels, au contraire, mesurent leur réussite amoureuse au tour de poitrine et au volume de silicone réparti dans l’être pailleté au côté duquel ils se déplacent).

Bref, si le concept de vulgarité est avancé par les mâles pour nous rassurer sur l’objet de notre effroi, il semble en fait qu’il s’agisse d’un subterfuge potentiellement appris à des rangs d’oignons d’adolescents au cours d’un de ces fameux stages d’apprentissage dont je reste persuadé qu’ils doivent bien en suivre un secret pour avoir tous la même technique d’enfumage calibrée. Je le vois bien, le vieux de la vieille avec son sifflet et son livret en 10 leçons de survie en milieu hostile (soit en société mixte et adulte ou, pire, en COUPLE) :

– BON, les mecs, leçon n°4 : la fille ultra bonnase !

Brouhaha dans l’assemblée, sourires aigrillards des adolescents encore bien inconscients des emmerdements qui les attendent dans la vie.

– VOS GUEULES ! Rigolez pas ! Ca peut vite dégénérer ce type de situations et vous y serez confrontés plus d’une fois. DONC, ce qui arrive : bobonne arrive vers vous avec un magazine et pointe du doigt un missile à la carrosserie pas catholique, au regard qui ferait exploser l’objectif. Et là, votre gonzesse vous demande, attention c’est un classique les gars : « TU LA TROUVES COMMENT ? » [Silence] Vous répondez QUOI ?

– Euh… « moche ? »

L’adjudant meuf, abattu par tant d’ignorance crasse, faisant mutiquement « non » de la tête comme un chien de plage arrière mais en mode horizontal :

– Mais NAN ! Trop grillé ! Elles sont pas non plus complètement cons les bonnes femmes, ce serait trop simple.

Un autre :

– Euh… « Jolie mais c’est pas mon genre ! »

– MIEUX ! Pas encore parfait mais mieux. Quelqu’un a une autre suggestion ?

– Bha… : « elle déchire tout ? »

– Ouais… Tu peux la tenter, ou décider direct de prendre une corde pour te la foutre autour du cou. NAN MAIS qu’est-ce que je vous ai appris ! N’AVOUE JAMAIS, oh, les gars, je chie dans un violon ou quoi ? Vous êtes pas censés mater les gonzesses, ni en avoir envie, ni trouver bonnes les nichonnées crêpées. Croyez-le ou non mais vous êtes censés scotcher que votre bonne femme.

Rires dans l’assemblée. Et des « Nan mais elles croiront jamais un truc pareil, si ? », incrédule.

– VOS GUEULES ! Alors vous notez : « TU LA TROUVES COMMENT ? », flèche, réponse deux points : « VULGAIRE », ça passe crème. Ca veut tout et rien dire et allez savoir pourquoi, ça les rassure.

– Mais chef, elles vont pas comprendre que vulgaire, ça veut dire bonne ?

– Note, j’te dis. Tu verras.

– Ben ça alors. Merci du tuyau, chef. Et chef, la prochaine leçon, c’est quoi ?

– Leçon n°5 : je réponds quoi à : « Tu trouves que j’ai grossi ? » Mais bon, celle- là on la fera en deux séances, c’est compliqué. Allez les gars, vous avez bien bossé et vous oubliez pas, hein MOTUS.

– OUI, CHEF !

Le tote bag est-il l’avenir de la femme ?

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Il y a un petit bout de temps, je vous avais parlé de la tragédie domestique du sac à sac (et du sac à sac à sac). Pour ceux que ça intéresse, sachez-le, après la mise en poubelle pure et simple de ces encombrantes boules de plastique imbriquées, celles-ci ont fatalement repris leurs droits, comme de petites bactéries inéradiquables et réinvesti tranquillou mon intérieur pour le plus grand malheur de mon tendre concubin. Mais ceci est une autre histoire.

Car il est un nouveau mal (ou pas) qui semble toucher les citadines de l’an 2015, et par extension leurs micro-domiciles payés à prix d’or le mètre carré habitable : je veux parler de l’envahissement de ceux-ci par les discrets mais fort sournois… tote bags.

Kezako un tote bag ? M’enfin, d’où sortez-vous ? Le tote bag, c’est ce rectangle idiot de tissus beige, bien souvent auréolé (à tort) d’une caution développement durable, et toujours siglé et offert de bon cœur par des marques qui, sous couvert de vous faire don d’un bel objet gratos dans lequel transporter vos petits tee-shirts à 200 euros pièce, viendront sournoisement coloniser votre espace visuel, ménager, porte-mantiers ou poignée de portiens pour ne plus jamais les quitter.

Ouvrez les yeux. Dans le métro, combien sont-elles, ces femmes innocentes, docilement sanglées dans ces bardas publicitaires emplis de couches, d’ordinateurs, de magazines, de vêtements de gym jamais utilisés, de goûters pour les enfants, de seaux, de pelles, de râteaux, faisant office sans rébellion de femme sandwich pour Comme un camion, Claudie Pierlot, Comptoir des cotonniers, leur pharmacien, leur poissonnier ou, dans 80% des cas, tout bêtement pour The Kooples (originalité colorimétrique oblige) ?

A l’école, au boulot, sur leurs vélos, elles en portent toutes, avec un naturel qui frôle l’endoctrinement.

Et chez vous, chez moi, surtout, vous en prenez conscience, ils sont là, même pas tapis, fiers, pendus à TOUTES les poignées de porte de la baraque. Même pas vidés, le fond remplis d’un monceau de petites merdouilles que vous pensiez à jamais perdues (miettes de biscuits, tétines, briquets, tickets de métro, piécettes même pas cuivrées, bouquins jamais finis, JDD de févier encore soigneusement plié), ils ont pris possession des lieux, eux aussi, roulés en boules dans leurs frères plus grands, reproduisant, ô, horreur, l’enfer du sac à sac en format lin prétendument équitable.

Merde.

Que faire ? Les balancer ? Impossible. La citadine ne saurait dorénavant envisager sa vie sans lui. Ce putain de tote bag dont on parle si peu et qui, pourtant, aura phagocyté nos vies plus encore peut-être que les PC, les tablettes et toutes ces conneries de gadgets dont on se passait bien avant.

D’aucunes diront que le tote bag est le nouveau it bag. Du calme.

Disons qu’il fait office de troisième bras, ou plutôt qu’il sera enfin parvenu, après des siècles de béance fonctionnelle, à pallier cet immense défaut de fabrication qui donna à la kangouroute, cette garce, une poche intégrée, laissant la pauvre femme, et plus encore la mère, seule avec ses deux pauvres bras, ses poches étriquées par ses foutus slims et son vieux sac à main rempli d’ancestraux bouts de pain.

God bless le Tote B ! Et tant pis pour les poignées de porte (et les ires de mon concubine).

La surpéchade de Benzema

woman singing in bath shower

C’est un concept que nous avons tous identifié mais que beaucoup peinent à nommer, la langue française comprenant, une fois n’est pas coutume, un vide notoire en la matière : je veux parler de la surpéchade.

Du verbe « pécho », originellement « choper », ou « sortir avec » qui, associé au préfixe « sur », décrit magistralement bien un phénomène récemment illustré de manière non moins magistrale par « notre » footeux Karim Benzema tombé on ne sait trop bien par quel miracle dans les filets de… RIHANNA. Dans ce cas précis, où une star du top 10 mondial de la staritude extrême se met à la colle avec un ancien moche à bob Gucci opportunément mis en lumière par quelque exploit éphémère, on parle bien évidemment de surpéchade.

La surpéchade, c’est un peu comme lorsque une jolie fille nouvelle au collège octroyait ses faveurs pour une raison inconnue à un blaireau de votre classe, se trompant sans le savoir sur la marchandise et la cote réelle dudit blaireau (par ailleurs rapidement congédié avec dégoût). C’est un peu, surtout, comme lorsque, totalement sous le charme de ce prof de ski si sexy dans sa combi ESF et sous son bronzage saisonnier, vous élaboriez mille stratégies pour le faire venir en vos terres avant de vous rendre compte, écoeurée et un brin honteuse, que vous vous baladiez avec l’équivalent de votre cousin d’Evreux dans votre quartier, tentant frénétiquement de vous protéger, vous et Queue de rat, des rencontres inopportunes que vous pussiez faire. Argh.

Ne vous y trompez pas, la surpéchade n’est pas contractuellement liée à l’argent, au physique ou au statut social de ses protagonistes. Elle relève plutôt d’une incongruité de catégorie globale qui fait que, lorsqu’on croise les deux membres d’un couple, il est absolument évident que l’un d’entre eux ne boxe pas dans sa catégorie. Comme lorsqu’au tir à la carabine ou à la pêche aux canards, la dame vous disait : «Tu peux choisir entre cette ligne-là (celle des pétards et des pistolets en plastok moche) et celle-ci (celle des balles rebondissantes fluo et des mini-peluches effilochées) » et que vous demandiez, sûre de vous, le très gros nounours accroché au plafond du stand.

Pour exemple de surpéchade notoire : Fabien Barthez et Linda Evangelista, Laurie Cholewa et Gerard Butler, Jennifer Anniston et Brad Pitt, Céline Balitran et Georges Clooney…

Sachez-le, la situation la plus propice aux péchades hors catégorie normée reste les vacances estivales. C’est bien connu (ou si vous ne le savez pas, profitez-en, c’est la saison), pour surpécho, le meilleur plan consiste à taper dans le touriste. Délestée de ses mille et une jeune filles post-pubères  parties bronzer leurs nombrils à l’air sous des cieux bien plus ensablés, Paris en août devient en effet le terrain de jeux des vieilles travailleuses ! Ainsi, lorsque suédois, british et autres ritalisants au poil soyeux débarquent sur le bitume pour demander leur chemin ou s’encanailler dans la nuit parisienne PAF ! c’est à ce moment précis qu’il est temps de briser les frontières, et de choper plus haut que son cul. L’estivant n’y verra que du feu car, peu habitué aux normes en vigueur de ce pays inconnu, il admettra qu’il est absolument normal que vous osiez vous considérer à sa hauteur. Effet boule de neige oblige, à vous les mannequins allemands et les beaux gosses ricains babas devant tant d’assurance hexagonale (« Tou è si beelle yé t’aime ! » « Moi ? Ha bon ? Hahahahahihihi »).

La surpéchade est évidemment praticable tout au long de l’année (et de la vie) pour qui assume les regards envieux et circonspects des jalouses qui concluront et c’est tant mieux que vous êtes un super bon coup.

Quant à Karim, qui tente manifestement d’atténuer l’écart immense et manifeste qui le sépare de son improbable conquête à coup de nouvelles fringues bien trop clinquantes pour être honnêtes, on lui souhaite comme à tout surpêcheur qui se respecte de profiter un maximum de ce malentendu dont il se souviendra plus tard avec émotion mais dont son ex, elle, ne s’enorgueillira pas forcément à l’heure du bilan…

Bravo, Karim !

Le cas Vanessa ou le « Mais bien sûr y’a PIRE !! »

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Si un jour vous êtes triste, vous avez un gros chagrin d’amour ou d’ego, sachez qu’il existera toujours un cas pire que le vôtre, en l’occurrence le cas… Vanessa.

Imaginez que vous ayez 42 ans, que vos cheveux se soient mis à pousser de manière totalement anarchique après un attentat capillaire perpétré par un pote coiffeur, que votre ex vous ait quitté pour une nymphette bisexuelle de 15 ans de moins que vous, qu’il titube en public au moindre coup de blues et qu’il habite au bout du monde si bien que vous ne pouvez voir vos enfants autant que vous le souhaiteriez. Imaginez ensuite que, ouf, parce que la vie n’est finalement faite que de hauts et de bas et pas si chienne en fait, un inquiétant et ténébreux tombeur de votre âge vous fasse une cour assidue comme au temps de votre Superbe, vous dévore des yeux comme si vous étiez la 8e merveille du monde sans prêter la moindre attention à votre insolite coupe de cheveux, qu’il plaque tout son carnet de bal pour votre vieille carcasse émoustillée et vous appelle « mon ange » à qui mieux mieux. Là, vous vous diriez que bha mon vieux, la vie n’est faite que de renouveau, que votre ex est une pathétique épave gothique qui se fait mener par le bout du crucifix par sa jeunette follasse, et que rien ne vaut ce second grand amour physiquement extatique que vous vivez avec le beau ténébreux à la voix pleine de cigarettes dont les intonations indolentes vous font frissonner.

Imaginez enfin qu’après deux ans, vous décidiez, comme toute bonne maman divorcée qui a pris le temps  de tester la solidité de son nouveau couple, de présenter votre amoureux gitané à votre progéniture adorée (sachant que votre ex, lui, ne s’est pas gênée pour envoyer sa greluche faire les boutiques avec votre fille pendant qu’il gratouillait bêtement sa guitare en sirotant une énième bière). Alors, vous vous diriez BON, il est peut-être temps de relâcher un peu la pression, de me dire que je suis vraiment bien, là, avec mon pygmalion hot, le soleil de LA, la vie devant moi et mes tifs qui acceptent enfin d’être pris entre quatre zyeux par le lisseur de mon pote qui s’en veut, quand même, d’avoir attenté à leur honneur.

Et c’est LÀ, LÀ, que ça arriverait.

Que trois semaines après ce pic de bliss atteint, un jour, comme ça, votre amoureux transi ne vous appelle plus du tout « mon ange » mais traverse l’Atlantique pour venir vous dire qu’il est tombé amoureux d’une autre. « , mais ça, ça m’est arrivé aussi », vous dites-vous ! Certes. Mais imaginez alors qu’il vous plante là la veille de l’anniversaire de votre fille, et que vous deviez vous y rendre SEULE en même temps que votre ex, donc, venu avec sa connasse surexcitée par cette boum pour sweet-sixteenagers (bha ouais, elle a pratiquement leur âge), le tout en scrutant votre portable parce que non, ça devait être un mauvais rêve, qu’il peut pas avoir dit « c’est un ange » il y a trois semaines et être amoureux d’une autre aujourd’hui. Ca n’existe pas, ça, en vrai.

Imaginez enfin que vous appreniez finalement que « l’autre » est une grande poufiasse en mode « Quai des brumes » qui vous fait des risettes au boulot depuis des années, vous susurrant des trucs avec sa voix nicotinée elle aussi (maintenant que vous y repensez, peut-être bien que c’est ça qui lui a plu chez elle, qu’elle soit comme lui ?), poufiasse que vous n’aviez pas vue venir, évidemment.

Enfin essayez de conceptualiser, comme si vous n’aviez pas encore assez, que votre tête pas coiffée apparaisse sur l’intégralité des couvs de la presse people au kiosque en bas de chez vous. Oui votre tête, renfrognée, collée par un graphiste sadique à celle de la pouf elle-même collée à celle du ténébreux, que vous finissez par trouver gros et irritant, avec cet air de pas y toucher en mode « bha quoi ? » qu’ont les hommes quand ils ont fait une connerie. Bref que la planète entière (et du coup votre ex et sa post-ado certainement aussi) soit au courant que vous vous êtes fait planter là…

Vous visualisez ou pas ?

Nous sommes le jeudi 4 juin 2015 et ce jour restera gravé dans les tablettes de toutes les filles et les femmes qui ont, auront ou subiront l’affront, la trahison amicale, amoureuse, la rupture, l’humiliation.

À toutes celles-là, leurs copines impuissantes pourront toujours et pour l’éternité leur resservir le cas… Vanessa.

« Mais bien sûr y’a PIRE !! »

Si vous les avez ratées, quelques lectures avant l’été

lecturesCela fait bien longtemps que je n’ai pas chroniqué mes lectures mais, au vu des découvertes que j’ai récemment faites, et des plaisirs qu’elles m’ont procurés, je reprends avec plaisir ces debriefs littéraires abandonnés.

  • Vous êtes en mode blocage, incapable de vous concentrer plus de 3 minutes sur le Voici et plus encore d’envisager l’ingestion d’un pavé de plus de 300 pages ? Foncez sur La Fille du train. Vous avez certainement lu l’une de ces critiques dithyrambiques qu’en ont fait lesdits magazines devenus vos seules substances littéraires. Eh bien, croyez-les. La Fille du train est le nouveau Les Apparences (et ceux et celles, comme moi, qui ont adoré ce thriller brillantissime de chez Sonatine n’auront pas besoin de davantage pour adouber cette nouvelle découverte). Plongée abyssale (et parfois dérangeante) dans la psychologie de trois personnages féminins dont les destins s’entrelacent mystérieusement, La Fille du train est aussi un thriller haletant que je n’ai pas pu lâcher dès lors que, debout dans mon entrée, j’ai entrepris d’en lire les premières pages avant de poser mon sac, sans lâcher le livre, puis de m’allonger sur mon lit pour en lire quelques pages de plus (avant que les enfants ne débarquent et m’assènent un plaquage dans les règles mais ça, c’est une autre histoire).
  • Vous en avez marre de lire du caca mais n’avez pas forcément envie de vous (re)taper Les Mémoires d’Outre-tombe pour vous prouver que vous valez parfois mieux que les Anges de la télé-réalité ? Optez pour Richie, de Raphaëlle Bacqué. Comme son nom ne l’indique pas (car non, il ne s’agit pas d’une bluette à la Grease où des personnages outrés flirtent en teddy), Richie est intelligent, passionnant, émouvant. Ce roman/récit retrace le destin de Richard Descoings, le très charismatique et sulfureux patron de Science-Po retrouvé mort dans une chambre d’hôtel new-yorkaise. Les amateurs de biographie adoreront cette destinée hors-norme d’un Rastignac des temps moderne à la personnalité complexe bien décidé à gravir les marches du pouvoir tout en vivant librement une homosexualité assumée et un besoin viscéral de tester ses limites jusqu’au petit jour avant de renfiler le costume sombre des énarques. Vous y croiserez DSK, les jusqu’aux-boutistes de la night du Queen, un St-Germain fantasmagorique et en apprendrez beaucoup (trop ?) sur nos élites nationales, le tout en vous laissant embarquer par le style impeccable de la talentueuse journaliste du Monde. Un régal !
  • Vous voulez vous prendre une grande bifle ? Si ça n’est pas encore fait, procurez-vous tout de suite le dernier Despentes, Vernon Subutex. Peu servi par sa couverture anxiogène, et par la réputation de son auteur qu’on associe souvent trop (à tort) à une œuvre pour punks à chiens anarchistes comme si Sagan ne s’adressait elle-même qu’aux bourgeois à bagnoles de collection, Vernon n’a pas encore rencontré l’immense succès qu’il mérite. Et pourtant, c’est un GRAND roman, comme on dit, voire LE grand roman de son auteur, au sommet de son art, qui dépeint dans cette fresque sublime de notre époque le parcours d’un post-quadra fatigué dont la vie n’a finalement jamais vraiment démarré sa chute banale dans la précarité. Il y a du rock, des dizaines de personnages secondaires d’une vérité éblouissante, des réflexions hyper fines sur la société d’aujourd’hui, et puis cet attachement irrépressible à ce héros magnifique de simplicité qui, à lui seul, exprime le mal-être mêlé d’utopies paradoxales qui définissent beaucoup d’hommes et de femmes d’aujourd’hui. La super bonne nouvelle, c’est que le tome 2 sort ces jours-ci, et qu’un 3 suivra. Alors mettez vos préjugés de côté et plongez-vous dans ce que vous n’auriez pour sûr jamais envisagé comme votre série de l’été.

Sur ce, je retourne à ma lecture d’En finir avec Eddy Bellegueule qui, décidément, prouve qu’en terme de choix de romans, il est des périodes plus que bénies.