Cyril Hanouna ou quand les petites beautés s’invitent à Matignon

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Si la TNT et ses abominations télé-réelles tendent à éteindre peu à peu leur rayonnement débilisant hors du cadre qui leur a pourtant été consigné, un nouveau phénomène inquiétant se produit cependant. Enfermés dans cette antichambre baroque de la télévision française, ses surpuissants survivants, gavés à la gloire 2.0 et forts de leurs centaines de milliers de followers extatiques, semblent avoir pris assez de force pour s’extraire de leur condition clownesque et investir… les ors de la république.

Pour preuve, lundi soir, la « bande à Cyril » (Hanouna), jamais à court de blagounettes de pensionnat, décidant d’appeler le Premier ministre, notre sévère Manouel, sous le prétexte que Mathieu Delormeau, le souffre-douleur consentant offert aux hyènes de la star de D8, aurait bien déjeuné avec lui.

« Allô Manuel Valls ? Rhihihi c’est Cyril Hanouna », qu’il a gloussé, le protégé de Bolloré, entouré de sa cour orgastique et incrédule, alors qu’au bout du fil, l’homme censé trimer 24/24h avec nos deniers se demandait ce qu’il pouvait bien foutre à l’antenne à converser avec le zigoto aux sardines. « Y’a Mathieu Delormeau qui voudrait déjeuner avec vous rhihihi. Comme Léa Salamé avec le président vous voyez rhihihi ». Et le Mathieu, comme une adolescente qu’on pousse sadiquement vers l’élu de son cœur a priori peu enthousiaste, d’oser quelques mots au catalan sans humour. « Euh… héhé… c’est Mathieu Delormeau. »

– D’abord, qui est cet individu ?

Droit dans ses pompes cirées, au garde à vous, l’ancien premier flic de France eut la réplique cinglante lors que les autres individus, ivres de la cruauté qui habite les compagnons de galère, riaient de bon cœur devant la énième humiliation de leur bouc émissaire.

– Je déjeunerai avec votre chef ! continua alors le puissant homme d’Etat, plus à cheval sur les convenances qu’une Nadine de Rotshild organisant une réception chez l’ambassadeur. Vous (le fameux Mathieu, donc) nous rejoindrez pour le café.

Merde alors. Voilà t’y pas que le bouffon des ménagères s’est donc invité à Matignon. « Salut ma p’tite beauté ! T’es trop sexy tu sais ! Nous à TPMP on t’adore, hein ! Mon Manu ! Tu regardes la télé ? Tu connais les sardines ? Et Valérie Benaïm, tu la connais ? Elle te kiffe mon biquet. » On n’ose imaginer la teneur des propos de ce face à face improbable rapetissant l’homme aux sourcils froncés au rang de jouet offert au chat surpuissant de l’access, ravi de balancer ses griffes sur le chef du gouvernement, ronronnant de surpuissance, le ventre offert à ses valets exaltés par tant de réussite chez leur idole tyrannique.

La semaine dernière, c’est « Capu », la gueulante coprésentatrice du « Mag », accessoirement et opportunément devenue compagne officielle du petit prince Sarkozy, qui se rendit à New York, accompagnée de son fidèle et élégant Benoît, sur les terres de sa proie. Sans sa Josiane mais lové contre sa nouvelle BFF orange devenue princesse consort, ledit Benoît a donc tout naturellement pris ses quartiers dans la Grosse Pomme chez Cécilia, laquelle, on l’espère, avait déserté le loft cossu, laissant le braillard trio entasser ses kilos de shopping frénétiquement enchaîné dans la cité de Woody Allen.

Alors, c’est quoi la next step ? Enora Malagré à l’Elysée ? Les Marseillais à l’Assemblée ? Le Président dans TPMP ? Dans une société du spectacle où les puissants d’hier sont en perpétuelle quête d’une large visibilité médiatique, doit-on se résoudre à l’inévitable mélange des genres qui pousse, chaque semaine, un énarque à répondre à l’interview de Closer devenu le lieu privilégié de la prise de parole politique ? Demain, les candidats en campagne viendront-ils papoter avec EnjoyPhoenix pour toucher ses millions de jeunes fans ? Emmanuel Macron ira-t-il chiller dans la chambre de Norman pour « toucher un large public » parce qu’il faut bien s’adapter, madame, à la scène d’aujourd’hui ?

Il y a quelques semaine, Yann Moix nommait Cyril Hanouna Ministre de l’Inculture, déclenchant la ire de son « aréopage de pétomanes» courroucé qu’on pût s’en prendre au maître autant qu’à ses vassaux. Et pourtant, à l’approche de la Présidentielle , et en l’absence éventuelle d’un Grand Journal probablement remplacé par un show tenu par Jean-Marc Morandini (oui…), il faudra bien s’attendre, mes petites beautés, à ce que le peoplitique tel que nous l’avons connu se meuve en une popolitique popu où les plus forts seront les meilleurs clients d’un salon cathodique transformé en foirfouille à neneus.

« Eh François ! François ma beauté ! On appelle Valérie pour faire la paix ? Allez on rigoooole mon Fafa ! Y m’fait trop kiffer ! »

Et pour revoir l’affligeante séquence :

 

T’choupi 2 : un nouvel opus faible aux relents de jeunisme

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Voilà plusieurs années que T’choupi fait son spectacle au Casino de Paris, parvenant à réunir sur son seul nom nombre de familles venues témoigner leur admiration au pingouin (oui…) devenu, avec son acolyte Doudou, le chouchou des tout petits. Pro dans l’interprétation comme dans les chorégraphies, léchées, le premier volet de ce T’choupi tour nous avait enthousiasmés. Au point que, quelques années plus tard, c’est avec excitation mais une évidente appréhension suscitée par une exigence forcément immense que nous sommes partis assister un samedi, à onze heures, au nouveau tour de force du brillant binôme.

Las, n’est pas George Lucas qui veut. Car comme beaucoup avant lui, le marsupial superstar a raté son « re ». « T’choupi fait danser l’alphabet », promettait l’Hexagonal Tour 2015, sans que l’on comprenne toutefois où l’auteur a voulu nous emmener. Perdu dans ce scénario plus mince que la carte de l’Entrecôte, la petite troupe enthousiaste peine à donner le change. Lalou et Pilou, pourtant omniprésents, ne trouvent pas leur place dans une intrigue qui laisse peu de place au suspens, et moins encore aux personnages secondaires, relégués au rang de faire-valoir d’un héros transparent, hagard et engoncé dans un personnage dont il ne parvient pas, à l’instar d’un Kev Adams toujours persuadé de pouvoir jouer les adolescents, à se défaire. Quant à son acolyte, dont la fonction comique avait fait le succès du précédent opus, il semble perpétuellement absent, ballotté de bras en bras, tête baissée, alors que ses répliques ont été réduites à peau de chagrin. Si une certaine presse a murmuré que les deux amis de quatre ans songeraient à se séparer, Doudou souhaitant poursuivre une carrière en solo (à laquelle on peine toutefois à croire), on ne peut qu’abonder dans le sens d’une rumeur à la véracité palpable.

Last but not least, les parents de la star auraient eux aussi pris leurs distances, en témoignent les apparitions faméliques de la mère du héros, laquelle ne vint pas même saluer le public alors que la maîtresse de T’choupi, une certaine Sybille apparemment âgée d’une vingtaine d’années tout au plus, dansait main dans la main avec son époux a priori pas insensible aux charmes de l’Education nationale. Allégorie discrète de la crise de la quarantaine ? Sous-entendus nauséabonds sur les actrices post-quadragénaires pas même dignes d’écoper d’un rôle digne de ce nom ? Toujours est-il que cette ambiance familiale des plus étranges crée un malaise dont on peine à se défaire malgré une bande-son originale mais un manque évident de « tube » comme l’avait été l’inoubliable « boogie-woogie de T’choupi ».

Si T’choupi voulait faire danser l’alphabet, c’est finalement une troupe chagrine qu’il sera parvenu à se faire se trémousser vaillamment devant un public parfois malodorant, souvent sanglotant, mais toujours enthousiaste à l’idée de passer une heure et demie en compagnie de son idole, fût-elle embourbée dans un manque évident d’inspiration et d’indiscutables problèmes familiaux. Il en est ainsi des grands artistes, que la muse vient plus volontiers titiller lorsque le succès ne s’est pas encore installé. L’alcidé superstar se sera sans doute laissé engloutir sous un abus de confiance suscité par cet incroyable élan mondial qui l’érigea peut-être trop rapidement en idole absolue. Aujourd’hui, le gamin en salopette patine alors que son concurrent le guilleret et brillant TroTro mène dans le pays une tournée triomphale achevée en apothéose aux Folies Bergères.

Gageons pourtant que cet alphabet-là ne sera qu’un accident de parcours vite oublié dans la carrière d’un immense duo qui saura, et c’est certain, redevenir, enfin « rigolo comme tout » plutôt que trotro pas (rigolo).

Le Club des créateurs de beauté

embellisseur

Plein de gens ne le savent pas, mais Sephora n’a pas toujours existé. Pas plus que Marionnaud d’ailleurs, sa carte de fidélité, ses offres promotionnelles énervantes et ses clientes indécises. C’était il y a vingt ans à peine, et la cosmétique n’avait pas encore envahi les vies des filles de sept ans qui usaient alors de leur temps libre pour potasser Tout l’Univers ou pousser des Barbies à avoir des relations sexuelles fictives avec des Ken pourtant encombrés de slips en plastiques inamovibles plutôt que d’admirer des anonymes égocentrées se faire l’œil charbonneux sur Youtube. Mais passons.

En ce temps-là, les mamans qui, elles, devaient bien se pomponner un peu quand même, se rendaient dans de petites parfumeries de quartier ou, pour les Parisiennes, aux grands magasins pour acquérir à prix d’or un rimmel en brosse à dents dans lequel il fallait crachotter pour le rendre applicable (mais oui), voire chez Guerlain pour s’offrir, ô luxe, la précieuse Terracotta (ou les petites perles de soleil multicolores) qui les rendraient aussi bronzées que Bernard Tapie (Qu’est-ce qui fait courir Bernard ? Qu’est-ce qui fait courir Bernard ?).

Et à l’adolescence, vous demandez-vous, comment elles faisaient, ces filles mal dégrossies qui moulaient leurs maigres poitrines dans de disgracieuses marinières en coton épais, pour se maquiller un peu ? Eh bien vous le croirez ou non, mais elles achetaient le matos par correspondance. Oui, comme les mémères qui shopent des aspiros sans sac au télé-achat. Elles, c’était au… Club-des-créateurs-de-beauté. Rien que le nom faisait rêver pas vrai ? Et passa sur toutes les lèvres asséchées par les rangées de bagues en métal d’une génération émoustillée par dix pages d’un catalogue rapidement devenu culte. Lancé par Agnès b, laquelle régnait alors en maîtresse du staïle sur les garde-robes uniformes de ces êtres chelous en totale mutation, le livret de messe de la beauté des ninetees révolutionna l’ordre des choses, et le quotidien de milliers de teen-agers. Des heures durant, elles feuilletèrent ce Graal substitué au catalogue des jouets de leur enfance, puis au très select Club Barbie, et dans lequel trônaient les objets d’un désir jamais inassouvi de posséder l’ensemble de ces quelques produits qui devaient radicalement transformer leur allure. L’embellisseur abricot (qui faisait une tronche ABRICOT, donc. Ne me demandez pas pourquoi le truc demeura best-seller pendant dix ans), les shampoings Maniatis et leurs déclinaisons miraculeuses anti-frisottis, la serviette qui promettait de sécher tous vos cheveux en 1 minute chrono, les mascaras à brosse ronde, l’eye-liner en stylo, les rouges à lèvres aux coloris « naturels » que maman autoriserait peut-être, le masque seconde peau qu’on pouvait retirer comme Fantomas virait le sien, et les petites ombres à paupière pop qu’on appliquerait les soirs de boum en scred en bas de l’ascenseur pour faire « ressortir son regard » comme les nanas radieuses du prospectus du CLUB. Des heures durant, elles cochèrent, décochèrent, remplacèrent un produit par un autre dans leurs rêves les plus fous, avant de remplir, consciencieuses et appliquées, au plume Waterman, le bon de commande qu’il faudrait ensuite faire valider par une instance supérieure, laquelle trouverait certainement que non mais elle exagérait, Agnès b, déjà qu’il fallait lui acheter ses pulls à pression qui valaient la moitié d’un smic. Mais finirait, peut-être, par céder.

Aujourd’hui, l’offre est pléthorique. Les pré-ados connaissent par cœur la collection Bourgeois, Lush Benefit, Nars ou Urban Decay qu’elles trouvent à chaque coin de rue dans ces mastodontes remplis à vomir de produits low-cost destinés à peinturlurer des tripotées de jeunes filles en fleurs. Le Club, lui, a fermé ses portes il y a un an, emporté par ce flot de merdouilles multipliées à l’excès, rendues banales, jetables et accessibles à toutes ces adolescentes qui ne connaîtront jamais le frisson du Club, comme leurs homologues masculins ne sauront rien non plus des heures passées de leurs pères sur les pages sous-vêtements du catalogue de La Redoute, leur fascicule à eux. RIP, embellisseur abricot.

 

La grande chaîne du vomi

peluchevomit

*** Attention, certains passages sont susceptibles de heurter la sensibilité des lecteurs. Scatophobes, gerbophobes et célibataires, s’abstenir ***

Chaque hiver c’est la même chose. Ca commence comme ça un jour où la crèche vous appelle en pleine réunion pour vous prévenir que Petit Frère a vomi. Qu’il vaut mieux venir le chercher. Parce qu’il a vomi, quoi. Merde. Et que, du coup, vous devez tout laisser planté là pour aller chercher ce petit bonhomme qui, quelques heures plus tôt, déversait pourtant dans sa minuscule bouche, la boîte méthodiquement penchée au-dessus de son visage enthousiaste, des kilos de céréales au chocolat (oui, je sais…). Indigestion ? Vous ne voulez pas penser au pire mais osez, la peur au ventre, THE question taboue lorsque les nanas de la crèche vous le tendent, ravies de bouter hors du sérail ce dangereux pestiféré à bretelles

– Euh… il y a des gastros en ce moment ? faites-vous alors, l’air de rien, tendant les bras pour maintenir la bouche du malfaiteur le plus loin possible de votre nouveau manteau

– Ah euh ? (air surpris digne de l’Actor’s Studio) Oui peut-être quelques-unes. Céline ? Y’a des gastros en ce moment ?

– Nooooon, je crois pas. POURQUOI ? Petit Frère a la gastro ?

Air sévère de Céline en mode Petit Frère a chopé un truc pas net en traînant on sait pas où mais que c’est pas bien catholique et que s’il pouvait dégager vite fait avant de contaminer tout le monde avec sa maladie vénérienne ce serait pas plus mal. Tsss.

Le soir, Petit Frère mange peu. Vous le couchez, vous jetez enfin sur le canap’ après avoir lancé une machine avec le sac dégueulbi de fringues malodorantes que la crèche vous a rendu.

– Ca puuuuue, a dit le Grand fort à propos.

Et, alors que vous vous apprêtez enfin à checker les mails de boulot entassés depuis l’appel de la crèche…

– BHOUAAAAAAA OUIIIIIINNNNNN BOUAAAAAAABRUUUUUUUUU !

D’abominables sons gutturaux s’échappent de la chambre.

– Mamaaaaaaaan ! Petit Frère VEUUUUMIIIIIT !

Pataugeant dans des monceaux d’un liquide visqueux que, même ivre caisse à cinq heures du mat’ vous n’eussiez, au temps où vous n’aviez jamais vu du vomi ailleurs que sur un trottoir devant une discothèque, pas approché pour 100 000 euros en cash ni même un kebab, vous collez un gentil sourire sur votre visage pour rassurer Petit Frère qui a PEUR de tous ces trucs dégueus qui giclent de sa personne (et on le comprend).

– TOUT-VA-BIEN ! hihihi. Rendors-toi, toi !

– Mais ça pue. J’ai peur.

– Mais non, mais non. C’est toi qui pue hihi.

– Non c’est toi.

– Non c’est toi.

– Non c’est… Bon, DODOOOO !

Posage de l’enfant dans la baignoire, rinçage de l’abjecte matière. Sourires. Oh Doudou regarde trop mimi il glisse dans la baignoire sur son vomi je t’aime mon cœur TOUT-VA-BIEEEN maman gère grave. Qu’est-ce qu’il fout ton père ? Changeage de pyjama. Changeage des draps.

– Ca pue maman.

– DOUDOUUUUU ! hurle Petit Frère, pas bien au fait du temps de séchage d’une peluche trempée.

Oui bha Doudou il est mouillé, hein. Tiens, file-lui un doudou, toi.

Lançage de machine. Ouvrage des fenêtres. Pschittage de Shalimar. Repos sur canapé. Rentrage du père.

– Bonsoiiiir ! Ca va ? Ca pue, nan ?

– Vomi.

– Gastro ?

– È savent pas.

Concubin contourne la salle de bains en grimaçant.

– BHEUUUUUUUUU ! RHOOO BEUUUUUUU !

– Putain c’est quoi, ça ? Zavez invité Alien à une soirée pyje ?

Relavage, changeage de draps, baignoire hihi. TOUT-VA-BIEN. Lançage de machine. Posage de l’enfant au corps qui se vide dans lit tout propre. Odeur persistante dans atmosphère chargée.

Dans la nuit, vous jouez à nouveau à la poupée cracra, tremblante, tendant les mains dans l’obscurité vers l’horreur invisible, comme les candidats de Fort Boyard, les yeux mi-clos, blasée par ces gestes que vous avez assimilés telle une infirmière de guerre pas plus tourmentée que ça par sa dixième amputation du jour. Quelques heures plus tard, Concubin se lève d’un bond.

– BHEUUUUUUU GROUISHCRGEEEEEEE. (silence puis : ) Putain de gastro de meeeerde !

Il reste au lit. Mais ne peut pas beaucoup s’occuper de Petit Frère. Il est trop mal (c’est un homme. Les hommes souffrent beaucoup plus quand ils sont malades). On appelle la nounou en renfort. Céline et les copines de la crèche ont compris. Pour la gastro. « Mais NON ! Une hahaha gastro ? Non, non, c’est une indigestion, un p’tit virus », vous tentez. Nan nan nan elles veulent rien entendre. Pas de Petit Frère admis parmi les siens. C’est des professionnelles-de-la-petitenfance. On la leur fait PAS.

Pendant deux, trois, quatre jours, la machine tourne vrouuuum vrouuuum alors que la bête se Gremlinise sans prévenir à toute heure du jour ou de la nuit. BHOUERGHHHHHH. Putain nan, merde mes draps ! Jusqu’au jour où la nounou vous appelle au bureau.

– Je me sens pas très b…. VENEZ, venez VIIIITE ! Je crois que je vais v…….

– Nan mais maman elle a vomi partout la nounou. Même dans la poubelle. Beuuu j’ai mal au veeeeeeeeentre.

Et que la routourne tournera ainsi tout l’hiver, en un incessant passage de relais gloubi-boulesques. Lorsqu’il retournera parmi les siens, après que toute la famille aura bouffé du riz pendant une semaine, Petit Frère, forcément pas encore bien vaillant, nous chopera un nouveau petit truc de son cru. Rhino, grippo, POUX ou notre éternelle grande copine la GASTRO, qu’on refilera joyeusement à nos amis, familles, collègues, qui heureux de perdre quelques kilos chez soi aux frais de son employeur, qui absolument outré que vous ayez pu leur cacher le piteux état général de votre cellule familiale. Bref, la joyeuse quinzaine de la bactérie intestinalo-gastrique reprendra la tête des tendances automnes-hiver, bravant froid, Noël, vacances et antibios, squattant joyeusement votre foyer sans que rien ne puisse venir démoder ce marronnier de la mère de famille.

Oh allez, si ça s’trouve, un jour, on en rira (mais si, mais si).

Rihanna au Parc est-elle le nouveau DiCaprio chez Victoria’s Secret ?

rihannaparcDimanche soir, lors du clasico tant attendu sis au Parc des princes à Paris, France, quelle ne fut pas la surprise des spectateurs et téléspectateurs lorsqu’ils découvrirent dans les tribunes de la porte d’Auteuil la superstar Rihanna, tranquillement installée sur les inconfortables sièges de plastoc à mater un match de Ligue 1 que seul un français sait apprécier. Maquillée, coiffée (bref bien loin du look arboré par votre humble débriefeuse au même instant), concentrée, la bombe milliardaire semblait plus impliquée encore par sa mission qu’aux défilés auxquels elle avait assisté la journée même, Fashion week oblige.

Diable. Se pût-il que le championnat hexagonal fût devenu si exaltant qu’il se transportât « à l’international », jusqu’au pays de l’Oncle Sam, faisant se déplacer les plus grandes pointures du show-business venues tout exprès se les cailler une fin de week-end face les Trois Obus plutôt que de siroter tranquillou des thé gingembre-quinoa dans le confort ouaté d’une suite au Bristol ? Non.

Rihanna, ce qu’elle kiffe, ça n’est pas tant le 4-3-3 que les petits philosophes à grandes chaussettes qui s’ébrouent avec ferveur sur la pelouse hirsute. Eh oui, aussi dingue que cela puisse paraître, cette fille, incroyablement belle, riche, talentueuse et indépendante, son kif, c’est le footeux. Même pas le basketteur san-antonien ou le gentleman à la Beckham. Nan ! Le bien nigaud, le franchouillard, le rasé sur les côtés, manchette bêtement tatouée à a va-vite pour combler le vide d’un avant-bras non réglementaire en vestiaire, aprem’ vissés sur la console et portefeuille dédié à l’achat de bolides ostentatoires, de bagouses hors de prix ou de tee-shirts diamantés qu’on portera les grands soirs de CFC.

Du coup, qu’est-ce qu’elle était venue faire, dimanche, Riri, avant de tracer à la mi-temps parce que bon, fallait quand même pas déconner, elle allait pas dérouler les 90 minutes ? Bha son marché, pardi ! La Ligue 1, c’est devenu son défilé Victoria’s Secret à elle. Oui, à l’instar d’un DiCaprio qui, depuis bientôt vingt ans, vient ponctuellement repérer les dernières tendances en matière de blonde ultra-goalée présentée emballée stringuée ailes clipsées sur les podiums, Riri, elle, subit les intempéries parisiennes pour checker de près les mollets des minets bouquetés gominés.

ange

Hello Léo !

Et alors, après Benzema  le surchopeur de l’année, qui est-ce qu’elle est venue faire kiffer, Riri ? And da winner is…

trapp

K.E.V.I.N. ! Oui,Kevin Trapp, le nouveau, l’homme à la double boulette du mois dernier, quasi banni de Paris et donc du pays, qui a pris depuis lundi sa revanche et fait rêver les mâles dans les vestiaires et les chaumières.

Moralité pour tous les footeux de France : quand tu penses que tout va mal pour toi, dis-toi que la routourne tournera, et que, où que tu sois, du SM Caen à l’En Avant Guingamp, Rihanna, peut-être, te sélectionnera.

Allez, #enjoy, Kevin ! Et puis qui sait, Valbuena, la prochaine fois, c’est peut-être pour toi ?

dicapriogiphy

Où sont les keuministes ?

masculiniste

Hier soir, alors que la valise traînait (trônait ?) encore dans le salon deux trois jours après notre retour de week-end, je me lamentai :

– Haaaaan (soupir de lamentation, donc) NAN MAIS ton PÈÈÈRE ! Il a toujours pas fini de vider son côté de valise (on avait pris une valise pour deux) ! PFFfffff, j’vais l’faiiiire.

Et mon fils (ce même individu qui demande quotidiennement : « tu pourrais m’apporter un yaourt ? » alors que je l’ai gentiment pourvu de bras et de jambes) de répondre, du haut de ses cinq ans, tel une vieille copine scandalisée :

– Tu ne devrais pas le faire ! Oui, c’est vrai ! T’as qu’à dire Nan mais moi j’ai vidé mon côté de la valise, maintenant c’est à toi de ranger le tien y’a pas de raison.

Passées les quelques secondes de consternation ahurie qui suivirent, je me jetai alors sur lui, attendrie et fière devant tant de considération pour la cause de sa pauvre mère et, par extension, pour celles des FEMMES. Tout en l’embrassant je lui criai donc :

– Mon chéri mais tu es FÉMINISTE !

Lui, un peu effrayé, ne sachant de quoi je l’accusais soudain :

– Euh… c’est quoi un féministe ?

– Eh bien… un féministe c’est… c’est un homme qui « défend » les femmes. Oui, c’est ça.

– Ah… Et pourquoi il les défend ?

– Ou une femme, d’ailleurs. Des femmes qui défendent les droits des femmes. Parce que les femmes, tu sais, eh bien il y a plein d’endroits dans le monde où elles sont vraiment pas bien traitées, houla non, où elles ne peuvent rien faire toute seules. Et même en France, tu vois, par exemple, les femmes elles sont moins bien payées que les hommes, lui déclarai-je avec grandiloquence, alors qu’en moi-même je me rendis compte avec une acuité inédite de l’énormité de la situation. Non mais franchement.

– HEIN ? Mais… POURQUOI elles sont moins bien payées ?

Moi, enthousiasmée soudain, en mode Luchini partant tel un cheval fou dans une diatribe sur Albert Camus :

– Mais JE SUIS BIEN D’ACCORD mon canard ! C’est dingue, hein ? Et bha c’est parce que les hommes, depuis toujours (ces saletés solidaires), ils ont décidé que les femmes elles s’occuperaient des enfants pendant qu’ils iraient bosser. Et ça fait pas très longtemps qu’elles travaillent, les femmes. Et bha on a beau réduire de jour en jour les écarts de salaire, ils réussissent encore à faire que les femmes, pour le MÊME travail (hein, je dis bien le MÊME), gagnent moins d’argent !!!

Et lui de balloter la tête de gauche à droite en tapotant sa tempe de son index comme pour dire « zinzins ces types ». Comme je l’aime.

Mais soudain, alors que son index retrouve sa sérénité, le voilà qui me fixe, sourcils froncés, et me demande :

– Mais, alors… comment ça s’appelle, une femme qui défend les hommes ?

Merde. Et là me reviennent en cascade les conversations à bâtons rompus de copines, connaissances, femmes croisées dans le bus, le métro, les couloirs du bureau, les magazines, les forums en ligne et les salles de gym, et que fatalement, piteuse (et songeuse), je lui réponds presque en murmurant :

– Ca n’existe pas, mon chéri.