
Depuis l’ouverture de ce blog, j’attends le bon moment pour faire mon ode à Denis. N’y tenant plus, c’est à l’aube de ce quatrième épisode de « La revanche des héros » que je tiens à expliquer au monde entier en quoi Denis Brogniart reste le plus fascinant des « présentateurs » de télé-réalité.
Le paradoxe
Brogniart est l’allégorie même de tout ce que Koh Lanta contient de paradoxal dans le paysage de ce que l’on appelle uniformément « télé-réalité« . Car quels rapports reste-t-il encore entre cette compétition où esprit sportif, dépassement de soi, stratégies et adaptation en société guident le déroulement et un programme tel que « Les Anges de la télé-réalité« , par exemple ? Quasiment aucun, si ce n’est qu’on y suit des inconnus ayant accepté d’apparaitre à l’écran. De même, l’analogie entre Brogniart et un Castaldi est peu ou prou le même qu’entre un dîner dans un restau gastro et un bon Mac Do devant la télé (à savoir que j’adore le Mac Do, hein !). Delormeau se situerait plutôt du côté du Kebab mais c’est une autre histoire…
Déjà, rappelons que Denis est un « vrai journaliste ». Formé à l’IPJ après une licence d’EPS (de prof de sport, quoi), Denis avait déjà le CV idéal pour présenter Koh-Lanta. Son rêve ? Devenir journaliste sportif. Il est aujourd’hui exaucé puisqu’il présente entre autre les grands prix sur TF1 mais ça, c’est ses petites affaires, je ne m’en mêle pas (Vrouuuuuuuum).
L’Homme aux 1000 treillis
Non, ce qui m’intéresse chez Denis c’est sa manière très personnelle de présenter Koh-Lanta, qui constitue en grande partie le succès et la longévité de l’émission. Véritable chef d’orchestre du programme, vous ne vous en êtes peut-être pas rendu compte mais Denis est partout. Déjà, et c’est important, l’homme aux 1000 treillis teste les épreuves (en particulier celles qui se déroulent sous l’eau houuuu mais il ne fait pas de brushing, Denis, donc il s’en fout). C’est certainement pour cette raison qu’il est le seul à en comprendre les règles avant de les avoir visualisées en cas pratique (je suis aujourd’hui encore incapable de rester concentrée jusqu’à la fin de l’explication : Un par un, vous allez devoir plonger dans ce hamac sous-marin. Là, vous vous enroulerez dans la nacelle avant de plonger pour récupérer la pierre noire contenue dans un coffre dont la clé a été cachée sous un poisson vert ! Une fois la pierre noire récupérée, vous devrez vous libérer de vos liens, vous hisser dans la barque remplie de sable que vous voyez sous les flammes au loin…. Zzzzzzzzzz « MERDE j’ai rien suivi il faut faire quoi ?? »).
L’arbitre incorruptible
Véritable Monsieur Loyal et arbitre sportif de la compétition, Denis tient son rôle avec sérieux puisqu’il ne sourit jamais (sisi, vous regarderez. Il esquisse des petites moues sympatoches sur le prime de la Finale mais sur le terrain nope niet nada wallou ! Denis ne voudrait pas qu’on lui reproche un quelconque traitement de faveur ou préférence pour un candidat et son impassibilité éprouvée après plus d’une décennie de programme fait qu’il parvient, tel les gardes de Buckingham Palace, à rester parfaitement imperturbable face à toute scène, la plus ubuesque soit-elle). La gestuelle suit. Lors du lancement des épreuves de confort comme d’immunité, Denis place très souvent ses mains en imposition, bouts de doigts contre bouts de doigts, fouettant l’air dans un mouvement de balancier, ou encore pouce contre index, doigts en éventail, et la régularité et la constance de leur déploiement (au-dessus de la tête, ou doigt subitement pointé vers l’épreuve) donnent à son discours des allures de prêche. Denis s’efface, Denis n’est là que pour tenir le sifflet. On me voit on me voit pas.
Le sadique
En revanche, lors des feux de camp, l’arbitre se fait parfois – souvent – sadique. Et c’est si bon ! Se plaisant à déterrer les haches de guerre en piquant là où ça fait mal comme un sale gosse, Denis lance alors des engueulades légendaires l’air de ne pas y toucher (à Francis, qui vient de méchamment se viander et faire perdre à son équipe l’épreuve d’immunité : J’ai envie de parler, plus que de défaite, de raclée. Francis, avez-vous eu l’impression d’être ridicule ?, dit avec cet éternel visage impassible d’enfant sage que maintient une chemisette baroudeur multi-poche). On se prend à imaginer Denis, confortablement allongé sur le lit de sa chambre d’hôtel, boulottant avec gourmandise les spécialités locales dont rêvent jour et nuit les candidats, ordi posé sur les genoux (gaffe de pas le tâcher avec tes brochettes, Denis !), ricanant devant Patrick cachant son collier d’immunité dans son moule-burnes ou se frottant les mains avec sadisme en assistant à une énième trahison fomentée pour le prochain feu de camp nocturne.
The Boss
Parfois, Denis décide de changer les règles. Bha ouais, Denis is the boss, donc Denis fait ce qu’il veut. Par exemple, après une épreuve d’immunité bien hardcore où les candidats épuisés terminent trempés puis roulés dans le sable en mode poisson pané, Denis peut tout à fait décider (dans ces cas-là, il tonne un autoritaire et sexy « J’AI décidé ») que le changement, c’est maintenant. Chez moi, on appelle ça une « règle à la Denis », ce qui consiste à changer les règles en toute impunité. Savoureux ! Panique à bord, les candidats ne savent alors pas pour qui voter (un peu comme les Français ou 1er tour de la Présidentielle mais bon là ils étaient prévenus), ne peuvent pas se concerter et Denis jubile (silencieusement) le ventre plein, assistant du haut de son mètre quatre-vingt-treize à l’effondrement de tactiques avortées dans l’œuf par le grand Manitou de la survie. Mon plus grand plaisir personnel de spectatrice du sadisme de Denis remonte à son époque Fear Factor lorsque, pour une épreuve de « nourriture », les candidats avaient dû choisir 3 ingrédients du type couilles de taureau + œil de poisson + entrailles de chouette (pas sûre que les chouettes aient des entrailles mais bon…) que Denis mettait avec le plus grand naturel dans un blender avant de placer lentement sa main au-dessus du bouton. Là, il marquait un temps d’arrêt… avant d’appuyer puis de secouer délicatement et consciencieusement le contenu pour en enlever les grumeaux, puis de verser le tout dans un immense verre à milk-shake et de le tendre poliment…
Le conteur
Enfin, et c’est lorsque vous découvrez ce style inimitable que vous tombez définitivement sous le charme du maître du conte, Denis fait toutes les voix off (c’est d’ailleurs ainsi qu’il a commencé sur Koh, avant d’en prendre complètement les rennes). Grâce aux célèbres textes au style inimitable de Corinne Vaillant , la réalisatrice de l’émission (pour info, Denis signe lui-même les textes d’explication des épreuves ainsi que ceux des feux de camp), Denis parvient à tenir en haleine 8 millions de téléspectateurs de toutes catégories sociaux-professionnelles en scandant élégamment, dans un style châtié, limite désuet, et dans un phrasé si personnel des commentaires apparemment distancés auxquels il est parvenu à imprimer son identité. Et ça, c’est vraiment Denis (Tous se jettent voluptueusement dans cette boue onctueuse, dit dans une émission dite de télé-réalité, c’est vraiment du Baudelaire sur le petit écran et ça fait du bien !)
En conclusion de ce billet de stalkeuse, j’emprunterai, si elle le permet, sa plume à Corinne Vaillant pour rendre un dernier hommage à notre ami bouclé (qui, pour ceux qui me le rétorqueraient, est à Stéphane Rotenberg ce qu’Ardisson est à Fogiel : un créateur versus un sympathique repreneur de bail) :
Denis ! Présentateur de Koh-Lanta depuis maintenant plus de 13 ans et très tôt passionné par le sport, ce jeune homme doué et volontaire rejoint les bancs de la faculté avec une seule idée en tête : devenir journaliste sportif ! Mission accomplie ! Aujourd’hui, ce dynamique papa de quatre enfants est un homme épanoui, fonceur et frondeur qui, sous des dehors impénétrables, cache un cœur tendre et fidèle. Arbitre des élégances dans un programme qui repose sur ses épaules affutées, Denis parcourt le monde et remet avec courage son titre en jeu à chaque nouvelle saison ! Cette année encore, les téléspectateurs encensent cet échalas au talent incontestable et leur sentence… est irrévocable !
[ouverture des petits papiers en PQ kraft ]
DENIS ! DENIS ! DENIS ! STEPHANE… DENIS !

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