« Thierry ou l’Optimisme », de « L’Amour est dans le pré »

De vieux souvenirs du lycée vous auront, par ce titre, rappelé les heures ennuyeuses à essayer de comprendre le pourquoi du comment de « Candide ou l’Optimisme » de Voltaire, petit opus un peu daté que la plupart d’entre nous ont dévoré en version « profil de l’œuvre » la veille de leur oral de bac Français.

Et pourtant, si nous avions pu prendre pour exemple illustré Thierry, le candidat star de la version actuelle de « L’Amour est dans le pré », peut-être aurions-nous mieux compris où l’ami Voltaire voulait nous emmener.

Thierry est agriculteur. Naïf et pur, Thierry est le candide du programme. Occupé par ses terres et l’éducation de sa fille, Thierry est veuf, simple et cherche l’amour, qu’il ne peut trouver dans ses contrées. Survient alors sa rencontre avec Annie (Cunégonde dans le récit de Voltaire), qui le conduira à effectuer un voyage initiatique hors de son Eden. Le récit de cette formation aura été celui du dernier épisode en date, dans lequel nous avons pu suivre notre héros à Sarcelles, fief de son aimée.

Thierry prend le RER

A l’aise chez sa promise comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, notre star du tracteur va pourtant de découvertes en découvertes  avec un enthousiasme et une curiosité qui feraient passer François Hollande pour un nazi. Arrivé dans la cuisine d’Annie, Thierry est tout coi. Les casseroles, elles z’ont pas de queues. « Chez nous, les casseroles elles ont des queues, c’est comme les bonhommes. ». Patiente, Annie fait découvrir à Candide les manches amovibles. Eh oui, on a tort de croire que notre monde est le meilleur des mondes possibles… Plus tard, le chien d’Annie se jette sur notre agriculteur avec entrain. « J’espaÿre tu vo m’asseptaÿ et tu vo po me mangaÿ le zizi d’main matin » (= « J’espère que tu vas m’accepter et que tu ne vas pas me manger le zizi demain matin »). On espère aussi ; la ville, c’est plein de dangers.

Le lendemain, le chien n’aura finalement pas mangé le zizi de Thierry. Et pourtant, notre homme semble bien ragaillardi (merci Annie), regonflé à bloc pour partir à la découverte de Sarcelles, la ville de notre ami DSK. Arrivé dans le RER, notre agriculteur apprend à utiliser un ticket de métro. Quant à sa blonde, elle crâne à mort avec son pass Navigo, histoire de lui en mettre plein la vue.  Eh bha le RER, Thierry, il va trouver ça « magique »… Prenez-en de la graine, usagers aigris des petits matins gris. Au marché de Sarcelles, Thierry est comme un gosse à Eurodisney : « Oh, des fruizessotiques ! » (il n’en a pas, en Normandie).  En plus, Thierry est plein de bons sentiments parce que, lorsque les équipes de M6 l’interviewent sur son voyage initiatique, il dit que ses amis l’avaient mis en garde contre la délinquance en banlieue parisienne et que finalement bha c’est tout le contraire ! Thierry président ! (d’ailleurs, on se souvient qu’au dernier salon de l’agriculture, notre candidat avait volé la vedette à François Hollande).

Quand Thierry meets Justine…

Autre star du programme : Justine, incarnation allégorique du Mal (Pangloss, dans le conte philosophique). Or, lors de leurs séjours respectifs à Paris, les deux protagonistes se sont fortuitement rencontrés sur un bateau-mouche. Comment ne pas voir dans cette scène la métaphore induite du duel entre le Bien et le Mal ? Gênée, le Mal avait déjà honte de se coltiner un bouseux en plein Paris mais l’apparition de notre Télémaque des temps modernes l’ébranlera encore davantage.  Vaincue, elle baissera sa garde sur Twitter pour la première fois, affichant son soutien au chouchou du public. HAHA, tremble, force du Mal.

Il faut cultiver son jardin

Envoyés par la prod à la montagne, Anne et Thierry ne sont alors qu’émerveillement, amour et foi en l’avenir. Près d’une rivière, Thierry s’écrie soudain : « Je mettrais pas mon zizi dedans hein passque HA HA lé tell’ment froide han que j’prefere y mett’ les pieds! », ponctuant les roucoulades par  ses légendaires saillies à caractère « brut de coffrage », comme les qualifiait récemment un internaute.

Il y a quelques semaines, Candide et Cunégonde se sont épousaillé en la commune de Ver, spoilant ainsi le bilan saisonnier de ce soir. De retour en terre originelle, notre homme a repris sa place dans le meilleur des mondes, enrichi de ces nouvelles expériences qui l’auront finalement amené à la simple conclusion qu’il faut cultiver notre jardin, opposant ainsi clairement l’activité aux discours inutiles, bien loin des rêves de l’Eldorado.

Bilan de cette septième saison ? Pour vivre heureux, vivons simplets.

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