Fabienne Lepic présidente !

Connaissez-vous Fabienne, la femme de Renaud, la maman de Soliiiine, Christophe, Charlotte et Lucas, la voisine de Denis et Valérie Bouley, bref la star incontestée de l’excellente et hilarante série « Fais pas ci fais pas ça » ? Si ça n’est pas le cas, décommandez tout ce que vous avez à faire le mercredi soir et plongez la tête la première dans le quotidien de cette supermaman supervénère et superattachante.

Voilà maintenant cinq saisons que Valérie Bonneton, ex-madame François Cluzet (l’homme qui déclara récemment à propos de sa nouvelle compagne « Je n’ai jamais été amoureux avant elle », raison pour laquelle depuis je le hais) campe avec talent le personnage de Fabienne Lepic. J’irais même plus loin en disant que Valérie Bonneton EST Fabienne Lepic, à tel point que, lorsqu’elle arriva aux derniers César ultra décolletée, ravissante poitrine quasi intégralement dévoilée aux professionnels de la professions, je m’étonnai tout d’abord de ne pas entendre la voix de son mari Renaud bafouiller « M’enfin Fabienne, faut pas te gêner ! ». « Fais pas ci fais pas ça », (j’en vois qui ricanent au fond, on sort !), c’est le quotidien de deux familles, l’une bobo, l’autre version Le Quesnoy déglingue, qui tentent sans y parvenir d’élever des enfants de 4 à 18 ans, chacun à leur façon, tout en maintenant un semblant de vie de couple et d’accomplissement professionnel. Bref, c’est nous. En tous cas plus moi que le mec de Bref, qui n’a pas d’enfants et traîne donc tranquilles en doudoune sans manches dans son appart craspec.

En cinq saisons et cinq années, les personnages se sont installés, ont grandi, évolué, et force est de constater que celui de Fabienne s’est tellement rapproché de la femme qu’on est, qu’on voudrait être ou qu’on a parfois honte d’être avant de penser à Fabienne et de se dire qu’elle aussi fait pareil, que son personnage-même est devenu une star, voire une marque. On ne dira bientôt plus « maman active », « digital mum » ou « maman débordée » mais « Fabienne Lepic ». Pour preuve, elle a désormais sa page Facebook, et les vidéos Youtube de ses meilleures répliques fleurisssent sur la toile. Chaque mercredi, les fans plébiscitent la nouvelle adjointe au mère de Sèvres (oui, de mère au foyer docile, Fabienne a repris une vie professionnelle et part même faire un voyage de trois semaines au Québec, laissant linge sale et problèmes adolescentes existentiels à son époux, le très anxieux numéro deux des robinetteries Binet).

La raison ? Fabienne Lepic, adepte d’une éducation stricte, voire old school, se laisse souvent déborder par ces ennuis quotidiens qui nous pourrissent toutes la vie, tournant en dérision, lors de scènes hilarantes, ce qui peut nous sembler tragique, à nous, avant que notre idole ne vienne dédramatiser la situation. Le meilleur moment restera pour moi celui où Fabienne décide, afin d’enrayer la mystère de la chaussette solitaire (le « monstre du Loch Ness » de la ménagère moderne), de coudre sur chaque paire un fil reliant les deux chaussettes et passant dans le dos comme on le fait avec les gants des enfants, ou encore ce spectacle de fin d’année où, déguisée en salade, elle slama devant les parents d’élève sur le tube « Ca m’éneeerve ! (Mon fils est persuadé que les poissons sont carrés) » (les fans s’en souviennent comme étant la scène originelle de l’émancipation de Fabienne Lepic). Fabienne s’énerve sans arrêt, pestant, soufflant, contre son grand qui ne remet pas le lait dans le frigo ou passe ses cours à se trifouiller les ongles avec un compas, la maîtresse, cette grosse CONNASSE, qui impose d’acheter un cahier 24×32 cm petits carreaux grand format alors que CA N’EXISTE PAS, huuuuurle sur tout le monde quand elle a une panne de réveil et fait boulotter à ses invités son fameux « fourzytou », soit les restes habilement accomodés puis gratinés afin d’en faire un succulent plat familial (qui n’a pas son fourzytou… à part le mec de « Bref » ?).

Lassée de se casser les orteils sur des jouets d’enfants, faire ses abducteurs en ramassant à longueur de journée les multiples objets jetés ici et là par une famille ingrate, voire à subitement éclater en sanglots parce que, acculée, elle se sentait « grosse, moche et inutile », notre Lynette Scavo nationale a finalement décidé de prendre le taureau par les cornes et a fini par retrouver un emploi (après quelques tentatives assez scabreuses) grâce auquel elle parvient encore, au quotidien, à étonner son mari, qu’elle soutient en parallèle quotidiennement depuis des décennies de son laborieux parcours pour enfin devenir numéro un de son entreprise qui le prend « pour un con ».

L’ascension de Fabienne Lepic, madame tout le monde trop rapidement rangée au rayon périmée des femmes aux foyer de plus de quarante ans, ne fait pourtant que commencer. Et comme dirait celle qui ne dédaignerait certainement pas d’être prise pour modèle par notre héroïne, quelque chose s’est levé qui ne s’arrêtera pas… Fabienne PRESIDENTE. Fabienne PRESIDENTE !!!

En attendant de pouvoir enfin donner notre voix à Fabienne, écoutons une nouvelle fois son hymne au combat contre la cantine. CA M’ENEEEERVE !!