Jeunes parents devant manège (dés)enchanté ?

Ils tournent de manière régulière, ininterrompue, entêtante, les gosses au manège.

Et vous vous les caillez grave.

Le type las et déconnecté qui semble tenir la caisse depuis trente ans vous a vendu à prix d’or un carnet, parce que, à l’unité, c’était vraiment pas possible, quand même, Titi putain tu te rends compte, 2 euros pour un tour de manège, 14 francs, plus cher qu’un paquet de Chesterfield sérieux – oui maman est vieille. Bref au final vous en avez pris pour 6 tours à 10 euros. Bha ouais, vous allez pas non plus vous faire entuber non mais.

Ca fait vingt minutes que, les mains dans les poches, vous partagez avec vos contemporains d’infortune cette étrange activité de fin de journée au moment où, il y a seulement quelques années, vous vous peletonniez dans un lit contre un corps connu ou inconnu mais chaud, les volets clos, l’esprit libre (comme votre pack BNP). A côté de vous, il y a la présidente des parents d’élève qui connaît tout le monde, gueule sur sa multitude de gamins, se plaint des scooters, des clopes, de la maîtresse qu’est tout le temps malade ou de la kermesse qui tombe pile le même jour que le vide-grenier non mais vous vous rendez compte. Il y a aussi les papas tout seuls qui, s’ils ne textotent (sextotent ?) pas avec frénésie, jettent des coups d’oeils (oui on dit des coups d’oeils, pas la peine de vérifier) de prédateurs pour prouver que de ce côté-là, ils ont beau changer des couches pleines de caca et se trimballer un lapin en peluche dans leur casque de bad boy, ils existent encore. De couples, il y en a peu. Bha oui, on se répartit les tâches. Des trenchs et des perfectos, il y en a plein. Bha oui, on est tous sapés pareil, comme à l’époque du lycée. Ca nous rassure.

Les gosses, eux, se répartissent aussi les rôles. La timide cramponnée à son volant, écharpe écossaise, bouclettes désordonnées, sosie miniature de sa mère, se concentre à fond sur « la route ». Voitures, trains, décapotables … Les cools prennent place dans les moyens de transport classiques, avant de se bastonner pour savoir qui klaxonnera le premier. Les plus courageux font la fierté de leurs papas en tentant un avion, un vaisseau spatial, un hélicoptère, bref un truc qui vole. Les marginaux posent leurs petits séants  sur des tasses, des carrosses sans roues, des soucoupes rondes mais pas volantes… C’est n’importe quoi, franchement. T’inquiète, ça lui passera, s’excusent presque les mamans.

Et hop, tournez manège ! Le type de la cabine croit alors judicieux de lancer une bonne musique de supermarché assourdissante, ajoutant au concert ininterrompu des klaxons des véhicules dont les enfants ont trouvé avec un bonheur indescriptible le bouton, un peu plus de nuisance sonore pour les spectateurs de ce numéro cent fois observé. Et que je monte, et que je descends, et que je remon-ah non redescends bip bip biiiiiiip tuuuut tuuut MAMAAAAANNNN !!! Bha oui y’en a toujours un qui se met à pleurer, provoquant honte et affolement chez son accompagnateur démuni. IL PLEUUURE ! Mais je comprends pas d’habitude il n’a JAMAIS peur pourtant ! (je vous jure, votre honneur !) Le public s’emballe peu à peu « ASSIEDS-TOI !!! NON NON NON ! TU GARDES TES MAINS SUR LE VOLANT !!! », ça gueule, ça se crée chaque fois les mêmes petites frayeurs, ça se donne en spectacle sans retenue. C’est le Guignol des grands, ça marche à chaque fois. Tournicoti tournicotons.

Et le vôtre qui vit l’aprem de sa life. Un tour, deux tours, maman je veux la moto, encore la moto, et encore la moto. T’es sûr mon chéri que tu vas pas regretter d’avoir fait que la moto ? C’est le dernier, hein ? Oui DERNIER ! Et l’hélicoptère maman ! On avait dit le dernier ! Oui oui mais juste encore dernier ! (logique implacable).

Le froid, le bruit, les lumières criardes, les peintures pailletées de ce vieux manège pas très secure, le Grazia que vous n’avez même pas réussi à ouvrir du week-end, Stade 2 que vous n’avez pas maté depuis quatre ans, votre meilleure copine qui raccroche au bout de 2 minutes parce que sa troisième manque de s’électrocuter avec l’épilateur et vos cheveux qui font éternellement la gueule, what else ?

Il repart dans son hélico, dont il découvre le levier qui le fait s’envoler.

Et puis vous le regardez, souriant de toutes ses dents minuscules, heureux comme c’est pas permis, fier si fier de faire « coucou maman ! » quand il vous trouve, une fois sur trois, alors que vous n’avez pas bougé d’un poil. Et vous aussi, vous faites « coucou ! », carrément enthousiasmée par cette petite personne, la seule à pouvoir vous faire marrer en vous collant une crotte de nez sur une robe neuve.

La nuit tombe, on est dimanche soir, les cafés ferment, il fait froid et pourtant, faut bien l’avouer, vous kiffez vraiment pas mal ce moment devant le manège enchanté.

J’irais travailler à Bruxelles avec Van der Bauer, tu viendrais avec moi ?

C’était il y a trente ans. Après le succès de « La Boum », Claude Pinoteau en remettait une couche avec l’excellent second opus qui réunissait les piliers de la famille Beretton : Victoire, Poupette, François et Françoise (et Lucas, dans une moindre mesure).

Bien sûr, le film se focalise sur Vic qui, après avoir cogné son plateau-repas contre celui de Philippe au self du wagon-restaurant du train corail qui la ramène à Paris (aaaah, le self du train !), échange malencontreusement son passeport avec celui-ci. Accompagnée de l’inoubliable Pénélope (allégorie de la copine moche), elle quitte le Panthéon (oui, les Beretton habitent en face) et le quartier Sainte-Geneviève pour aller récupérer le sien chez Philippe Berthier, donc, qui s’avère être très beau gosse. S’ensuit une histoire d’amour adolescente classique et tumultueuse sur fond de Cook Da Books (« Get it together, j’adore ! ») et de déclarations au romantisme inégalé (« C’est toi mon traumatisme »).

Mais « La Boum 2 », ça n’est pas seulement Vic. La Boum 2, tisse parallèlement l’histoire de François et Françoise Beretton, magistralement interprétés par Claude Brasseur et Brigitte Fossey (sublime), les parents, qui tentent de sauver leur couple des affres de leurs vies professionnelles respectives, lesquelles les éloignent irrémédiablement l’un de l’autre. François lâche son cabinet dentaire pour se jeter à corps perdu dans la recherche, faisant sienne la devise du « savoir, du savoir-faire et du faire savoir » pendant que Françoise, elle, signe enfin son « dessinimé », « La Taupe », avec un Belge nommé Van Der Bauer. Tout à ses souris, François en oublie de cultiver son couple, lequel traverse alors une crise qui atteindra son paroxysme lorsque Portal, le grand scientifique idole de Brasseur, lui proposera de venir travailler avec lui à Lyon (autant dire au bout du monde, on est en 1983 : pas de portables, pas de mails, pas de textos, le 16 pour la province… pas de quoi entretenir le quotidien à distance ni de sextoter).

« Mais il n’en est pas question ? » demandera alors Françoise.

« Si, il en est question », répondra François.

Il y a trente ans, le personnage de Françoise déplorait que « tous les types trouvent normal que leurs femmes les suivent mais [que] PAS UN ne le ferait pour elles ! ». Pas faux. D’ailleurs, François laissera finalement sa femme insoumise seule, sur le quai de la gare, éplorée devant la Range moutarde aux sièges écossais, symbole à jamais de la cellule familiale berettone aujourd’hui explosée.

Trente ans plus tard, force est de constater que rien n’a changé. Pulvar, Schoenberg et consors se retirent parce que leur époux ou conjoint est dans la lumière. Quelqu’un s’est-il demandé si les rôles n’eussent pas pu s’inverser ? Connaissez-vous, autour de vous, un couple dont le mari a suivi la femme mutée à l’étranger, quittant lui-même un poste attractif pour laisser s’épanouir les ambitions de son épouse ? La femme suit, ou la femme subit. Bien sûr que non, François n’irait pas à Bruxelles s’occuper des enfants pendant que Françoise dessinerait des taupes hilares avec le vendeur de bière.  « A Cassis en août avec les enfants ? Et peut-être qu’en septembre… » Non.

De dos, en trench, il lui fait au revoir de la main, et en a gros sur la patate. « Faut pas rester là madame », la hèle un officier des forces de l’ordre. Son brushing fout le camp, les larmes lui montent aux yeux alors qu’elle comprend que le métier de François aura réussi ce que son aventure avec une parfumeuse ne sera pas parvenu à faire : briser son couple.

Car nul ne sait si François et Françoise se seront finalement retrouvés…

«  à mi chemin… vous roulerez l’un vers l’autre le cœur battant… vous coucherez à Dijon dans des hôtels sordides, vous passerez des nuits blanches dans des wagons lits, vous vous quitterez… les yeux cernés au p’tit jour, au buffet de la gare. Tu reprendras ton train… ou elle le sien. »

 

Parisienne comme c’est pas permis (de conduire)

« Et ton permis, t’en es où ? »

Voilà une des pires phrases qu’une trentenaire handicapée du volant puisse entendre. De celles qui vous glacent les sangs en un instant, comme seule la vision furtive du sigle « Trésor Public » peut le faire, ou encore la ribambelle classique des « T’as fait tes comptes ? », « T’as quelqu’un en ce moment ? » et autre « Quand est-ce que tu comptes faire un enfant? ». La plupart du temps, la personne a laquelle s’adresse cette phrase est Parisienne parce que, si elle ne l’était pas, elle n’aurait pas 30 ans. Eh oui, perdue sans permis dans sa province reculée, elle serait décédée chez elle, faute d’avoir pu se rendrez au Super U de la zone commerciale pour se sustenter, aller en boite le samedi soir ou tout simplement à son boulot, situé a 15 bornes, ce qui est vachement près en fait et sur le chemin de l’école. Eh oui, les parisiennes (et les Parisiens, mais ils sont moins nombreux, allez savoir pourquoi… un truc de vitalité à prouver sans doute) sont les seules à être passées entre les mailles du filet et à avoir sauté ce passage obligé dans l’âge adulte (cela expliquerait-il l’adultophobie plus marquée chez les trentenaires parisiens que chez leurs homologues provinciaux ? Maybe…).

Toujours est-il que, étant moi-meme dans ce cas (« Quoiii, t’as pas ton permis ?« ), ma très longue expérience de la chose m’a permis (si j’ose dire) au cours de mes différentes rencontres avec de personnes souffrant du même syndrôme qui ont ponctué ma longue vie, de recenser quelques-unes des excuses le plus souvent évoquées par ces étranges personnes montrées du doigt dans la France entière pour justifier leur état sauvage.

Voici donc le top 20 des meilleures excuses du Parisien (ou de la parisienne) pour ne pas passer son permis :

1. C’est trop cher. Ca, c’est vrai ! Les prix d’appel peuvent être corrects mais quand on est une vraie HC (handicapée de la conduite), il ne faut pas 20 heures mais au minimum 60 pour que l’auto-école accepte de vous présenter au permis. Hors forfait, à 50 euros de l’heure, faites le compte.

2. Je le passerai quand j’aurai des enfants. Bien sûr… et quand vous avez eu votre code en panique, vous êtes enceinte de 7 mois et laissez tomber.

3. Je n’ai pas le temps. Eh oui, si la Parisienne travaille, elle devra se lever à 5 heures du mat’ pour espérer caler les 2h de cours + transport = 3h de cette fort agréable activité dans sa journée chargée. Si elle est étudiante ou chômeuse, elle n’a pas assez d’argent. Si elle est à la retraite, elle est trop vieille et regrette.

4. A Paris, tu peux tout faire en métro. Oui, jusqu’à 1 heure, quoi… Après si on veut s’auto-imposer un couvre-feu, pourquoi pas ?

5. A Paris, tu peux tout faire en taxi. Oui, et te faire insulter ou soûler tes potes qui veulent se coucher en restant en ligne des heures avec les Taxis Bleus les soirs de pointe à trouver un « véhicule dans votre secteur ». Pire : soûler les autres invités sur le thème « Tu vas à Gare de l’Est ? Génial, tu me déposes, je suis pas loin j’habite à Neuilly ! »

6. C’est impossible de se garer de toute façon ! Vrai !

7. Une vraie Parisienne n’a pas son permis. Excuse la plus chicosnob. Clôt la conversation mais donne une mauvaise image.

8. Franchement, même avec le bébé, on peut tout faire sans voiture finalement ! Bien sûr… et provoquer la haine des autres usagers dans le métro en entrant avec son énorme poussette, puis forcer des inconnus à soulever ladite poussette lourde et sale dans les escaliers alors qu’ils n’ont rien demandé.

9. Ça me reviendrait plus cher d’avoir une voiture tu sais ! Vrai ! Il sera toujours moins cher de fonctionner avec un Pass Navigo (oui, j’ai enfin appris à ne plus dire « carte orange », mais ça me coûte) et un budget quasi-illimité de taxis après 21 heures plutôt que d’avoir une voiture (assurance, essence, prunes, fourrière, diverses réparations, lavages, contrôles et stage de rattrapage de points, vignette… ah non, ça n’existe plus. Ouf !)

10. Mon code est périmé. Mais il est valable 3 ans ! Oui, je sais, il est périmé j’te dis…

11. L’auto-école a fermé, je ne sais même pas ou est mon dossier. Mais tu es sûre ? Oui, c’est un magasin de portable maintenant. Mais il ne te restait pas des heures ? Si… Me suis fait bien entuber.

12. C’est impossible d’avoir une date de toute façon ! Vrai. Il faut attendre en moyenne plusieurs mois lorsqu’on a raté son permis et qu’on veut le repasser. Bien sûr, l’auto-école insistera toujours pour vous faire reprendre quelques heures « pour rester au niveau en attendant »… Vous avez dit racket ? Complot ? Je dis ça je dis rien, enfin si Capital ou Zone Interdite pouvait lâcher les campings, les tocs et la chirurgie esthétique pour plonger le nez dans ces pots de vin, ça ferait ptêtre pas de mal…

13. Y’a plein de gens très bien qui ne l’ont pas ! Thierry Ardisson ou Eddy Mitchell, par exemple, sont les parrains bienveillants de l’association de défense des HC. Sauf qu’ils ont un chauffeur, eux… Ah oui ?

14. Deauville, en train c’est 2h et en plus tu pars de St-Lazare ! Pourquoi je passerais on permis ? C’est vrai, ça. Une mer c’est une mer, à quoi bon aller en tester un autre ? Surtout que celle-ci est super friendly… Brrr

15. Mon quartier est ingarable. Concernant Batignolles, Marais, Bastille, centre et Pigalle, c’est vrai. Même une smart est inenvisageable.

16. Mon moniteur puait de la gueule. Fréquent. Associé aussi à « Après 40 heures de conversations, on s’est vraiment tout dit je crois… »

17. Je l’ai déjà passé 6 fois, j’abandonne. Vaut peut-être mieux effectivement…

18. J’ai peur sur le periph / place de l’Etoile. Prendre le centre et la rue de Tilsit.

19. C’est 1000 fois plus pratique d’avoir un scooter / un solex (snob). Oui, et 1000 fois plus dangereux aussi.

20. Avec le vélib, maintenant, en plus, je vois vraiment pas l’intérêt. Bien sûr, garer un Velib’ dans un des quartiers précités est chose aisée, effectivement. C’est bien connu.

Signe d’immaturité ou véritable phobie, le handicapé du volant souffre, sachez-le. Et derrière ces excuses patinées par le temps et une utilisation frénétique se cache un véritable sentiment d’infériorité. Sachez-le, le HC voue une admiration sans borne à toute personne capable de changer les vitesses en même temps qu’elle tourne un volant, et trouve même carrément sexy un mec qui conduit à une main (houuu, c’est mal, on a dit à dix heures dix !). En revanche, le HC connaît son code sur le bout des doigts et ne manque pas d’en rappeler les règles aux différents conducteurs condamnés à lui faire parcourir la France ad vitam aeternam. A tous ces conducteurs, proches, parents, conjoints et enfants de HC, apprenez à accepter ce handicap. Votre quotidien est difficile mais le HC souffre… et puis il se rattrape quand même en faisant porte-plan, acheteur de Pringles à la station-service, remetteur de tétine en voiture, débusqueur de dangers divers, changeur de station de radio ou débriefeur insatiable. Et si les HC étaient indispensables ?

Illustration : Pénélope Jolicoeur

Pourquoi c’est beaucoup plus marrant de partir en vacances avec plein d’enfants ?

Avant, quand vous étiez « jeune », vos vacances c’était farniente, grasses matinées, apéros qui s’éternisent au coucher du soleil, sorties jusqu’au petit matin à refaire le monde, siestes crapuleuses, séances bronzages et debriefs entre copines, bouquinage de best-sellers jusqu’à plus soif, roucoulades dans les champs de blé déserts ou voyages au bout du monde… Et pourtant, si vous aviez alors connu le bonheur des vacances en familles, vous auriez immédiatement jeté aux orties ces programmes futiles et ennuyeux pour goûter le plus rapidement possible à ces petits bonheurs quotidiens qui sont les vôtres lorsque vous décidez, avec vos amis jeunes parents, de partir en smalas. Et si l’on y réfléchit bien, que d’avantages…

1. Les conversations sont fluides

Eh oui, le top lorsqu’on est en permanence entouré d’une dizaine d’enfants piaillant comme des moineaux affamés, c’est qu’on n’a pas à faire d’efforts de conversation : à peine avez-vous commencé une phrase que l’un ou plusieurs d’entre eux vous coupe alors sans vergogne la parole afin d’exprimer, de manière fort répétitive et sonore, ses desiderata du moment :

–          « Et ça va bien, toi, en ce moment ? »

–          « Bha écoute, le truc c’est que… »

INTERVENTION : « Maman po avoir un gâto… Poavoiirungato… PoavOIRUNGATO PO »

–          « Hein ? Quoi chaton ? Un bateau ? Oui, donc tu disais… ? »

Simultanément : « Ouais, à mon boulot, c’est pas la fête, et puis ma vie tu vois… » / INTERVENTION SONORE : « TATOTATOTATO »…

2. Vous ne boulottez plus de biscuits apéro, ni de biscuits tout court d’ailleurs…

Quand vient l’heure du rosé (y’a une heure pour le rosé ?), vous n’accompagnez plus vos grandes rasades d’olives, cacahuètes, tartines de tapenade, saucissons régionaux ou succulents gressins achetés à prix d’or à la boulangerie du village… Pour la simple et bonne raison que, lorsque vous déboulez avec votre grand plateau de victuailles, la horde de nains affamés ne vous laisse aucune chance. Organisés, rapides car très jeunes, performants, ils piquent en nuées vers les bols en terre cuite avant de s’écarter quelques minutes plus tard vous ayant laissé, magnanimes, les pistaches fermées. L’ivresse vous gagne alors plus vite, vous vous coucherez donc plus tôt. D’un sens, tant mieux… (cf. la suite)

3. Vous faites du sport

-« Elle est à combien la piscine ? », vous enquerrez-vous à votre arrivée dans la belle maison de vacances de votre hôte ?

-« 12 °C »

Sa race. Hors de question que vous trempiez la moindre parcelle de votre peau inutilement épilée pour l’occasion. Ça va pas, non ?

Et pourtant lorsque, quelques heures plus tard, le petit dernier, affublé de ses gros brassards Nemo, vous glissera timidement, tête de labrador abandonné et fesses à l’air à l’appui (plan marketing efficace et étudié) :

« Baban pisciiiiiine moi », vous hésiterez quelques secondes, drapée dans votre épaisse serviette éponge ainsi que dans votre dignité, un Grazia tout frais ouvert sur vos genoux… avant d’avoir de vous l’abominable image d’une vieille pétasse égoïste et flemmarde dédaignant son devoir de mère devant un auditoire scandalisé.

Et là… vous pilonnerez alors consciencieusement la glace formée a la surface de l’eau pour vous y jeter, en sanglots, avec votre progéniture enthousiaste. Raffermissement express des tissus et estime de soi immédiats !

4. Vous avez un wagon de TGV rien que pour vous.

« Regroupons-nous dans la même voiture, ce sera plus sympa ! ». Génial ! Neuf adultes et huit enfants profitant avec enthousiasme des infrastructures mises à leur disposition par la SNCF, ça crée vachement de liens avec les autres occupants ! Et puis, lorsque vous aurez fini de ramper dans toute la voiture pour retrouver la cape Batman de votre fils, soulevant sans vergogne les jambes d’inconnus apràs leur avoir lancé des regads courroucés et injustement accusateurs, puis lorsque, tous ensemble, vous aurez balancé sur l’assemblée ébétée des pluies de chips Lays achetées 1€ au wagon-bar et arrosé consciencieusement le sol de bières tièdes et de pom’potes éventrées, et enfin agrémenté le tout d’une odeur tenace de vomi suite à l’indigestion desdites chips Lays par le petit Samuel, vous vous rendrez compte avec bonheur que ne restent plus présents à votre petite sauterie que des personnes de moins de dix ans accompagnées de morts-vivante excédés. Yeaaaaaaah, envoyez le ziiiiiiik !

5. Vous découvrez des plaisirs inédits

Confortablement installés à table pendant la sieste tant attendue de la smala, vous entendez avec effroi un pleur d’enfant. Un ange passe. Tous, vous tendez l’oreille, vous jetant des regards tour à tour soupçonneux ou angoissés.

–          « C’est le tien ? »

–          « On dirait bien, soufflez-vous alors avec désespoir », repoussant (en tentant de contenir votre exaspération) votre assiette de grillades chaudes à peine entamée. Arrivée devant la porte de votre chambre, vous n’entendez cependant aucun bruit… Et pour cause…

C’est alors avec une joie triomphante maquillée sous un air désolé et compatissant que vous faites rapidement votre grand retour à table : « Amandine, je crois que c’est Charlie ! » Qui c’est qui va manger froid et coagulé ? Pas vous en tous cas !

La vie est faite de petits bonheurs simples…

6. Vous comprenez que vos enfants ne sont pas les pires

Relou de se taper les devoirs de Raphaël, 6 ans, le dimanche soir ? Difficiles, les caprices de votre grand ? Et pourtant, à côté de l’épreuve réveil a 5 heures du mat’, vomi dans la voiture, changeage de couche crottée en plein malaxage de chair a saucisse ou balades sous la pluie pour occuper le sous-groupe « petite enfance » de votre grande smala, vous prenez conscience du caractère enviable de votre sort. Vous ressortez de ce week-end plein d’amour et de reconnaissance pour vos enfants, et d’auto-admiration pour votre teint reposé (vs. les visages en papier crépon / cheveux de paille hirsutes de vos copines mères récentes). Vous comprenez alors  l’expression « chacun voit midi a sa porte »…

7. Vous faites des économies

Au-delà du fait que vous pouvez tout pécho en format familial, le fait de se balader avec une dizaine d’enfants dans un marché ou, pire, un supermarché, vous fait paradoxalement acheter moins. Le temps d’en perdre un ou deux, de faire10 fois, hirsute encore, les allées, slalomant entre tomme de brebis, poules vivantes et olives aillées, de les retrouver agglutinés devant un distributeur de bubble-gums des années 60, attendant patiemment qu’un bonbon tombe par l’opération du Saint-Esprit, attrapé lesdits bambins sous vos bras, retraversé les allées, cherché, avec désespoir, le restant de votre communauté ayant effectué le même parcours que vous, et essuyé les regards menaçants des représentants du sexe mâle, excédés par cette très longue session courses, et bha vous n’avez quasiment rien acheté… Économique. En plus, le stress et vos courses effrénées vous auront fait griller plusieurs centaines de calories. Les enfants, c’est diététique.

8. La voiture, ça passe trop vite !

Voiture de loc = pas de siège-bébé, ou alors pas pré-accroché (c’est vrai qu’à ce prix-la, ce serait trop beau de bénéficier  de ce service grr…), et pas non plus de radio-cd digne de ce nom. Résultat, un chaleureux concert au volume crescendo donné par de jeunes chanteurs surexcités, tentant du même coup d’échapper aux bras de leurs parents au crâne défoncé, ignorant souverainement les regards noirs et menaçants du conducteur au bord du nervous break-down, ainsi que ses grandes tapes dans le vide, coincé qu’il est par la route à regarder. Un concert gratuit, donc, au cours duquel l’ennui ne peut vous gagner à aucun moment. Après, on aime ou on aime pas, question de goût… « abacoooo abacoooo a-BA-COOOOO AaAAaAaAaA BBBbAQAaAaAaA KEUUUuUuquq »

Bref, les vacances en smala, c’est vraiment le top ! Le tout, c’est de ne jamais se laisser dominer par la communauté des moins de dix ans. Leur surnombre, leur organisation, leur énergie et l’accès au pouvoir d’un leader parmi eux peut surprendre et, sans qu’ils s’en rendent compte, déstabiliser la société d’adultes affaiblis par le manque de sommeil ou l’excès de boissons. Heureusement, quelques jours au bureau leur permettront de recharger les batteries pour aborder efficacement les week-ends de mai puis les longues semaines estivales. Comme disait notre ami dominical Jacques Martin, les enfants sont formidables !

Autoreverse…

Le temps passe et passe et passe et beaucoup de choses ont changé…

Vous souvenez-vous de cette révolution technologique à la célébrité fugace et qui, pourtant, rendit perplexe une génération entière d’adeptes du magnétophone ? Autoreverse… Lu ce matin dans un Harlan Coben tenu à bout de doigts dans une ligne 13 bondée, le mot m’a balancée sans prévenir en plein revival eighties. Rappelez-vous…

Assis en tailleur sur votre lit une place équipé d’une toute nouvelle trouvaille du monde de la literie, entendez la couette, vous écoutiez avec concentration vos cassettes préférées grâce à votre magnétophone reçu à Noël. « Bad », « Entre gris clair et gris foncé », « Sauver l’amour », « Faith », « Babacar », vous déposiez en éventail vos cassettes au plastique usé avant de choisir l’ordre dans lequel vous les écouteriez. Puis, ayant inséré l’une d’elles dans le magnéto, vous vous empariez de la jaquette, laquelle était en fait un long papier habilement plié sur lequel, outre la photo de couverture, vous lisiez avec délectation toutes les paroles des chansons pendant que l’artiste chantait (« I’m bad. I’m bad. You know it. Han Han »). Malheureusement, après avoir déroulé une première fois le goodie en serpentin, il vous était ensuite absolument impossible de retrouver la manière dont le fabriquant avait bien pu le plier pour finalement parvenir à faire apparaître la couv sur le dessus (« une fois en dessus, une fois en dessous, le tout re-en-dessous. Et meeerde ! »). Un véritable casse-tête, un peu comme les plans des villes qu’on visite.

Ca, c’était quand vous aviez acheté le vrai album, à la Fnac ou chez le disquaire (ou encore que vous l’aviez emprunté à la discothèque municipale). Oui, ça se faisait pas mal, à l’époque, de donner de l’argent à l’artiste, justement pour avoir ces paroles, parce qu’on n’avait pas Internet et qu’on ne comprenait rien à l’anglais. Et pourtant, grâce au « double radio-cassette », il était néanmoins facile de s’en faire copier une par un copain de classe. Mais on était comme ça, nous, dans les eighties, des défenseurs du droit d’auteur.

Après le morceau 6 ou 7, si vous aviez commencé une autre activité telle qu’écrire dans votre journal intime fermé par un cadenas dont votre petite sœur avait mangé la clé ou encore commencé un Roal Dahl en Folio Junior, vous deviez vous relever pour changer la cassette de face. Mettre la face B, quoi. Bha ouais.

Jusqu’au jour où… l’autoreversing a débarqué. Vous n’en avez pas cru vos oreilles quand vous avez voyagé pour la première fois dans la nouvelle Fiat Panda de votre père et que, sans vous en rendre compte, le radio-cassette de celle-ci est allé sans demander son reste jusqu’à la 11 de « Ainsi soit je ». Bha ça alors ! « C’est autoreverse », qu’il a dit, votre père. « Il change la cassette de face tout seul ». Mais nan…

Aujourd’hui encore, et bien qu’on vous ait expliqué que l’appareil lisait, en quelque sorte, la bande à l’envers et ne retournait pas de l’intérieur, dans ce tout petit habitacle, la cassette comme vous l’aviez envisagé au départ, vous restez incrédule et admiratif devant un tel miracle de technologie, lequel aura connu une gloire éclair, rapidement balayée par un tsunami de révolutions technologiques. RIP autoreverse.

Ainsi soit je, ainsi sois tu, ainsi soit-il…

Premier restau : qui paye ?

Les femmes votent, les femmes travaillent, les femmes conduisent, les femmes ont des postes à responsabilité, les femmes couchent juste par plaisir, les femmes se payent des escort boys, les femmes débriefent leurs sex-partys, les femmes ne rappellent pas le lendemain, bref, les femmes ont acquis la parité dans pas mal de domaines, même les plus chasse-gardée, mais les femmes sont paradoxales…

Je m’explique : hier soir, au détour d’une conversation sur le premier rancard, et donc fort souvent synonyme de premier restau, les demoiselles en ma compagnie se sont retrouvées sur un point crucial : ce serait à l’homme de payer cette étape ancestrale.  OBLIGÉ ! qu’elles disaient ! Et que celles qui pensent le contraire jettent la première Visa aux autres. Ainsi, et même s’il semble évident que c’est au monsieur de régler cette addition-là, deux écoles s’opposent quant à l’attitude à adopter :

1/ La franche du collier, qui consiste à ne pas bouger le moindre orteil lorsque le garçon s’amène avec la note (lequel, tradition oblige, déposera élégamment le ticket plié en face de Sexe Mâle), voire à regarder partout sauf vers le fatal papier, comme feignant de ne pas avoir entendu un pet sonore (hein ? quoi ? l’addition ?) avant de se fendre, minaudeuse, d’un large sourire et de remercier chaleureusement le jeune homme, comme réveillée d’un coup d’un long sommeil (hein ? quoi ? l’addition ?).

2/ La seconde technique, fourbe à souhait, consiste à tendre la main vers son sac, voire de s’emparer de son petit portefeuille Hello Kittie puis, si l’Homme n’a pas encore, à ce stade, arrêté d’une main virile le geste d’un « Il n’en est pas question ! » chevaleresque, d’en sortir misérablement sa CB Electron, celle des djeun’s et des interdits de découverts, et de la tendre au serveur dans l’espoir incessant que l’Homme s’interpose avant que les 50€ encore disponibles sur le compte ne soient définitivement engloutis, et notre vie avec.

Certains mecs opportunément autoproclamés « modernes » voire « féministes »  accepteront avec bienveillance de laisser à la femme le plaisir délicieux de s’acquitter de ladite addition. J’entends d’ici les cris d’offrais poussés par les gardiennes des droits des femmes. Et pourtant, de même que l’on appréciera toujours de se faire tenir la porte ou porter sa valise, laquelle d’entre nous n’aurait pas un goût amer après avoir mychkinement tapé ses quatre pauvres petits chiffres de code secret devant une serveuse au regard empreint de pitié, voire de mépris, et le visage soulagé d’un chevalier servant au désir non encore assouvi ?

Qui plus est, et cette règle tient à être rappelée, si le fameux chevalier a lui-même choisi le restau, et donc calibré le budget en fonction du sien, c’est à lui de raquer. Idem pour les déjeuners d’affaire : c’est à celui qui trouve génial d’aller bouffer chez Georges en terrasse ou d’essayer le nouveau Robuchon d’inviter. Non mais ! Et comme c’est au mec de rappeler (OUI ! C’EST AU MEC DE RAPPELER on va quand même pas revenir sur tout, hein !), c’est ainsi à lui de proposer le premier restau, et donc à lui aussi de verser la dîme et la gabelle. CQFD.

« Dans le geste de “sortir” sa carte de paiement ou ses billets, il y a une projection “éjaculatoire”. Et dans le fait d’accepter, pour la femme, il y a cette capacité à accueillir l’éjaculation », explique Catherine Blanc, sexothérapeute, dans un article de Psychologies. Et si s’acquitter du premier restau pour la femme n’était qu’une castration supplémentaire infligée par la guerrière du XXIe siècle à ce pauvre petit homme perdu dans la lutte des sexes ?

A mon sens, rien n’empêche la guerrière d’inviter son compagnon pour toutes les occasions suivantes si ça lui chante mais la première fois est hautement symbolique et le geste d’inviter sa belle illustre souvent la générosité (ou pas) dont pourra faire preuve l’Homme dans bien d’autres domaines autres que financier, y compris sexuels, par la suite. Et pour la gouverne de tous, Jenifer Lopez, qui sort actuellement avec un danseur prépubère désargenté du nom de Casper, a préféré lui verser une pension mensuelle afin qu’il puisse l’inviter avec sa p’tite carte bleue perso. A méditer.

Ca, c’est pour la génération X, qui tortille du cul. Les baby-boomers ne se posent pas la question et laissent tout naturellement môsieur payer mais que fait la Y ? Elle partage ? Quant aux personnes du même sexe envisageant d’avoir des relations sexuelles, comment gèrent-elles l’addition ? Avis aux lecteurs/lectrices désireux de témoigner…

« Moi parent, je ne ferai plus… »

Devenir parent, c’est merveilleux. On découvre l’amour inconditionnel, on s’esclaffe devant des blagounettes zozottées qui ne font rire que nous, on est couvert de bisous emmiettés, on se fait offrir des chouquettes à la boulangerie en poussant son enfant au pire des tapinages, on redécouvre les joies de la pâte à sel, des Playmobil et du multi-visionnage du même DVD (Némo, Cars ou Barbapapa) dont on finit par connaître les dialogues par coeur (« Han, et quand Barbouille il fait a Barbabelle… » : au boulot, la star de la machine a café, c’est nous !), et puis l’on acquiert un statut, on devient « quelqu’un », on est « Le Papa » ou « La Maman de Titi ». Mouais, c’est vrai, c’est top. Mais, amis célibataires ou concubins de longue date qui rongez votre frein en attendant désespérément que votre Keum vous demande en épousailles avant de vous engrosser pour que, vous aussi, puissiez boire de la Ricorée en famille au soleil le dimanche matin, je me dois de vous mettre en garde, voire même de vous pousser à reconsidérer l’urgence de votre envie frénétique de changement de vie, car il est des plaisirs orgasmiques qu’il vous faudra abandonner à tout JAMAIS lorsque le nain aura investi votre quotidien.

Quand aux autres, ceux qui ont déjà mis la Stan Smith dans l’engrenage, pleurez maintenant. Meuuuh, s’qu’elle dit, celle-là ? Listen to me, et on en reparle en fin d’article.

1/ Moi, parent, je ne lirai plus

Adieu matinées bénies où vous pouviez vous prélasser, un bon roman calé sur l’oreiller, passionné par l’intrigue haletante, sirotant sereinement un thé bien chaud posé n’importe où, sans peur de l’accident domestique. Allez hop faignasse, il est 7h, on bouge ses grosses fesses et on va se les cailler sur le carrelage de la cuisine à regarder, l’oeil torve, le biberon tourner dans le micro-ondes. Vachement plus cool, non ?

2/ Moi parent, je ne niquerai plus

J’exagère, disons je ne niquerai plus quand j’en ai envie. Non, je serai soumis aux rares créneaux que le mini-squatteur omni-présent aura bien voulu nous laisser dispos dans nos emplois du temps de ministre : « T’es dispo demain, entre 5h et 6h du matin ? Nan, bon bha on essaye de se croiser dimanche a l’heure de la sieste ? ». Nan mais sérieux levons le tabou, j’ai enfin compris pourquoi certaines mères deviennent hystériques avec le divin sommeil de leur rejeton, soufflant, écarlates, des CCccchuuuuuuut IL DORT comme si un serial killer se trouvait derrière la porte. En fait, c’est surtout leur pause syndicale à laquelle elles tiennent tant.

3/ Moi parent je ne mangerai plus de trucs compliqués

Non non, moi parent, en particulier d’enfant en très bas âge, j’appendrai a manger vite, froid, et de préférence d’une main, parce que l’autre me servira a couper des morceaux de poisson pané dans une assiette en plastique Barbapapa pendant qu’on renverse des verres d’eau tiède dans la mienne. Non je ne maigrira néanmoins pas car, à bout de nerfs et soumis aux fringales, j’engouffrerai par la suite et en dehors des repas une multitude de de confiseries diverses pour compenser.

4/ Moi parent je ne boirai plus

Enfin, avec modération, quoi, un peu comme tout. Gna gna gna. Il suffit de tenter une ou deux fois la compatibilité du programme : mélanges d’alcool+ coucher 5h avec carrelage cuisine/chauffage lait à 7h + courses au Monop + parc+ brunch familial pour se muer naturellement, mais avec du dégoût pour soi-même, en ces fameuses et abjectes personnes qui, à 1 h çà peine, disent : « j’vais y aller, hein, chus crevé, épi demain avec le p’tit, ‘fin tu sais… », suivi d’un clin d’oeil complice a l’hôte soûlé. Moi parent, je deviendrai rabaj.

5/ Moi parent je j’irai plus au cinéma

Ou plutôt si, j’irai tous les trois mois, en mode « sortie de l’année », apres avoir checké auprès de proches, de nombreux médias, blogs et forums, le bien-fondé du choix du film, puis réservé mes places à l’avance en payant 1 euro de frais de dossier pour être sûr de pas me faire recaler à la séance parce que j’ai pris une baby-sitter bookée une semaine à l’avance pour le grand événement. Moi parent, je débourserai pour cette modeste « sortie » 10×2 (places ciné) + 25×2 (p’tit restau, soyons pas rat) + 4×8 (nounou) = 102 euros (104 avec mles frais de dossier). Moi parent je trouve que la VOD et même les locs payantes sur iTunes c’est pas reuch en fait.

6/ Moi parent je ne prendrai plus d’apéro improvisés

Non, quand on m’envoie un texto a 19h pour me demander si ça me dirait de me la coller à la Palette en terrasse et que bha grave, eh bien moi parent je saurai que je n’ai d’autre choix que celui de rentrer car je n’ai pas prévu de baby, puisque cette proposition est imprévu. CQFD. Moi parent je m’enverrai une bière en scred’, seule, sur les carreaux froids de ma cuisine.

7/ Moi parent je ne fumerai plus dans mon salon

Non, j’enfilerai, l’hiver, doudoune et bottes fourrées avant de m’agripper au pan de la fenêtre, tentant désespérément de détourner le courant naturel de la fumée de ma clope qui, comme par hasard, se dirigera exprès vers la jeune personne aux poumons moletonnés. Quant à mes amis célibataires, ils préfèreront se la coller a la Palette plutôt que d’avoir a subir le même sort. Moi parent je serai un Inuit en appart.

8/ Moi parent je ne ferai plus de shopping le week-end

Sauf si l’on considère que choisir entre une guimauve et une gaufre au sucre glace s’apparente a un choix esthétique tel qu’on puisse appeler ça du shopping, je laisserai effectivement tomber les queues aux cabines d’essayage, les heures à essayer des ombres a paupière dans l’étuve réconfortante d’un Sephora et même, pire, je ne foutrai  plus jamais un doigt de pied (non manucuré, of course) dans un magasin de déco (je touche, je casse, je paye)…

9/ Moi parent je ne dormirai plus

Et je comprendrai enfin pourquoi mes propres parents étaient toujours « crevés », tenant le sommeil en haute estime, interdisant à tout individu âgé de plus de 3 ans de faire le moindre bruit de respiration avant 9h (grasse mat’ !!). Simplement parce que mes parents, comme moi, n’avaient pas dormi depuis 1000 jours. Les pauvres…

Alors, amis celibs et autres couples sans enfants, sachez que, comme dirait l’inspirateur de cette longue et redondante tirade, rien n’est « normal », ou plutôt pareil quand on est parent puisque les conditions sont exceptionnelles. La fonction de parent est une fonction exceptionnelle, qu’il convient d’assumer, bien entendu, avec tout le respect qui lui est dû. Votre quotidien traversera une crise majeure, en tous cas pour votre premier mandat. Alors, avant d’abandonner toutes les libertés offertes au citoyen lambda, et d’endosser l’habit officiel de « parent de la République », kiffez bien. Les autres, bons quinquennats (doubles voir triples), et si ce papier vous a plu, votez pour lui !

Ce jour où la babysitter se rend compte que vous n’êtes pas de vrais adultes…

Toute ressemblance avec des personnages existants est totalement fortuite. Quant aux situations, elles ont été exagérées dans un soucis scénaristico-humoristique évident. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé.

La baby-sitter est l’une de ces abjectes personnes qui vous font prendre conscience plus que quiconque de votre âge canonique. Déjà, parce que lorsque vous la bookez, elle vous colle du « madame » partout en sms (Ho, Adèle, on a le même prénom. Sérieux me fais pas ça ! Oui, ma baby-sitter s’appelle Adèle. Bref), mais aussi parce que son regard… est le pire des miroirs. Et que lorsqu’elle consent à vous appeler par votre prénom ou vous tutoyer, elle semble toujours le faire avec des guillemets…

Cas pratique :

20h30 : Adèle arrive. Driiiiing !

–          Bonjour MADAME !

Pimpante, le visage plus tendu qu’un tam-tam, Adèle semble avoir à peine douze ans. Bizarre, quand vous étiez enfant, les baby-sitters vous paraissaient si vieiiiiilles ! Moins que votre mère, mais vieilles quand même.

–          Je peux avoir le code du Wifi s’il VOUS plaît ?

–          Oui, bien sûr ! Keum va VOUS le donner (vlan, à vouvoiement vouvoiement et demi). Titi, tu dis bonjour à Adèle ?

Titi fait semblant de pas savoir que vous alliez sortir, alors que vous vous agitez dans tous les sens depuis une heure en HUUUUURLANT que vous êtes CHEUM, le bousculant, lui brûlant la tête au sèche-cheveux, le traînant sur le sol alors qu’il vous suit comme votre ombre, accroché à votre collant filé comme un koala à son arbre, prenant un malin plaisir à essayer vos Louboutins avec ses pieds en-chausson-chausettonnés, puis à parader gaiement votre nouveau haut autour du cou tout en finissant sa Pom’Pot (ploc !).

Oups…

–          HA NON ! PAADEELE ! PAADEEELE !

–          Hihi, mais si, voyons, Adèle va aller te lire « Caca Boudin » (best-seller pour les enfants ndlr) dans ta chambre ! Hein Adèle ? (regard autoritaire)

Adèle est soûlée parce que, pendant les deux premières années de vie de Titi, elle ne l’a pas vu. Lorsqu’elle arrivait à 20h30, il dormait déjà. En gros, son travail consistait à tchater avec ses copines devant la télé à 8 euros de l’heure (oui, on donne 8. No comment). Now, c’est FINI Adèle la Sauterelle (autre best-seller pour enfants). Tu vas faire le sale boulot. Sourire crispé, elle commence :

–          C’était un petit lapin qui ne savait dire qu’une chose… CACA BOUDIN !

–          CACA BOUDIIIIIIIIN ! CACA BOUDIIIIIN !

Pendant ce temps, vous tentez péniblement de plâtrer votre visage parcheminé par les ans, et de ne pas vous sentir ridicule dans ces vêtements dont vous vous rendez compte qu’ils sont peu ou prou les mêmes qu’Adèle (en plus cher et moins bien portés). Là, vous vous remémorez qu’à l’époque, votre mère ne s’habillait pas DU TOUT comme la baby-sitter… Trop tard pour philosopher, vous appliquez une dernière couche de rouge vermillon sur vos lèvres sèches, attrapez  par le bras Keum, qui balance à Adèle tous les mots de vocabulaire « jeune » qu’il connaît (« grave », « chanmé », « et la Fac, ça roule ? » CA… ROULE ?! « Tu veux que je te trouve un stage dans la finance ? J’ai pas mal de contacts… » Pfft bon allez on y go !).

–          Bon, Adèle, prenez ce que vous voulez dans le frigidaire (mais pas la buratta pitié !) et surtout couchez-le tard ! (parents indignes, alors que vous savez très bien que coucher tard => lever tard n’est absolument pas une science exacte, vous la tentez malgré tout). Je vous envoie un texto quand on part de la soirée.

Dignes, parfumés à l’excès, clinquants, l’étiquette de vos nouveaux vêtements (achetés exprès pour ce qui, devons-nous l’avouer, est un peu pour vous la soirée de l’année) apparente, Keum et vous partez fêter les 35 ans d’un de vos meilleurs amis. Un samedi soir. Oui, comme les ploucs. Pour Adèle, vous êtes un couple de vrais gens, d’adultes, de papamamans, avec des métiers, des salaires, des factures EDF payées par virement bancaire, des assurances-auto et des parents à la retraite.

–          Vous me direz si vous rentrez avant 2h, comme ça je sortirai après ! lance Adèle à la volée.

Après ? Après 2h ?! Y’a des gens qui font ça ?

Oui, vous, il y a 4 ans à peine…

Vous partez rapidos, parce que le compteur d’Adèle a déjà commencé à tourné il y a un petit bout de temps.

[Interlude soirée

***** Pour un debrief détaillé de la soirée, merci de vous acquitter du forfait Debrief VIP****

*** Version light pour les raclures ***

Bonsoir – champagne – oh salut t’es là – champagne – bon anniversaiiiire Vincent ! – vin blanc (plus de champagne) – on va danser ? – vin rouge (plus de vin blanc) – dédèèè ba au collège Marcel Aymééé ? – vodka pomme – Vooon Anniberzèèèère Bincent ! – Vodka Jet – « Keum , faut rentrer il est 1h35 ! » – « Mais ggui êtes-vouuuuus ? » – « Bon ok on reste jusqu’à 42 » – Ouuééééé du champagne – 1h52 « Zalut Bincent je t’aiiiime mon poto zétait zuber ! » –  « T’as brévenu Adèle ? » ]

Retour maison

Dans le taxi :

–          Meeeerde, faut tirer de l’argent pour Adèle ! On lui doit combien ? Alors, 20h30, 21h30, 22h30… (toutes ces années d’étude pour compter sur vos doigts, que Keum regarde avec concentration en comptant silencieusement avec vous : un, deux, trois…). Non, attends, oh fait ch… avec cette demi-heure, là !

[parenthèse et ouverture de débat : en baby-sitting, toute heure entamée est-elle due ou compte-t-on en demi-heures ? Merci d’apporter vos contributions sous le post].

Donc, 20h30, 21h30… putain la prochaine fois on reste une demi-heure de plus ou on la fait venir à 21h ! Donc ça nous fait 5h30 à 8 euros de l’heure. Donc combien ?

–          Beuuu, auguuune idée !

–          Bien la peine de travailler dans la finance. Mmh 8×5 = 40 + 4 = 44€. Je vais pas lui filer 44 €, ça fait rat grave. Nan ?

[Tirage à la tirette… La tirette est du côté d’Adèle. Les tirettes font exprès, à une certaine heure, de ne distribuer que des gros billets. Le gang des baby-sitters a dû pirater les DABS pour qu’ils n’aient plus de petites coupures à partir de minuit.]

–          Haaaaan, ils m’ont filé un billet de 50 euros ! Je vais quand même pas lui demander de me rendre la monnaie ça fait radoche nan ? Nan ?

–          Mais viiile-lui les 50 !

–          Elle fait pas le report de minutes, Adèle ? On pourrait s’auto-créditer de 6 euros. 50 minutes de baby-sitting gratos pour la prochaine fois. Nan ?

–          Radine.

–          Poivrot.

Le taxi : 22 !

Quoi 22 ? 22 euros ! Pas de monnaie, pas de bonjour, pas d’au revoir, pas de sourire et regard suspicieux en prime comme si vous alliez vomir dans son épave. (« Zédunépave !», répète Keum en boucle, assez fort pour que le chauffeur vous haïsse. Peur qu’il vous emmène en forêt de Rambouillet pour vous violer et vous découper en morceaux).

2h01, devant votre porte : Putain ch… **$^=)’àçéiueoéu , où est ce p… de trou de serrure ? L’ont enlevé ! On bourra plus jamais rentrer chez nous !

Keum, défaitiste, préfère s’asseoir, puis s’allonger sur le paillasson, parfaitement résigné à vivre sur ce sol piquant (très piquant, surtout pour son visage, visiblement !), abandonnant son fils à une quasi inconnue de 20 ans fan de twitter et de Norman fait des vidéos.

–          Ménan, on va bien vinir par le trouver ! ADELE ! ADELE ! Je vé l’appeler !

Au bout de trois sonneries, vous entendez une porte s’ouvrir. Mais c’est celle des voisins du dessus. Meeerde on a réveillé lévoizins. Vous gloussez seule (rhirhirhi), car Keum ronfle.

–          Madame ?

Tiens, la voisine du dessus a la même voix qu’Adèle.

A moins que… KEUM ! On n’a pas de labrador dessiné sur notre paillasson, si ? Hein ?


Mon 06 a 15 ans…

J’ai récemment dû contacter une nouvelle baby-sitter (mais je reviendrai plus tard sur ce point crucial) et fus absolument consternée au moment de composer son numéro pour lui envoyer un texto (oui, de nos jours, on envoie des textos aux baby-sitters, c’est hyper pratique et ça évite de se parler des plombes alors qu’on n’a rien à se dire). La raison de ma déroute soudaine ? Son numéro commençait par… 07 !

Ah ok, ça y est ! Déjà que mon fils pourra me dire sans rire que je suis née au siècle précédent (concept angoissant, hein ?), en plus j’aurai donc bientôt un numéro de portable suranné, daté, old school, qui affichera clairement mon âge plus surement encore qu’une Game Boy cachée dans un tiroir. Cette abominable prise de conscience m’a nostalgiquement amenée à me poser cette question, que vous vous poserez simultanément à la lecture de ces lignes : quelle âge à mon 06 (je dis 06 pour faire jeune mais en vrai, je dis « numéro de portable », comme je dis « message écrit » et pas « SMS » ni « texto », ou encore « appel en absence » et pas « appel manqué », formation initiale Nokia oblige) ?

Horreur, après calcul et recalculs désespérés (mais nan c’est pas POSSIBLE ! Le temps passe blablabla à une vitesse blibli eurk je vomis), la soustraction compliquée 2012 – 1996 = 16 ans s’est révélée exacte ! Seize ans ! 8 fois l’âge de mon fils, 3 ans de moins que Justin Bieber, bref la durée de carrière de Claude François. Je meurs ! En plus, comme vous tous, j’ai toujours refusé de changer de numéro ! Pourquoi ? Avouons-le nous, nous avons encore aujourd’hui ce réflexe post-ado : la peur de rater un appel important (du genre… et si le mec que vous aviez galoché en 1998 sur les planches de Cannes pour fêter la victoire des Bleus se décidait AUJOURD’HUI à vous rappeler hein ? Et que vous aviez changé de numéro HEIN ? Et bha il se passerait quoi ? Je vous le demande ! Oui, rien, mais bon, ON SAIT JAMAIS…).

Heureusement, après l’acquisition d’un superbe Alcatel Ola jaune one touch easy (youpi !)

[pause pour visualisation]

[reprise] que je me suis très opportunément fait voler à l’Hippopotamus de la Place de Clichy, j’ai hérité du Nokia (alors que je rêvais d’un Startac) de ma mère, qui m’a légué du même coup son 06 (ouais, mon 06 j’en ai hérité !) et son PIN qui, je m’en rends compte, a lui aussi 16 ans (quant au PUC je l’ai oublié, comme tout le monde)…

Motorola RAZR rose fluo, Nokia N95, Blackberry, iPhone… Ils sont nombreux à avoir défilé dans ma vie, attendu fébrilement coups de fil, textos, messages, mails, enduré des passages à tabac d’une violence inouïe ou des insultes injustifiées (« Mais SONNE CONARD ! »), des nuits sous l’oreiller (AU CAS OU…), des éteignages 10 minutes-rallumages-réteignages de rage (une légende urbaine racontait que ça faisait rappeler les mecs), des bains dans les toilettes en fin de soirée avinée après avoir été oubliés dans une poche arrière de jean, des brushings au sèche-cheveux sous les néons blafard de la salle de bain parentale de cette même soirée piscine-cuvette…

Et pourtant…

Le temps passe, les portables changent mais mon 06 reste.

Mademoiselle, Madame ? Le moment où ça bascule…

Traditionnellement, on fait en France la différence entre la femme non mariée (la demoiselle), et celle qui a quitté le marché, la dame. Autant dire la pucelle et la déflorée. Aujourd’hui, on se marie de moins en moins, et il n’est pas rare (haaaan) que certaines demoiselles aient malgré tout vu le loup un certain nombre de fois avant de se marier (ou pas). Donc la question se pose : à quel moment devient-on une dame (pour les inconnus, les commerçants, disons).
Réfléchissez : hier encore, quand vous alliez enchaîner les pintes avec vos copines en gloussant, les serveurs vous tutoyaient joyeusement, vous donnaient du « mesdemoiselles » et prenaient même quelques libertés comme vous jeter votre sac à main au visage parce qu’il les empêchait de circuler, ou encore vous imposaient de les régler à chaque nouveau verre commandé sous prétexte d’un « changement de service » de peur que vous ne fassiez un café-basket, faute d’argent, tellement vous étiez jeune et pauvre (et en basket, parce que vous n’aviez pas encore de « réunion client »).
Aujourd’hui, quelques années plus tard (si peu), vous avez rendez-vous avec la même copine, dans le même café… et pourtant…

Vous cherchez des yeux votre serveur préféré, Fredo l’alcoolo, que vous dragouilliez toutes en fin de soirée pour fumer à l’intérieur. « Fredo, il a deux enfants et il travaille au LCL », vous informe-t-on dans votre café, maintenant tenu par des Chinois. Quant au nouveau serveur, il ne vous regarde pas dans les yeux (même pas dans le cul Lulu) et vous demande d’un air lassé, le regard dans le vide : « Et pour mesdames, ce sera ? ». Votre boulangère ? Pareil ! « Bonjour madame, qu’est-ce que vous prendrez madame ? Au revoir madame ! » Et à chaque fois vous entendez : « Bonjour Vieille, qu’est-ce que vous prendrez, Vieille ? Au revoir, Vieille (et moche). », avec l’abominable impression d’être dans un mauvais thriller où  l’on vous aurait volé votre identité ou fait dormir plusieurs années sans que vous puissiez vous rappeler de rien (« Non, vous faites erreur ! Je ne suis pas cette personne ! Je ne suis pas une dame ! C’est un énorme malentendu ! hier encore je fumais des Chesterfield 25 au café en séchant les cours d’espagnol ! »)
Mais non, tout ceci est bien réel. Et ne nous voilons pas la face. Si, après une période de flottement aux alentours de trente ans, où l’on vous appelait, selon que vous étiez en Air Max-Rayban fluos ou costume de pingouin pour rendez-vous professionnel, Mademoiselle ou Madame, aujourd’hui,  un anecdotique « mademoiselle » illumine votre journée tel un bouquet anonyme reçu au bureau ou une erreur de la banque en votre faveur.
Certaines argueront qu’en présence de leurs enfants ou l’alliance bien visible, le « madame » s’impose. Ca ne compte pas, évidemment ! Il s’agit de tester l’image qu’un inconnu aura de vous « à nue ». Et si le « madame » n’est pas fonction du nombre de ridules venues décorer votre beau visage défraîchi par ces fameuses soirées à enchaîner les pintes et les clopes à l’intérieur grâce à Fredo l’alcoolo, il semble en fait s’imposer lorsque vous-même imposez… le RESPECT.

Eh oui, c’est pour ça que, quand on vous appelle madame, vous avez l’impression que votre mère a surgi derrière vous sans prévenir. Peu à peu, les petits jeunes n’osent plus vous siffler (même si vous continuez à baisser la tête par anticipation… pour rien ! Si parfois, pour vous taxer une clope style : « Oh MADAME, zauriez une clope siouplé, sauf vot’respect hein ! »), les serveurs n’osent plus vous draguer, vos stagiaires (nés en 1995) vous tutoyer, votre voisin vous engueuler… Etre une madame, c’est la loose totale. Heureusement qu’il reste les ouvriers.
Ca tombe bien, dans ma rue, ça fait deux ans qu’il y a des travaux. La seule différence, c’est qu’avant, j’accélérais le pas quand « tss tsss charmante ! » et qu’aujourd’hui, c’est limite si je m’arrêterais pas pour taper la discute (« Oh merci, c’est vraiment gentil ! Non vraiment, je le pense ! Non parce que j’ai l’impression que les gens n’osent pas m’aborder alors que blablabla……… »).

Il y a deux semaines, à la caisse du cinéma Pathé Wepler, on m’a demandé si j’avais le tarif étudiant. C’était le vendredi 16 mars 2012, et ça reste le plus beau jour de ma vie.