Les mini-chaussettes

Quand on ne couche plus qu’avec une seule personne de manière exclusive (ce qui est déjà cool me direz-vous), c’est toujours sympa d’avoir une copine qui vous rancarde sur les dernières tendances chez les plans cul. Ce matin, quelle ne fut pas ma joie en écoutant, en lieu et place de messages boringuissimes du whatsapp des parents d’élève, une note vocale (oui, les copines à plan cul sont modernes et jeunes dans leur tête, avis aux parents d’élève) pleinement dédiée à la thématique précitée.

« Faut que je te parle d’un truc que personne n’évoque », susurre la voix à mon oreille, tandis que Petit Frère rentre dans l’école sous l’œil las du directeur masqué, et de darons en PLS prêts à sauter dans le métro. « Le mec que je vois en ce moment, bha, il est cool mais enfin… Chepa si tu vois ces trucs horribles, là. Bon, ok, ça fait deux fois qu’il dort à la maison et qu’il porte ses mini-chaussettes. CHEZ MOI. C’est le truc le plus antisexy que j’aie jamais vu. Ouais, c’est notoirement le truc le plus anticlimax qui existe. Je sais pas si t’as déjà été confronté à ça ? Enfin, faut en parler, quoi. »

Alors, ouais. Déjà, j’étais hyper contente que quelqu’un aborde un autre sujet que celui de LA Covid 19, Jean Castex, Nicolas Bedos ou les tests dans les trous de nez, en particulier un lundi matin. Mais surtout, j’ai trouvé qu’elle avait pas tort. Qu’on n’en débattait pas assez, de ces objets étranges apparus un beau (quoique) jour dans nos dressings, habilement destinés il est vrai à mimer le nu pied en basket basse en évitant l’attentat olfactif que les adeptes des Bensimons et autres Keds enfilées dans le plus simple appareil connaissent bien. Mais soyons sérieux, comme tout accessoire utilitaire et non esthétique planqué sous le vêtement d’apparat, ce slip-kangourou du panard n’est pas destiné à être exposé en public. Et moins encore dans un contexte de séduction, dut-elle être appliqué à la vie d’un couple qui a déjà bien baroudé. Ouais, ce petit décolleté de coup de pied moulant un grand panard (poilu et) ravi de ne pas se les cailler sur le parquet sans non plus péter de chaud dans une chaussette saucissonnante et surchauffée, on comprend, c’est tentant. Mais comme la gaine, le scotch de seins, le slibard moche pour faire du vélo ou le plaid-poncho en bouteille recyclé de chez Nature et découvertes, la chaussette-ballerine doit rester un plaisir solitaire. D’autant qu’en terme de plaisir, quiconque les a déjà testées sait qu’elles roulottent sournoisement, s’abiment en deux deux (merci la planète) quand elles ne divorcent pas plus vite encore que leurs homologues montantes de leur binôme minuscule lui-même englouti par le tambour de la machine à laver.

De retour à l’école, j’observe les individus mâles qui font le pied de grue devant le portail. Le directeur masqué, ce papa pas trop mal et celui-là tout moche. Portent-ils des mini-chaussettes derrière leurs masques fleuris, trop grands ou bien gainants ? Trainent-ils chez eux dans cette tenue peu affriolante devant Olivier Véran annonçant que la deuxième vague menace de nous engloutir ? Et d’ailleurs, Olivier Véran, porte-t-il lui-même des mini-chaussettes ? Je prends mon portable et j’envoie « merci » à ma copine lanceuse d’alerte. Parce que grâce à elle, je tiens enfin un sujet non anxiogène et digne de la plus grande attention.  

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