
Birthday Candle Number
C’est vrai, ça peut paraître un peu mégalo de publier un billet de blog à son adresse le jour de ses quarante ans. Mais les jours et les mois qui ont précédé celui-ci m’obligent à m’adresser à mon entourage pour lui signifier que tout-va-bien. PROMIS.
Depuis plusieurs mois en effet, ponctuellement, mon père adoré me regarde avec cet air contrit et désolé en évoquant le fameux « événement » gênant qui, irrémédiablement, finirait pas m’ensevelir et me faire glisser vers de sombres contrées. « Tu te rends compte ? », me disait-il alors. Bha… Non, pas vraiment. Tic tac tic tac.
Depuis quelques jours, entourée d’amis en pays biarrot, mon esprit était pourtant davantage à la météo plus que douteuse qu’à cette guillotine qui allait manifestement me séparer définitivement de ma jeunesse à mesure que les heures s’égrenaient. « Tu vas avoir quarante et un, c’est ça ? », me demande Eva sur notre fauteuil de piscine trempé par la pluie, tranquille, en évoquant mon anniversaire à venir. Moi : « Non, quarante ». Silence. Merde. Et ce même regard absolument navré. Ma pauvre.
Alors, sachez-le, vraiment. Je vais bien. Je dirais même plus, qu’on en finisse ! Parce que bon, avoir trente-neuf, soyons sérieux, ça un côté un peu grotesque de la fille qui soit ment, soit n’ose pas y aller comme un gosse tétanisé sur le bord du plongeoir. Allez, saute ! Non, quarante, c’est limite stylé. Comme dix-huit. Ou vingt-cinq. Ca a de la gueule, quoi. Quarante-et-un, je dis pas.
Quand j’étais petite, ma grand-mère racontait toujours que, le jour de ses quarante ans, elle avait pleuré toute la journée. Ma mère rajoutait doucement : « Qu’est-ce qu’elle nous a embêtées ! » Ce soir-là, mon grand-père, pour lui changer les idées, l’avait emmenée à une fête de village (comme moi, elle était née en août, histoire de panser toute sa vie les années qui passent à l’ombre du rosé d’été). Là-bas, elle avait gagné un concours de beauté. A quarante ans, imaginez. Cette légende familiale avait toujours placé à mes yeux d’enfant la fameuse « quarantaine » dans des sphères à la fois effrayantes et joliment fantasmagoriques. Et puis la vie avait alors repris, avait dit ma grand-mère qui, bien des années plus tard, du haut de ses plus de quatre-vingt-dix ans, soupirait qu’elle était bien bête à l’époque, qu’on avait la vie devant soi à quarante ans, la jeunesse chevillée au corps et tant de choses à découvrir encore. En bref, que c’était vraiment pas la peine de se gâcher des moments qu’on s’envierait plus tard, comme lorsqu’on se dit qu’on était con, ado, de penser qu’on était moche, ou à ses premiers chagrins d’amour de croire qu’on allait en mourir.
Chaque année depuis, au quinze août, elle faisait un foin pas possible de son anniversaire, qu’elle voulait fêter comme une gamine. Avec un brin de coquetterie, parce qu’on reste toujours cet enfant qui souffle les bougies, et qu’on fait un voeu, secrètement, en fermant les yeux très fort, car on a malgré les ans toujours des rêves enfouis pour les mois et les décennies à venir.
Alors oui, vraiment, happy forty me, et à vous aussi, les amis.